Le Doliprane pour enfants est-il vraiment cancérigène ?

Une pétition exigeant son retrait du marché a déjà recueilli plus de 107 000 signatures. Pourtant, les arguments avancés restent à vérifier…

Le message a de quoi effrayer de nombreux parents : le Doliprane pour enfants (un sirop contenant du paracétamol et prescrit en cas de douleurs et fièvre) contiendrait un colorant cancérigène. Une pétition demandant au laboratoire Sanofi de le retirer du marché a déjà recueilli plus de 107 000 signatures. Mais qu’en est-il exactement ?

Le E122, un colorant omniprésent

Le colorant mis en cause est le E122, également appelé azorubine ou carmoisine. Il s’agit d’un composé pétrochimique qui permet de colorer certains produits en rouge.

Bon marché, facile à produire et à incorporer, il est utilisé dans de très nombreux produits de consommation courante :

  • médicaments
  • bonbons
  • desserts
  • pâtisseries
  • glaces
  • conserves de fruit
  • potages
  • boissons
  • cosmétiques (savons, shampoings, maquillage)

Est-il cancérigène ?

  • Selon le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC)

Cet organisme, qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est chargé de classer les substances en fonction de leur niveau de risque, prouvé une ou plusieurs études. Ce risque est divisé en quatre niveaux :

  • 1 : la substance est cancérogène pour l’homme
  • 2A : la substance est probablement cancérogène pour l’Homme
  • 2B : la substance est peut-être cancérogène pour l’Homme
  • 3 : la substance est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’Homme
  • 4 : L’agent n’est probablement pas cancérogène pour l’Homme

D’après le CIRC, le colorant E122 est classé au niveau 3, ce qui signifie qu’aucune étude n’est pour l’instant parvenue à prouver que cette substance était cancérogène. Il n’y a donc aucune certitude, ni dans un sens, ni dans l’autre.

>>> Doit-on dire « cancérigène » ou « cancérogène » ?

  • Selon l’Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC)

L’Artac est une association française indépendante dirigée par le professeur de cancérologie Dominique Belpomme. Selon elle, le colorant E122 se classe dans la catégorie des substances « probablement ou certainement cancérigènes ».

A-t-il d’autres effets secondaires ?

Une étude publiée en 2008 dans la très sérieuse revue britannique The Lancet fait le lien entre la consommation de colorants alimentaires (dont le E122) et l’augmentation de l’hyperactivité chez les enfants. Le risque serait exacerbé si ces colorants sont consommés en même temps que des conservateurs (indiqués par les codes E210 à E215 sur nos étiquettes).

Depuis 2010, l’Union européenne impose d’ailleurs d’ajouter la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants » aux produits qui contiennent du E122.

Quelle est la législation en vigueur actuellement ?

Le colorant E122 reste autorisé en France et dans de nombreux autres pays. Il n’a cependant jamais été autorisé aux États-Unis (faute d’analyse d’autorisation) et est interdit en Australie, en Norvège et en Suède.

Selon l’OMS (voir p.23 du rapport), la dose journalière maximale autorisée de E122 est de 4 milligrammes par kilo (donc environ 60 milligrammes pour un enfant de 15 kilos).

Or, selon un rapport de l’EFSA (l’autorité de sécurité alimentaire européenne) publié en 2015, 95% des enfants de un à dix ans sont susceptibles de dépasser régulièrement cette dose en Europe.

« Cancérigène » ou « cancérogène » ?

Les deux termes sont très semblables et souvent utilisés pour désigner la même chose. Mais pour certains spécialistes, une nuance minime demeure : 

Cancérogène désignerait une substance qui favorise l’apparition d’un cancer, alors que cancérigène serait utilisé pour parler d’une substance qui favorise le développement d’un cancer.

via Le Doliprane pour enfants est-il vraiment cancérigène ? – Sud Ouest.fr

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