Covid-19 : « des effets délétères » chez les jeunes

« Décompensations, tentatives de suicide, désespoirs en tous genres » : les effets de la crise du Covid-19 sur les jeunes, tels que décrits par les députées Sandrine Mörch (LREM) et Marie-George Buffet (PCF), sont alarmants. Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale qu’elles ont piloté sera publié ce mardi. « Les effets délétères du Covid et du confinement sur un grand nombre de jeunes sont bien là », souligne ce document que « Les Echos » se sont procuré.

Les députées ont mené quatre mois d’auditions et interrogé des jeunes de tous milieux. Leur rapport pose des chiffres sur le mal-être des jeunes : un jeune sur six a arrêté ses études, 30 % ont renoncé à l’accès aux soins, plus de 50 % sont inquiets pour leur santé mentale. Le rapport insiste sur ce dernier point. Des « signaux de détresse et de souffrance psychologique » sont apparus après la levée du premier confinement, même si les statistiques disponibles n’en rendent pas toujours compte.

Un jeune sur six a arrêté ses études

Le document cite les déclarations publiques de Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au CHU de Lille et vice-président du Groupement d’études et de prévention du suicide, relatives à « des propos et des conduites suicidaires exprimés de manière inédite par des jeunes de 10 à 25 ans et des soignants ». Ou encore un tableau de bord de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) de novembre dernier, selon lequel « les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques augmentent depuis août ». « Elles se situaient fin octobre à 3.600, contre 2.400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %. »

Du côté des étudiants, d’autres signaux sont alarmants . L’association Nightline, qui leur propose une permanence d’écoute de nuit gérée par des étudiants, a reçu 40 % d’appels en plus. Selon une enquête du Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d’anxiété après le premier confinement, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d’idées suicidaires. En septembre dernier, l’Observatoire de la vie étudiante avait aussi comptabilisé 31 % des étudiants ayant « présenté les signes d’une détresse psychologique ».

40 % d’appels en plus

Médecins, infirmières et psychologues scolaires « n’ont pas été associés et employés à la hauteur de ce qu’ils auraient pu apporter lors de la crise sanitaire », déplorent les auteurs du rapport parlementaire. Certains médecins auditionnés – il y avait en 2018 un médecin scolaire pour 12.572 élèves et la situation s’est aggravée depuis – ont évoqué « un sentiment d’abandon et d’inutilité ». Ils « n’ont pas été sollicités par leur institution ».

Un psychologue pour 30.000 étudiants

Les services de santé universitaire ont, eux, connu la « saturation ». Ils « ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale », affirme le rapport qui déplore qu’il n’y ait qu’un psychologue universitaire pour 29.882 étudiants ou un médecin de santé universitaire pour 15.813 étudiants.

Les parlementaires font 80 propositions, qui vont de l’adaptation des rythmes scolaires pour les jeunes adolescents au renforcement de l’attractivité des professions de santé scolaire et universitaire en passant par la création d’un observatoire national du décrochage scolaire ou encore l’intégration d’un pédopsychiatre et du Défenseur des enfants au Conseil scientifique pour « garantir la prise en compte des enjeux propres aux enfants et aux jeunes ».

Source : Les Echos

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