Yémen : au moins 26 enfants tués dans de nouveaux bombardements de la coalition saoudienne
Au moins 30 personnes, dont 26 enfants, ont péri dans des frappes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Des ONG dénoncent le silence international et les enquêtes internes de la coalition qui «ne font que couvrir des crimes de guerre».
L’horreur se poursuit au Yémen. Des responsables de l’Onu ont fait savoir ce 24 août que 26 personnes dont 22 enfants et quatre femmes avaient été tués la veille dans des frappes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Cette annonce intervient deux semaines après qu’une attaque de la coalition saoudienne a tué 40 enfants dans un bus qui les transportait dans la province de Saada, au nord du pays.
La majorité des victimes ont perdu la vie dans une frappe alors qu’elles fuyaient les combats dans la région d’Al-Douraïhimi, au sud de la ville de Hodeïda, ville côtière à l’ouest de la capitale Sanaa, a précisé le secrétaire général adjoint de l’Onu pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock. Quatre autres enfants ont été tués, également le même jour, lors d’une frappe aérienne séparée dans cette même région. «C’est la deuxième fois en deux semaines qu’une frappe aérienne de la coalition menée par l’Arabie saoudite entraîne la mort de dizaines de victimes civiles», a dénoncé Mark Lowcock dans un communiqué, appelant également à une enquête «rapide, impartiale et indépendante» sur les attaques visant des civils.
La vie des enfants vulnérables au Yémen devrait être une priorité pour tous
«J’avais espéré que l’indignation qui avait suivi l’attaque de Saada au Yémen il y a deux semaines constituait un tournant majeur dans le conflit. Les informations d’hier [le 23 août] sur les attaques à Al-Douraïhimi, tuant 26 enfants, indiquent que ce n’est pas le cas», a déploré de son côté Henrietta Fore, directrice de l’Unicef, agence onusienne chargée de la protection de l’enfance. Elle a par ailleurs exprimé sa colère face à l’inaction de la communauté internationale. Dans un tweet, elle a ainsi écrit : «La vie des enfants vulnérables au Yémen devrait être une priorité pour tous. J’appelle les belligérants, ceux qui ont une influence sur eux, le Conseil de sécurité des Nations Unies et la communauté internationale à agir et à mettre un terme à ce conflit une fois pour toutes.»
Des enquêtes internes décriées
Après le bombardement du 9 août, le Conseil de sécurité de l’Onu n’avait pas ordonné d’enquête indépendante et s’était contenté d’espérer que soit menée une enquête «crédible et transparente» par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Sans surprise, les organisations des droits de l’homme doutent de l’impartialité d’une telle investigation. Dans un rapport publié le 24 août, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a ainsi dépeint les limites de ces «enquêtes» internes menées après chaque bombardement de cibles civiles depuis 2016. Elles tendent, selon l’organisation, à exonérer la coalition de ses responsabilités, et à maquiller certains bombardements intentionnels en «erreurs» dues à des défaillances techniques. Les enquêteurs de la coalition «ne font rien d’autre que couvrir les crimes de guerre», a martelé Sarah Leah Whitson, responsable de HRW pour le Moyen-Orient.
Sans nommer l’Arabie saoudite et ses alliés, l’Union européenne a de son côté appelé les belligérants au Yémen à «faire de la protection des civils une priorité» à la suite des attaques d’Al-Douraïhimi, et souligné la nécessité de mettre fin à la guerre. Par ailleurs, des pourparlers entre le gouvernement yéménite, appuyé par la coalition militaire sous commandement saoudien, et les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui dément toutefois toute implication militaire, sont prévus le 6 septembre à Genève sous l’égide de l’Onu.
La guerre au Yémen a fait plus de 10 000 morts depuis l’intervention en mars 2015 de la coalition militaire sous commandement saoudien et a provoqué «la pire crise humanitaire» au monde, selon l’Onu.