Crise sanitaire et intentions de vote : des Français divisés et sur la réserve, d’après un sondage pour l’association Bon Sens

L’association BonSens.org a commandé un grand sondage sur la gestion de la crise, la vaccination, le pass sanitaire, ainsi que sur les attitudes et intentions de votes de Français aux prochaines élections régionales, ainsi qu’aux présidentielles de 2022. L’enquête a été conduite du 14 au 17 mai 2021 sur un panel de 2000 Français.

En temps normal, les sondages utilisent des échantillons de 1000 personnes répartis selon la méthode des quotas, cependant augmenter le nombre de répondants permet des analyses bien plus fines. Le sondage a été mené par la société MISGroup.

Les résultats principaux

  • Sur la Covid, seul 10% des Français ont eu la Covid. Parmi ces 10%, 46% ont été soignés dont 75% avec du paracétamol, 23% avec des antibiotiques et 6% avec l’hydroxychloroquine.
  • Vaccination : 42% des Français ont répondu être vaccinés, 13% iront se faire vacciner dès que possible et 7% en ont l’intention.  Pour 20% c’est impensable ou n’en ont pas l’intention. Et 18% sont indécis.
  • Sur le Pass sanitaire 43% sont en faveur et 39% y sont opposés avec 18% indifférent. Les raisons principales pour ou contre ne sont pas liées au degré de risque médical de la personne.
  • Sur les degrés d’information, les Français ne semblent pas bien informés sur le vaccin , ou que les fabricants étaient au courant des effets secondaires. Il y a encore beaucoup de zones d’ombre dans l’information formant la base du consentement éclairé.
  • Sur les intentions de vote, le Rassemblement National recueille 20% des intentions de vote et Emmanuel Macron 11%. Le socle de vote du président semble s’être effrité puisque seul 29% qui ont voté pour lui en 2017 déclare qu’ils vont voter pour lui.

Un des membres du bureau de BonSens.org déclare : « l’objectif de ce sondage était de voir de manière indépendante le niveau de compréhension des français face à la crise sanitaire, la maladie elle-même, le vaccin et le pass vaccinal ». « Nous avons la volonté de continuer à faire ces sondages en mesurant les intentions des Français en fonction de leur degré d’information. On verra si les réponses restent les mêmes. »

Sur les intentions de votes

Dans le sondage, trois questions ont porté sur le vote des Français. La première porte sur le vote en 2017 afin d’étalonner les réponses. Sur l’échantillon, 32% déclarent avoir voté pour Emmanuel Macron lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017 et 20% pour Marine Le Pen (rappel du résultat final : 66,1% contre 33,9% des suffrages exprimés au second tour).

 

Quand on regarde les intentions de votes aux élections régionales et présidentielles de 2022, les tendances s’inversent. Le RN (Rassemblement national) emporte 18-20% des intentions et LREM (La République en marche), le parti d’Emmanuel Macron 10-11% des intentions de votes. On peut noter que les deux partis suivants sont LFI (La France insoumise) et LR (Les Républicains), tous deux à 5%.

A noter qu’entre 17 et 24% de l’échantillon ne souhaite pas répondre.

Transferts de votes

Un échantillon de 2000 personnes permet l’analyse du transfert des voix entre candidats ou partis.

En regardant parmi les personnes ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017, seuls 29% déclarent qu’ils voteront pour lui en 2022 – bien sur sous l’hypothèse qu’il se présente – car il a lui-même émis la possibilité de ne pas être en mesure de se présenter. Le point le plus flagrant est la perte de 30% de son électorat au profit des autres partis dont 6% à LFI, 5% au LR et 5% au RN. On note que 23% ne savent pas, et que 10% ne souhaitent pas répondre.

Quand on regarde le RN, la situation est différente : Marine le Pen a un taux de transformation de 74% – ce qui veut dire que 74% des votants exprimés en 2017 en sa faveur ont l’intention de voter pour elle ou son parti – et elle affiche une faible déperdition, à 11%. Et ceci malgré une très faible exposition médiatique durant la crise – le silence et le fait de ne pas prendre réellement parti sur l’évaluation de la gestion de la crise seraient donc le meilleur allié du RN ?

LREM a cependant un réservoir de non exprimés de 39% à ce stade – ce qui veut dire que bon nombre de partisans sont réservés. La gestion de la crise, les obligations vaccinales, la perte de libertés sont certaines des causes de cette réserve.

 

Covid et vous

Dans l’échantillon, seulement 10% ont eu le Covid, répartis sur les 12 derniers mois, avec 3% qui déclarent l’avoir eu il y a plus de 12 mois, donc au printemps dernier.

46% des 203 répondants ayant eu le Covid déclarent avoir été traités par un médecin; et 75% ont pris du paracétamol. Viennent ensuite les antibiotiques pour 23%, la vitamine D pour 16%. Seuls 6% ont pris de l’hydroxychloroquine. La stratégie de dissuasion de prescription de ce traitement qui a été utilisé à grande échelle en Inde ou dans d’autres pays semble donc avoir fonctionné. Certains médecins ou patients ont porté une plainte contre l’Ordre des médecins ou le gouvernement pour déni de soins et non-assistance à personne en danger.

Sur la crise sanitaire

Les Français sont très critiques de la gestion de la crise sanitaire, et 49% pensent que le gouvernement n’a pas bien géré la crise – seuls 20% évalue la gestion comme « bonne ou très bonne ». De manière générale, seuls 26% estiment que le gouvernement a bien informé sur les vaccins, 26% qu’il a tout fait pour trouver un traitement contre la covid, 27% qu’il a mis en place l’infrastructure médicale pour gérer la crise, 28% qu’il a tout fait pour soigner les Français. Un tiers des répondants pensent que le gouvernement a bien fait de suspendre l’hydroxychloroquine comme traitement. Et 67% sont d’accord pour dire que le confinement est une mesure efficace pour réduire la pandémie.

Sur l’utilité des masques à l’extérieur, 46% des répondants les pensent utiles.

Quand on regarde en fonction des intentions de votes, il y a une cristallisation puisque les personnes, qui estiment que le gouvernement a bien agi ont voté Macron en 2017, ou ont l’intention de voter pour lui en 2022.

À l’inverse, ceux qui n’ont pas l’intention de voter pour lui ou ont transféré leur intention de vote sont bien plus critiques de la gestion de la crise.

 

Information sur le virus et le vaccin

Depuis novembre 2020, et la déclaration du président sur la non-obligation vaccinale, le gouvernement est engagé dans une démarche accélérée de la vaccination contre la covid. Certaines questions du sondage portaient sur l’information sur le virus et la vaccination, afin d’évaluer la perception des Français à cet égard.

55% des Français pensent que les gens doivent se faire vacciner par solidarité envers les populations à risque – ceci confirme un des messages du gouvernement pour un effort collectif pour enrayer la dynamique de l’épidémie. En même temps, 42% des Français pensent que l’on doit se faire vacciner en fonction de la balance bénéfice-risque personnel – solidaires oui, mais il faut prendre en compte son risque individuel.

En allant plus loin dans l’évaluation, seuls 34% des personnes interrogées pensent que les gens doivent se faire vacciner pour suivre les recommandations du gouvernement – et 34% pensent l’inverse.

Quand on teste la notion de peur du virus ou de tomber malade, 45% déclarent ne pas en avoir peur.

59% des Français ne se sentent pas coupables de ne pas se faire vacciner. Ce n’est donc plus la peur de la maladie qui compte, mais le fait du regard des autres ou de ne pas contribuer à l’effort de solidarité.

Quand on mesure le degré d’information sur la maladie, seuls 17% des Français, donc une vraie minorité, répondent par l’affirmative quand on leur soumet que 1070 personnes de moins de 50 ans sont décédées du Covid. L’information sur la létalité de la maladie ne semble pas avoir bien circulé, par contre 69% évaluent correctement le fait que le virus tue plus les personnes âgées.

Sur la perte de liberté, les réponses sont partagées, avec 28% qui évaluent les mesures plus liberticides qu’avant, 41% d’indifférents, et 32% qui évaluent les mesures moins liberticides qu’auparavant – une explication de l’évaluation de la pertinence et de l’efficacité des diverses actions de politique sanitaire.

Sur la vaccination et le degré d’information

Dans une telle enquête, une grande section a été consacrée à la vaccination et à l’information associée. Dans cette section, les répondants avaient la possibilité de répondre « je ne sais pas« , cela permet de mesurer le niveau de connaissance des personnes sur des points bien précis.  Les autres fournissent leur opinion sur une échelle en 5 points allant de « Pas du tout d’accord » à « Tout à fait d’accord ».

Sur les questions importantes comme les risques sur les vaccins, les effets secondaires, le degré de protection contre la maladie et le fait que les fabricants ne garantissent pas l’efficacité des vaccins, 50% de l’échantillon juge ne pas savoir – ce qui est important, car le consentement éclairé est la base de tout traitement.

Parmi ceux qui déclarent savoir, 46% jugent être bien informés sur les risques et les vaccins, 38 estiment que les fabricants sont au courant des effets secondaires et 45% que ces vaccins ne protègent pas contre la covid. Un point à noter est que 54% pensent que les fabricants ne garantissent pas l’efficacité de ces vaccins.

Sur les items ou le degré de connaissance est plus important; 69% des personnes informées déclarent être d’accord avec le fait que ces thérapies ont une efficacité non conclusive sur les personnes âgées. Et ceci malgré le fait que la population initialement choisie par le gouvernement pour être prioritaire était les plus âgés.

 

Sur l’état de la vaccination

Un tel sondage n’aurait pas été complet sans des questions spécifiques sur la vaccination. 42% des Français déclarent être vaccinés – ce qui correspond peu ou prou aux 20 millions de ressortissants vaccinés en première dose annoncés par le gouvernement –  et le vaccin le plus courant est le Pfizer, 64%, devant l’AstraZeneca, 22%.

Les raisons pour se faire vacciner sont celles que l’on pourrait attendre, avec pour bémol que la vaccination est un acte médical et seul 23% se font vacciner car ils se considèrent à risque :

  • 54% pour retrouver sa vie d’avant
  • 43% par solidarité
  • 39% car ils ne voulaient être empêchés de faire des choses

Parmi les non-vaccinés (58%), 13% déclarent qu’ils le feront dès que possible, 7% en ont plutôt l’intention, 18% sont indécis et 20% y sont opposés. Pour seulement 12% la vaccination est impensable.

Les motifs d’opposition sont simples

  • 29% s’évaluent comme n’étant pas à risque
  • 26% sont totalement contre la vaccination
  • 42% pour d’autres raisons non explicitées

Quant aux motifs d’intention vaccinale, pour 59% c’est pour retrouver sa vie d’avant, et 45% ne voulaient pas être empêchés de faire des choses. 41% ont une intention qui invoque la solidarité et 34% l’objectif de voyager.

 

Sur le pass sanitaire

Pour finir, des questions sur le pass sanitaire ont été posées – et cela divise les Français en deux camps avec 43% en faveur et 39% contre – 18% étant indifférents.

Les motifs principaux de ceux qui sont en sa faveur sont explicités ci-dessous : 74% pour voyager, 70% pour revoir leurs proches ou reprendre des activités culturelles, aller au restaurant ou reprendre leur vie. 45% déclarent que c’est pour identifier les personnes vaccinées.

Du côté des objections, 70% opposent la perte de liberté, et 66% jugent que c’est une façon d’imposer la vaccination à la population, ou pour 58% le fait que nous rentrons dans une « dictature sanitaire ».

 

Les résultats sont polarisés en fonction des intentions de votes. Reste à savoir si le réservoir de vote d’Emmanuel Macron sera assez élevé pour surmonter le déficit et retard accumulé par une gestion de la crise jugée très sévèrement par les Français. En 2017, le vote blanc était à 6% et paraît emporter aussi 6% des intentions pour 2022. Les citoyens semblent vouloir se mobiliser, puisque seuls 6% déclarent avoir l’intention de s’abstenir, contre 25% qui se l’ont fait en 2017.

Avec 11% d’intention de vote en faveur du président en poste, contre 20% pour le RN, le match semble très ouvert. Avec 16% des répondants qui ne souhaitent pas répondre et 16% qui ne savent pas, il y a 32% de la population assez indécise aujourd’hui. Ce sont des femmes pour 65%, plus jeunes qui ne sont pas encore vaccinés 62%, avec des évaluations plutôt sévères de la gestion de la crise.

Il reste encore 12 mois pour convaincre.

 

Ndlr : article complété le 23 mai 2021 à 20h00 avec un résumé

Etude BonSens.org analysée par FranceSoir.fr sur l’évaluation et l’impact des mesures sanitaires, du pass vaccinal, de l’état de la vaccination et des intentions de vote aux élections régionales et présidentielles de 2022 sur les Français, menée du 14 au 18 mai 2021 sur un échantillon représentatif de la population française. Méthode des quotas sur les critères de sexe, âge, catégorie socio-professionnelle et répartition géographique. L’enquête a été réalisée par MIS Group pour l’association Bonsens.org et la société Shopper Union France SAS qui publie et édite le site www.francesoir.fr .  Tout sondage comporte statistiquement des marges d’erreurs, réduites en l’espèce de par la taille de l’échantillon de 2000 personnes Toute personne a le droit à consulter la notice prévue par l’article 3 de la loi.

Auteur(s): FranceSoir

Source : Crise sanitaire et intentions de vote : des Français divisés et sur la réserve, d’après un sondage pour l’association Bon Sens

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