La rougeole est-elle dangereuse ?
À en croire les journaux ou la télévision, la rougeole serait presque devenue une sorte d’arme de destruction massive. La rougeole est-elle une maladie dangereuse ? Témoignage d’un praticien de terrain.
Moi qui suis un « vieux » médecin – mes premiers remplacements remontent à Noël 1971 –, ce genre de fausse nouvelle, pardon de fake news, me sidère toujours : voir comment les journalistes, sans aucun travail d’enquête, relaient une information sans se donner la peine d’un minimum de contrôle.
Entre les années 1970 et la fin des années 1980, j’ai personnellement soigné quelques milliers de cas de rougeoles. À cette époque, la rougeole était considérée comme une maladie “normale” chez les petits enfants ; une de ces maladies éruptives communes lors de la petite enfance, que l’on contracte entre trois et quatre ans, imposant, certes, l’éviction scolaire et le repos pour éviter des surinfections et un minimum de surveillance médicale, sans plus. En tout cas, maladie beaucoup moins préoccupante que la scarlatine avec son risque de glomérulonéphrite ou de rhumatisme articulaire aigu. Bien sûr, il existe un risque de panencéphalite sclérosante subaiguë mais tellement rare que je n’en ai jamais vue.
En France, on déplore moins d’un décès par an pour cette complication. Alors, est-il bien raisonnable d’affoler les populations ? Ne risque-t-on pas, en créant un sentiment d’angoisse chez les parents, d’aggraver les risques inutilement ? Tout cela pour inciter à la vaccination ? Je ne pense pas que la vaccination soit en elle-même dangereuse, qu’elle soit responsable d’une augmentation des cas d’autisme par exemple. Mais je sais que la protection apportée par la vaccination est très nettement inférieure à la protection apportée par la maladie qui confère une immunité pour la vie. Et je sais aussi qu’une rougeole contractée à l’âge adulte présente un risque de complications beaucoup plus élevée, sans compter les répercussions économiques. Qui va penser à se revacciner à 25 ans, 35 ans, etc. ?
On attribue la diminution des cas aux politiques vaccinales mais si l’on en croit l’Académie royale de médecine britannique qui fait un recueil des maladies infectieuses depuis le milieu du XVIIIe siècle, la rougeole est une maladie cyclique alternant avec la scarlatine sur des cycles assez longs de plus de 20 ans. Alors, la résurgence de la rougeole est-elle due à l’insuffisance de la vaccination ou à une réapparition naturelle ? La question mérite d’être posée. Je ne suis pas sûr qu’il soit pertinent de vacciner contre des maladies bénignes : la seule justification de cette pratique ne peut être que l’éradication de l’agent pathogène en cause. C’est bien d’ailleurs ce que l’on nous dit de l’intérêt de ces vaccinations : ce serait pour protéger les individus qui, pour des raisons médicales, à cause de problèmes graves d’immunité déficiente, ne peuvent recevoir de vaccins à virus vivants atténués. Mais est-ce sans danger ?
Supposons qu’on y arrive : cette place libre va-t-elle rester libre longtemps ou bien un autre virus va-t-il pouvoir s’y glisser ? Sera-t-il aussi peu dangereux que le virus de la rougeole ou sera-t-il nouveau pour l’espèce humaine et particulièrement agressif comme les virus de fièvre hémorragique type Ebola ou un rétro virus style VIH ? La ministre de la Santé, Mme Buzyn, et ses conseillers ont-ils réfléchi à tout cela avant de décider de rendre tous ces vaccins obligatoires ? Avons-nous en France des politiques de santé publique vraiment responsables ? À moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse que de renvois d’ascenseurs pour des dirigeants d’entreprises pharmaceutiques ? Mais je n’ose y penser.
Thierry Barge
Nos Desserts :
- Au Comptoir, nous avions déjà interviewé Thierry Barge affirmant qu’« on médicalise aujourd’hui des situations qui trouvaient naguère leur solution dans l’entraide »
- Nous parlions également de médicalisation à outrance avec, Eva Bellinato, sage-femme
- On discutait aussi des vaccins à l’alu avec un malade de la myofasciite à macrophages
- Avec Jacques Testart, on parlait de la recherche, qui est malheureusement bien loin de viser au bien commun
- On évoquait le prix des médicaments et le trou de la Sécu avec l’historien Michel Étiévent