Chronologie (non-exhaustive) des différentes interventions des États-Unis dans le monde (1846-2016)

1989 – Panama. Opération Just Cause, le président George H.W. Bush ordonne la prise de contrôle du canal de Panama et renverse le dictateur militaire Manuel Noriega, agent double de la CIA, suite au prétexte de l’exécution d’un soldat américain par des soldats panaméens.

1991 – Irak. Après avoir été durant de longues années un allié précieux des États-Unis (en particulier dans la guerre Iran-Irak), Saddam Hussein commet l’erreur d’envahir et annexer le Koweït sans en référer à la superpuissance mondiale. Ne pouvant accepter de perdre le contrôle sur une partie des ressources pétrolières du Golfe, les États-Unis, avec l’autorisation de l’ONU et le soutien de forces  internationales, volent au secours de la souveraineté du  Koweït  et déclarent la guerre à l’Irak en janvier 1991. Le  Koweït est libéré un mois plus tard. En 1998, les Américains reprennent les bombardements sur l’Irak, toujours sous le coup d’un  embargo international.

1992-1993 – Somalie. Dans une Somalie ravagée par la guerre civile, le débarquement de  25 000 soldats américains dans le cadre de l’opération « Restore Hope » débouche sur une escalade et une impasse militaire. En 2002, dans le cadre de l’opération Enduring Freedom, les États-Unis intensifient leur présence dans la corne de l’Afrique pour lutter à la fois contre les groupes armés qui se réclament de l’islam et contre la piraterie dans la région.

1994 – Haïti. Après avoir occupé Haïti de 1915 à 1934 puis soutenu les deux dictatures de François et Jean-Claude Duvalier de 1957 à 1986, les États-Unis se sont montrés favorables au coup d’État militaire qui renversa, en 1991, le père Jean-Bertrand Aristide, premier président librement élu de toute l’histoire de Haïti. En 1994, avec l’autorisation de l’ONU,  les troupes américaines interviennent militairement pour imposer son retour. Parmi les militaires impliqués dans le coup d’État, on trouve un certain  colonel François, formé, dans la même académie militaire américaine que plusieurs autres dictateurs latino-américains (Noriega, d’Aubuisson,…). En février 2004, une nouvelle intervention américaine (et française) force Aristide à quitter le pouvoir dans un contexte de guerre civile.

1995 – Yougoslavie. Bombardements en Bosnie-Herzégovine (code :Opération Deliberate Force) en soutien aux forces armées de l’ONU/OTAN. Elle visait les positions militaires de l’Armée de la République serbe de Bosnie.

1996 – SomalieMohamed Farrah Hassan dit Aidid combat les troupes des États-Unis et des Nations unies présentes dans le pays. Il se déclare président de la Somalie après avoir contraint les forces de l’ONU à quitter le pays en  1995. Il meurt le 1er août 1996 des suites de blessures par balles reçues au cours d’une bataille avec des factions ennemies. Selon des sources US (LA Times et USA Today), des forces d’opération spéciales américaines ou des officiers de la CIA ne seraient pas étrangères à l’assassinat d’Aidid.

1998 – Soudan. Des missiles américains détruisent des usines de production pharmaceutique supposées servir de lieux de production d’armement chimique à des fins terroristes.

Afghanistan, Opération Infinite Reach, en riposte aux attentats terroristes contre les ambassades américaines de Nairobi au Kenya et de Dar-es-Salaam en Tanzanie, bombardements massifs par la marine américaine de quatre camps d’entrainement dont Al Badr, El Farouq et Zawhar Kili. L’attaque américaine provoqua la mort de cinq agents secrets pakistanais de l’ISI.

1999 – Yougoslavie. Suite à l’opposition, entre l’Armée de Libération du Kosovo (UCK) qui mène des opérations de guérilla et les forces de polices serbes, la résolution 1199 du Conseil de sécurité (23 septembre 1998) exige un cessez-le-feu au Kosovo, le retrait des troupes serbes et l’ouverture de négociations directes. Malgré le retrait de 10 000 policiers serbes et la perspective d’un accord, les responsables kosovars refusent les pourparlers directs. Les affrontements reprennent. À la conférence de Rambouillet, Milosevic rejette l’ultimatum qui lui est proposé (véritable abandon de sa souveraineté au profit de l’OTAN). En mars 1999, sous l’impulsion des États-Unis, l’OTAN bombarde le Kosovo et la Serbie. Des centaines de bombes à uranium appauvri sont testées par les États-Unis.

2001 – 2014 : Afghanistan. Suite aux attentats commis le 11 septembre 2001 aux États-Unis et attribués à l’organisation Al-Qaïda qui dispose de camps d’entraînement en Afghanistan,  les États-Unis forment une coalition et bombardent massivement ce pays à partir de bases qu’ils implantent au Pakistan, provoquant la mort de dizaines de milliers de civils, la  victoire des combattants de l’Alliance du nord et la chute du régime des talibans.  Au sol, les États-Unis se lancent dans l’éradication des talibans et d’Al-Qaïda, tandis que les bombardements continuent malgré les protestations du gouvernement de transition. Les prisonniers de guerre se voient dénier tous les droits internationaux reconnus par les conventions internationales et certains sont déportés sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, où ils subissent un régime d’exception en violation de tous les principes légaux internationalement reconnus et de la législation américaine elle-même. Sous Barak Obama, la présence militaire est d’abord renforcée pour atteindre près de 100 000 soldats avant de décroître jusqu’en décembre 2014, où la guerre de l’OTAN en Afghanistan est officiellement déclarée achevée. Officiellement désignée « opération Enduring freedom » de 2001 à 2014, l’intervention en Afghanistan est accompagnée – sous la même dénomination – d’interventions aux Philippines, dans la Corne de l’Afrique ou encore au Sahel et au Sahara.

2002 – Irak, Iran et Corée du Nord. Les États-Unis placent ces pays au nombre des composantes de l’Axe du Mal, la nouvelle doctrine en vigueur (« guerres préventives »)  contre tous ceux qui ne s’alignent pas sur les États-Unis.

2002 – Irak. Dans le cadre de la « nouvelle grande stratégie impériale »,l’invasion de l’Irak est implicitement annoncée en septembre 2002 dans la National Security Strategy (SSN) présentée par l’administration Bush. Celle-ci affirmait que les États-Unis avaient l’intention de dominer le monde jusqu’à la fin de temps et de détruire toute puissance qui s’aviserait de les défier. Les Nations unies furent informées qu’elles n’auraient d’ « utilité » qu’à condition d’entériner les décisions que Washington prendrait de toute façon (…) La  « nouvelle grande stratégie impériale » fut immédiatement dénoncée, dans Foreign Affairs, comme une menace à la fois pour le monde et les États-Unis eux-mêmes. (…)

1996 – Irak. Lors de l’émission Punishing Saddam, 12 mai 1996 sur CBS, à la question de Lesley Stahl à Madeleine Albright :

Nous avons entendu qu’un demi-million d’enfants étaient morts [en Irak]. Je veux dire, c’est plus d’enfants décédés qu’à Hiroshima. Et vous savez, est-ce que ça en valait vraiment la peine ?

Madeleine Albright (ambassadrice américaine à l’ONU à l’époque) a répondu :

Je crois que c’est un choix très difficile, mais le prix… nous croyons que le prix en valait la peine.

2002 – Irak. Une abondante campagne de propagande et une série de mensonges d’État tendent à convaincre que le régime de Saddam Hussein représente une menace immédiate pour les États-Unis, notamment par des prétendues armes de destruction massive. Pression des États-Unis sur la communauté internationale pour lancer un corps expéditionnaire en Irak visant au renversement de Saddam Hussein, à l’instauration d’un gouvernement favorable à leurs intérêts, à l’obtention des principales parts de marchés en vue de la reconstruction du pays après bombardements, à l’octroi de concessions sur les immenses ressources pétrolières du pays. Fin 2002, les USA et leurs alliés anglais ont massé des dizaines de milliers de soldats sur-équipés sur place, prêts à une offensive.

 

2003-2011 – Irak. Les États-Unis, sans avoir pu obtenir l’autorisation du Conseil de sécurité,  envahissent l’Irak, dans la nuit du 19 au 20 mars, avec pour principaux alliés le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie et l’Espagne. Un déluge de feu s’abat sur le pays et la population dont déjà près de 500 000 personnes sont mortes en 10 ans du fait du blocus économique (800 missiles Tomahawk, 23 000 bombes à uranium, à fragmentation, mini-nucléaire). Un mouvement mondial d’opposition à la guerre et à l’agression militaire des États-Unis se développe en faveur de la paix et pour le respect du droit international. La majorité des pays de la planète condamnent l’agression américaine contre un pays souverain. Par cet acte les USA ouvrent la voix dangereuse et criminelle à la doctrine de la guerre préventive permettant d’attaquer tout pays ne se soumettant pas à la conception impérialiste américaine. Après la chute de Bagdad, Washington fait face à une forte résistance et impose au pays une législation acquise aux investissements des firmes américaines. À partir de 2007, la guerre de libération contre la présence états-unienne se double d’une guerre civile entre chiites et sunnites. En 2011, l’armée des États-Unis se retire (provisoirement) d’Irak mais reste confrontée aux conséquences du conflit irakien en Syrie avec le développement de l’État islamique en Irak et au Levant.

 

2003 – Sahara et Sahel. Dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », une Initiative Pan-Sahel est lancée pour aider et former les forces militaires et de sécurité des pays de la région. En 2007, les États-Unis engageront directement, dans le cadre de l’opération Enduring Freedom, un millier d’hommes dans une dizaine de pays.

 

2003 – Sao Tomé-et-Principe. Intervention militaire étatsunienne sur fond de défense des intérêts pétroliers dans le golfe de Guinée.

 

2004-… : Pakistan. Dans le contexte de la guerre (Guerre du Waziristan ou Guerre du Nord-Ouest du Pakistan) qui oppose l’armée pakistanaise aux mouvements armés diversement liés aux talibans afghans dans les zones dites « tribales », les États-Unis bombardent régulièrement ces régions – y intensifiant fortement, sous Barak Obama, la guerre des drones.

 

2004 – Algérie. Soutien militaire au gouvernement dans sa lutte contre le GSPC devenu AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).

 

2008-… – Somalie. Bombardements de plusieurs camps islamistes d’Al-Shabaab supposés être liés à Al-Qaïda.

 

2008-2009 – Palestine. Soutien à Israël (diplomatique, militaire et financier) dont l’envoi de 3.000 tonnes de munitions en prélude à l’opération Plomb Durci, menée par l’armée israélienne à Gaza, et qui fait plus de 1 000 morts (dont 2/3 de civils) contre le Hamas.

 

2009 – Barack Obama, Prix Nobel de la paix (sic).  Le New York Times du 15 mai 2016 signale un moment important de la présidence de Barack Obama : « Il a désormais été en guerre plus longtemps que M. Bush, ou tout autre président américain. »

 

2009-… – Yémen. Intervention croissante, d’abord contre la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique ; puis contre la rébellion houthiste, en soutien actif de l’Arabie saoudite.

 

2011 – Libye. Intervention des États-Unis sous l’égide de l’ONU.Le 19 mars 2011 commence le bombardement aéronaval de la Libye. En sept mois, l’aviation USA/Otan effectue 30 000 missions, dont 10 000 d’attaque, avec utilisation de plus de 40 000 bombes et missiles. À cette guerre participent activement les toutous français et anglais. L’Italie met à disposition ses bases aériennes (Trapani, Gioia del Colle, Sigonella, Decimomannu, Aviano, Amendola et Pantelleria) en foulant le Traité d’amitié, partenariat et coopération entre les deux pays.

 

2014 -… – Syrie. (…) La vérité toute simple est que la Syrie est la victime d’une Entreprise Criminelle Concertée de longue date pour détruire le dernier état nationaliste arabe laïque au Moyen-Orient, suite à la destruction de l’Irak en 2003. Alors qu’il avait été attribué à la répression gouvernementale de « manifestants pacifiques » en 2011, le soulèvement armé avait été préparé depuis des années et était appuyé par des puissances étrangères: l’Arabie Saoudite, la Turquie, les États-Unis et la France, entre autres. Les motivations françaises demeurent mystérieuses à moins qu’elles ne soient liées à celles d’Israël, qui voit la destruction de la Syrie comme un moyen d’affaiblir son grand rival dans la région, l’Iran. L’Arabie Saoudite possède des ambitions similaires d’affaiblissement de l’Iran, mais pour des motifs religieux. La Turquie, l’ancienne puissance impériale de la région, possède des ambitions territoriales et politiques qui lui sont propres. Le découpage de la Syrie peut tous les satisfaire. (…)Diana Johnstone

 

Source : Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Éditions Agone 2017, quatrième édition complétée et actualisée.

 

via Freedom… Freedom… La Guerre, encore et toujours au nom de la Liberté ! – LE BLANC ET LE NOIR

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