2028 CRS en arrêt maladie un jour de manifestation

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, et les syndicats, ont convenu, ce vendredi, d’un autre rendez-vous le 6 octobre. D’ici là, une réflexion sera menée sur les délais et les modalités de paiement de l’indemnité de déplacement des CRS. Jeudi, 2000 d’entre eux s’étaient fait porter pâle.

Faire tomber la fièvre. Cueilli à froid par l’ampleur de la grogne des CRS, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a reçu en urgence vendredi matin, Place Beauvau, les syndicats. Ces derniers ont accepté de suspendre leur mouvement avec une «close de revoyure fixée au 6 octobre». Entretemps, une réflexion sera menée sur les délais et les modalités de paiement de l’indemnité de déplacement des CRS: l’Ijat, acronyme d’Indemnité journalière d’absence temporaire. Soulignant que «la non fiscalisation de cette indemnité est désormais garantie par le législateur», Beauvau rappelle qu’il «n’existe en revanche aucune possibilité juridique d’exonérer cette indemnité du versement des prélèvements sociaux».

La levée de boucliers des CRS s’est amplifiée à un très mauvais moment pour le gouvernement. Alors que ce dernier devait faire face jeudi à une deuxième journée de manifestations contre la réforme du Code du travail, un grand nombre de compagnies ont manqué à l’appel. «Près de 80 % d’entre elles ont débrayé», affirment des sources syndicales qui recensaient près de 2028 CRS «consultants» qui se sont fait porter pâle sur le terrain. «Du jamais vu dans le milieu du maintien de l’ordre», concède un responsable de la Direction générale de la police nationale. Des effectifs de commissariats et des escadrons de gendarmes ont été appelés en remplacement pour, dit-on à la Direction générale de la police nationale, ajuster le dispositif.

Les trois secrétaires généraux d’Alliance, d’Unité SGP et de l’Unsa-Police, étaient réunis de manière assez rare en intersyndicale. En cas d’échec des négociations dans deux semaines, ils prophétisent une généralisation de la grogne à toute la police. «Le 6 octobre, cela passe ou cela casse», a prévenu un participant.

«Six mois de retard dans les versements» / «Deux mois tout au plus»

L’affaire remonte à 2015 quand, sous la pression de la base, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait accordé une revalorisation de cette indemnité portée à 39 euros. Un complément de salaire exonéré d’impôt et jusqu’alors versé par chèque par un régisseur.

«Bercy, qui y a vu une niche fiscale a décidé d’assujettir ces versements perçus à la contribution sociale généralisée (CSG) ainsi qu’à la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)», raconte un commissaire. Face à la nouvelle colère des CRS, l’État a multiplié les gestes d’apaisement. Il a décidé de prendre en charge l’assujettissement décrié aux contributions sociales puis d’inscrire les indemnités sur une seconde fiche de paie, versée sur un second compte en banque du choix du policier.

Mais les CRS sont désormais vent debout face aux délais de mise en place de ce nouveau dispositif. «Six mois de retard dans les versements!» clame un responsable d’Unité SGP joint par Le Figaro. «Deux mois tout au plus», rétorque-t-on dans l’entourage du nouveau directeur général de la police nationale, Éric Morvan, jusqu’ici réputé pour ses bonnes relations avec les syndicats et qui tente de désamorcer la crise.

Un complément salarial de 4000 à 5000 euros par an

«Fait-on vraiment le même travail qu’un postier ?»

Un CRS expérimenté joint par Le Figaro.

À ceux qui estiment que leur grogne serait surtout due à la fin d’un «archaïque système de primes permettant à chaque fonctionnaire de gérer en solo une comptabilité parallèle sans même en parler à ses proches», un CRS expérimenté joint par Le Figaro reconnaît qu’«un tel système a pu avoir cours dans les années 70 quand les anciens d’Indochine avaient rejoint les rangs». «Mais, ajoute cette même source, la nouvelle génération n’entre pas chez nous pour entretenir une comptabilité dans le dos de leur femme mais au contraire pour se faire le rempart contre les violences de rue en contrepartie d’un complément salarial de 4000 à 5000 euros par an». Un de ses collègues officier ajoute: «Nous comprenons bien que l’administration veuille lisser tous les statuts de la fonction publique. Mais quand on fait 23 heures de travail continu ou que l’on est réveillé en pleine nuit pour partir sur un dispositif en Corse, fait-on vraiment le même travail qu’un postier? Les primes que l’on touche sont le prix d’un sacrifice».

via Les CRS suspendent leur mouvement de grogne

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