Le véhicule électrique, pas si écologique que ça !
La voiture électrique est-elle vraiment écologique? Une question iconoclaste tant elle jouit d’une aura « verte » à toute épreuve. Et pourtant… En France, une voiture électrique présente un avantage indéniable en termes de réchauffement climatique, mais à partir de 50.000 kilomètres parcourus, selon une étude pilotée par l’Ademe, la principale agence environnementale française.
A sa sortie d’usine, son bilan CO2 n’est en effet pas formidable, du fait principalement de l’extraction des métaux qui composent la batterie. Mais la voiture électrique se rattrape grâce à une électricité essentiellement d’origine nucléaire peu ou pas émettrice de gaz à effet de serre. On ne parle pas là évidemment des déchets radio-actifs
Pour un cycle de vie moyen estimé à 150.000 kilomètres, une voiture électrique émettra au total environ 10 tonnes de CO2, contre 22 pour une voiture diesel et 27 pour une voiture à essence, selon le scénario de référence de l’étude publiée ce mercredi.
Bilan pas terrible en Allemagne
Mais en Allemagne, où l’électricité vient actuellement à 44% du charbon très émetteur de CO2, les conclusions sont fort différentes. Il n’y a donc pas de solution universelle. Rechargé outre-Rhin, un véhicule électrique émettra davantage de CO2 qu’une voiture thermique classique… jusqu’à 100.000 kilomètres parcourus, compte tenu des gaz à effets émis lors de la phase de production. Au-delà des 100.000 kilomètres, le bilan de la voiture prétendument « zéro émission » devient certes favorable outre-Rhin. Mais pas de beaucoup! Et, en Chine, le bilan est franchement mauvais, selon d’autres études…
En-dehors du CO2, qui est un gaz participant au réchauffement climatique supposé mais n’est pas un polluant, la voiture électrique « reste indéniablement une bonne arme pour limiter la pollution locale« , affirme cependant l’étude. Reste quand même le problème du recyclage des batteries, pas résolu. Et demeure aussi un autre point noir : le risque d’acidification, qui peut contribuer aux pluies acides, lié à l’exploitation du nickel ou du cobalt entrant dans lesdites batteries.
Des ventes encore décevantes
La voiture électrique démarre en tout cas lentement. « Sans infrastructures, on n’ira pas au-delà d’un certain volume pour les véhicules électriques« , indiquait le mois dernier au salon de Tokyo Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan. Il reconnaissait à cette occasion que l’objectif fixé par l’Alliance Renault-Nissan de vendre 1,5 million de voitures électriques avant la fin de 2016 ne serait atteint que « deux ou trois ans » plus tard. Ce qui semble déjà très optimiste.
L’alliance franco-japonaise a investi la bagatelle de 4 milliards d’euros dans les technologies pour la voiture « zéro émission« . La Nissan Leaf, le véhicule électrique le plus vendu, a été écoulé à 87.000 unités au cumul depuis la fin 2010. C’est bien moins qu’escompté. Chez Renault, le champion des ventes d’électriques est l’utilitaire Kangoo « Z.E. » produit à Maubeuge, vendu à moins de 12.000 unités de la fin 2011 à ce jour. La citadine Zoé, fabriquée à Flins, n’a, elle, été écoulée qu’à 7.600 exemplaires.