La crise grecque, la perte de dignité de tout un peuple

Les Grecs ne vivent plus, ils survivent. Depuis huit ans, les mesures d’austérité ne cessent de s’abattre sur eux. Le pays, surendetté, doit se plier à l’amère médecine des financiers et des politiques européennes. Plus de 30 % de la population vit maintenant sous le seuil de la pauvreté.

Un texte de Ginette Lamarche, à Désautels le dimanche

Les gouvernements successifs ont dû couper dans les retraites, la santé, l’éducation, les services sociaux. Quant aux salaires des fonctionnaires, ils ont été réduits de moitié.

Les soupes populaires font maintenant partie du quotidien de nombreux Grecs. Dimitri est un habitué de ces repas communautaires, lui qui vivote entre des petits boulots et le chômage.

Cinq hommes se tiennent devant un chaudron en tenant une cuiller
Soupe populaire à Athènes. Dimitri est au milieu. Photo : Radio-Canada/Ginette Lamarche

Ce qu’on essaie de faire avec ces cuisines collectives, c’est de rompre l’isolement, la honte. Il faut sortir de cette dépression, de cette misère, ensemble. La plupart des gens ont honte de leur situation, alors qu’ils n’en sont pas responsables.

Dimitri

Devant cette interminable crise, les Grecs ont retroussé leurs manches et créent un vaste réseau de solidarité partout en Grèce. Dimitri Pagnatopoulos est directeur d’école. Lui et ses collègues sont venus en aide à des enfants qui arrivaient à l’école le ventre vide, des enfants qui pleuraient parce qu’ils avaient froid, parce que chez eux on avait coupé l’électricité.

Dimitri Pagnatopoulos et ses collègues
Dimitri Pagnatopoulos et ses collègues Photo : Radio-Canada/Ginette Lamarche

On pouvait repérer à l’école les élèves qui souffraient de malnutrition. On a fait des collectes de nourriture pour venir en aide à ces familles. On a reçu l’aide de médecins bénévoles pour soigner les enfants des familles qui ne pouvaient plus payer leurs assurances, donc qui n’avaient plus accès à l’hôpital. On a même branché illégalement ces familles à l’électricité.

Dimitri Pagnatopoulos

Vivre à Elefsina

 La ville portuaire d’Elefsina
La ville portuaire d’Elefsina Photo : Radio-Canada/Ginette Lamarche

La ville d’Elefsina, à l’ouest d’Athènes, est le cœur industriel de la Grèce. Avant la crise, cette ville produisait à elle seule 35 % du produit intérieur brut de tout le pays. Elefsina n’a toutefois pas été épargnée. Le chômage touche aujourd’hui le tiers de la population.

Le chantier naval d’Elefsina n’a pas fermé ses portes grâce à la persévérance et à la ténacité des travailleurs. Ils ont continué à se rendre au travail même s’ils n’étaient pas payés, même s’ils n’avaient pas de travail.

Chantier naval d'Elefsina
Chantier naval d’Elefsina Photo : Radio-Canada/Ginette Lamarche

Téles et Irakes nous racontent que les travailleurs n’avaient plus de revenus pendant une dizaine de mois. Ils n’arrivaient plus à nourrir leurs familles et à payer leurs factures. Le chantier naval était abandonné à lui-même. Le syndicat a décidé de gérer l’entreprise. Ils ont réussi à avoir un contrat avec la marine nationale pour se maintenir à flot.

Ces travailleurs espèrent maintenant qu’un repreneur, voire une entreprise étrangère, puisse relancer ce pilier de l’économie régionale.

Le syndicat du chantier naval d'Elefsina
Le syndicat du chantier naval d’Elefsina Photo : Radio-Canada/Ginette Lamarche

via La crise grecque, la perte de dignité de tout un peuple | ICI.Radio-Canada.ca

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