Le gouvernement britannique menace de ne pas verser la « facture de sortie » de 43,7 milliards € à l’UE
« L’article 50 exige (…) qu’il y ait un futur accord-cadre pour la relation que nous aurons [avec l’UE] à l’avenir, donc les deux sont liés. […] Vous ne pouvez pas avoir d’un côté une partie remplissant toutes les conditions et de l’autre une partie qui ne les remplit pas, ou qui va doucement, ou qui ne s’engage pas. Donc je pense que nous devons nous assurer d’une certaine conditionnalité entre les deux. […] . Le Royaume-Uni ne paiera la facture du divorce avec l’Union européenne qu’à la condition qu’un accord commercial soit trouvé. »
La « facture très salée » que doit verser le Royaume-Uni à l’UE n’est pas due au Brexit mais à son appartenance à l’UE !
- 11,34 milliards € par an en 2014, selon Le Monde du 16 février 2016
- 10 milliards d’euros par an selon un article du site européiste Toute l’Europe mis en ligne le 5 juillet 2017 .
- entre 10 et 12 milliards d’euros selon un article de La Tribune du 23 février 2018
Il faut aussi savoir que les sommes versées par les États à l’Union européenne sont définies tous les 7 ans, dans un cadre budgétaire pluriannuel.
Actuellement, nous sommes dans le cadre du budget pluriannuel septennal 2014-2020, qui fut négocié dans les années 2011-2013.
La définition de de cadre budgétaire pluriannuel fait traditionnellement l’objet d’intenses tractations, qui virent à un conflit de marchands de tapis, et cela pendant les deux ou trois années précédant son adoption. C’est ainsi que l’on assiste déjà – depuis début 2018 -, à une guerre ouverte entres les États pour définir ce que sera le prochain cadre budgétaire pluriannuel 2021-2027 :
Jamais en retard pour diffuser une propagande mensongère, les européistes – et Jean-Claude Juncker au premier rang d’entre eux – n’hésitèrent alors pas à tenter de faire peur aux opinions publiques européennes et britannique, en présentant cette somme à verser par Londres comme étant une « facture très salée ». Ce qu’ils ne disaient pas, c’est que cette « facture très salée » aurait dû être versée de toute façon par le Royaume-Uni, même si celui-ci était resté dans l’Union européenne, puisqu’elle correspondait à un engagement antérieur !
La seule différence était que le Royaume-Uni devait verser les fonds à la date de sortie de l’Union européenne et non pas de façon échelonnée, au cours des années restant à courir dans le cadre budgétaire plurinannuel 2014-2020.
En d’autres termes, et contrairement a ce qu’ont répété à l’envi les grands médias français, le fait générateur de la « facture très salée » que doit verser le Royaume-Uni à l’UE n’est pas due au Brexit mais à son appartenance à l’UE et à son statut de « contributeur net ».
On notera au passage que si c’était un État « bénéficiaire net » qui décidait de quitter l’UE, le même raisonnement – fonctionnant alors en sens inverse – devrait conduire les européistes et les grands médias à parler de « facture très salée à la charge… de l’UE ». Si la Pologne, par exemple, décidait se sortir de l’UE, alors qu’elle a été bénéficiaire nette de 7,1 milliards € en 2016 , elle serait probablement en droit de réclamer un versement de l’ordre de 25 à 30 milliards d’euros comme « cadeau de sortie »…
On notera enfin que les Britanniques, qui quitteront l’UE en mars 2019, n’auront plus de « facture très salée » à payer ensuite, à la différence des autres grands pays contributeurs nets qui ont entamé les négociations du futur cadre budgétaire pluriannuel 2021-2027. Si les Français ne sortent pas de l’UE au plus vite et s’ils laissent Macron engager la France dans ce nouveau cadre, ils devront payer une « facture très salée » pendant 7 ans supplémentaires, jusqu’en 2027 !
La mollesse de Theresa May et de Philippe Hammond pour engager le bras de fer avec Bruxelles
Comme dit précédemment, le calcul du montant dû par le Royaume-Uni à l’UE (44 milliards d’euros quand même !!) n’a pas fait l’objet de beaucoup d’explications ni de transparence.
Pour bien comprendre également la situation, il faut rappeler ici que la Première ministre Theresa May ainsi que son chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) Philippe Hammond – qui sont l’un et l’autre en première ligne sur ces questions financières vis-à-vis de l’Union européenne – n’avaient été, ni l’un ni l’autre, partisans du Brexit ! Ils avaient tous deux milité pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer, Mme May et M. Hammond comptent parmi les acteurs décisifs du gouvernement chargé par le peuple britannique de faire sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne alors qu’ils ne sont pas d’accord, au fond, sur ce choix stratégique !
Il ne faut dès lors pas s’étonner si, par mollesse, pusillanimité ou trahison inconsciente, ils se sont refusés jusqu’à présent à utiliser le formidable moyen de pression budgétaire dont dispose le Royaume-Uni vis-à-vis de la Commission européenne :
- La Première ministre Theresa May a accepté en décembre 2017 un accord financier d’un montant total de 35 à 39 milliards de livres sterling (entre 39,2 et 43,7 milliards d’euros) dont le montant final dépendait, selon les ministres, de l’établissement des futures relations commerciales (source : AFP / 22 juillet 2018 12h43 )
- Le ministre des Finances, Philip Hammond, un des porte-voix des milieux d’affaires au sein du gouvernement et qui avait milité contre le Brexit , avait quant à lui tiré contre son propre camp en considérant comme « inconcevable » le fait que Londres n’honore pas ses engagements financiers envers l’UE même en l’absence d’accord commercial, et en soulignant – sans autre explication – que ce n’était pas « pas un scénario crédible ». (source : AFP / 22 juillet 2018 12h43 )
Conclusion : le retour de l’adage : « he who pays the piper calls the tune »
N’en déplaise aux grands médias français qui leur accordent une place démesurée, les européistes, tels Anthony Blair, qui rêvent de voir le Royaume-Uni organiser un nouveau référendum sur le Brexit et regagner sagement la prison des peuples dirigée par Bruxelles, sont encore loin d’avoir le vent en poupe.
22 juillet 2018