Les conduites addictives de plus en plus répandues au travail – Le Parisien

Les conduites addictives telles que la consommation d’alcool ou de drogues illicites, sont de plus en plus répandues au travail, qu’il s’agisse du privé ou du public, selon des spécialistes de la question réunis mardi à Paris.
« Plus de 20 millions de personnes, salariés, agents de la fonction publique, CDI comme CDD, et populations précaires, mais aussi personnes à la recherche d’emploi » sont concernés, selon la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca), Danièle Jourdain Menninger.
Le travail et l’environnement de travail peuvent « être un facteur déclencheur d’une conduite addictive, ou bien favoriser ou augmenter une pratique personnelle », a-t-elle expliqué, à l’occasion de la 2e journée nationale de prévention des conduites addictives en milieu professionnel.
Qu’il s’agisse d’alcool, qui reste le « problème majeur » selon les spécialistes, de cannabis, cocaïne, héroïne, amphétamines ou médicaments tels que les antidépresseurs et analgésiques, leur consommation vise à « répondre au stress au travail », à « améliorer ses performances » ou à « s’adapter aux contraintes du travail », a résumé Mme Jourdain Menninger.
Michel Reynaud, psychiatre addictologue et président du Fonds Actions Addictions, a insisté sur le « paradoxe » entre la recherche du « bien-être » des salariés affiché par les entreprises et la « hausse des addictions », responsables « d’un mort sur cinq en France » et d' »un acte de délinquance sur deux ».
Selon M. Reynaud, « tous les métiers sont touchés » et notamment « les professions de santé, l’hôtellerie-restauration, le marketing, la création, la pêche ». Il a évoqué une « souffrance physique aussi bien que psychique » sans toutefois citer de chiffres.
Gladys Lutz, ergonome-chercheur présidente de l’Additra, a parlé d’une « explosion des antalgiques forts pour lutter contre les TMS (troubles musculo-squelettiques) », pour évoquer « l’une des caractéristiques contemporaines du travail ».
« Anesthésiants ou stimulants », cannabis, alcool, héroïne ou cocaïne sont devenus des recours de plus en plus répandus face à des « situations stressantes », pour « pouvoir tenir », a-t-elle dit, soulignant que « les managers, au coeur de la situation, sont eux-mêmes consommateurs ».
Selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)datant de 2015, 91% de dirigeants, encadrants et personnels RH et 95% des représentants du personnel déclarent que les salariés de leurs structures consomment « au moins un produit psychoactif ». Ils sont huit sur dix (85%) à se dire « préoccupés par les questions de toxicomanie et leurs impacts sur le travail ».

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