«Fake news» ? De l’Elysée au gouvernement, ces cinq fois où l’exécutif français a malmené la réalité

De gauche à droite, en haut : Julien Denormandie et Jean-Yves le Drian ; en bas : Bruno Roger-Petit et Emmanuel Macron (photomontage d’illustration).

En début d’année, Emmanuel Macron ciblait spécifiquement les médias étrangers pour annoncer son projet de loi contre les «fake news». Mais le gouvernement lui-même n’est pas irréprochable.

«Les pouvoirs du régulateur seront profondément repensés durant l’année 2018 […] pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers», déclarait Emmanuel Macron, le 3 janvier 2018, lors de ses vœux à la presse. Cette formule annonçait le projet de loi relative à la lutte contre les fausses informations.

Mais l’exécutif français lui-même s’est parfois montré peu soucieux d’exactitude des faits. RT France a recensé, chronologiquement, cinq fausses informations relayées tantôt par l’Elysée, tantôt par des membres du gouvernement. Leur point commun : elles ont toutes été annoncées en 2018.

Il n’y a qu’une cinquantaine d’hommes isolés à la rue en Ile-de-France

Le 30 janvier 2018, Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, ouvre le bal des inexactitudes en dévoilant le nombre «très précis» de sans-abri en région parisienne.

En effet, à l’heure où le débat s’intensifie autour de l’engagement non tenu d’Emmanuel Macron de ne ne plus voir «personne dans les rues, dans les bois [d’ici la fin de l’année 2017]», Julien Denormandie est invité à l’antenne de France Inter pour commenter la situation. Interrogé sur le nombre de personnes qui ont dormi dehors dans la nuit ayant précédé son passage en radio, le secrétaire d’Etat répond : «C’est à peu près une cinquantaine d’hommes isolés, pour être très précis».

Malgré le caractère difficilement vérifiable de ce chiffre, l’association Médecins du Monde n’avait pas tardé à dénoncer un «déni de réalité». La ville de Paris avait par la suite, le 15 février, organisé son propre recensement, dénombrant 2 952 sans-abri dans les rues de Paris.

La France a convaincu Donald Trump qu’il était nécessaire de rester en Syrie

Dans un entretien télévisé diffusé le 15 avril 2018, Emmanuel Macron assure avoir convaincu son homologue américain de maintenir ses troupes en Syrie et déclare : «Il y a 10 jours, le président Trump disait : les Etats-Unis d’Amérique ont vocation à se désengager de la Syrie, nous l’avons convaincu qu’il était nécessaire d’y rester […], je vous rassure, nous l’avons convaincu qu’il fallait rester dans la durée.»

Mais, que quelques heures plus tard la Maison Blanche recadre l’Elysée, par la voix de sa porte-parole Sarah Sanders. Laquelle explique que le retour «dès que possible» des forces américaines est toujours au programme.

Le pouvoir persuasif d’Emmanuel Macron sur Donald Trump concernant l’évolution de la stratégie des Etats-Unis en Syrie reste donc à confirmer. Mais il est vrai que la position de l’administration américaine à ce sujetétait trouble. Ainsi le département d’Etat américain avait à la même époque affirmé ignorer un éventuel projet de Donald Trump concernant le retrait des troupes américaines en Syrie.

Frappes françaises en Syrie : un résultat parfait

Poisson d’avril bis ? Le 19 avril 2018, alors qu’il est interrogé par Ruth Elkrief sur BFMTV, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian se félicite de l’efficacité des frappes françaises en Syrie, affirmant catégoriquement : «Le résultat est parfait».

Cependant, entre des incidents techniques et des problèmes de largage de missiles respectivement rencontrés par la marine nationale et l’armée de l’air française, plusieurs loupés sont venus nuancer la version pour le moins enthousiaste de Jean-Yves le Drian…

Selon Emmanuel Macron, «le père de Steve Jobs était un réfugié syrien» (en juillet 2018)

Dans un tweet publié le 4 juillet 2018, Emmanuel Macron juge opportun de convoquer l’exemple de Steve Jobs pour inciter les Nigérians à avoir confiance en eux. Il n’hésite alors pas à présenter le père du fondateur d’Apple comme un réfugié syrien, ce qu’il n’était absolument pas…

Affaire Benalla : la communication ratée du porte-parole de l’Elysée (en juillet 2018)

Pour faire face au début de crise politique que s’apprête à traverser l’exécutif français dans le cadre de l’affaire Benalla, le 19 juillet 2018, l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit effectue sa première intervention face caméra, en tant que porte-parole de l’Elysée. Le communiquant y multiplie les erreurs. En effet, il affirme par exemple qu’Alexandre Benalla a «été mis à pied pendant quinze jours avec suspension de salaire» dès que l’entourage d’Emmanuel Macron a pris connaissance de la vidéo compromettante. Il qualifie par ailleurs cette décision de «sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission». Cependant, ces deux assertions ont par la suite été infirmées.

Pour la première, on apprend finalement le 25 juillet de la bouche de Patrick Strzoda qu’Alexandre Benalla a été payé pendant ses 15 jours de suspension, le chef du cabinet d’Emmanuel Macron précisant qu’il a été décidé (après médiatisation de l’affaire deux mois plus tard) que «ses 15 jours de suspension [fasse]nt l’objet d’une retenue sur les droits à congés qu’il avait en reliquat au titre de l’année 2017».

Pour la deuxième, comme l’explique RTL sur son site, d’autres chargés de mission ont par le passé connu des sanctions plus lourdes que la décision initialement prononcée à l’encontre d’Alexandre Benalla. Par exemple Aquilino Morelle, conseiller de François Hollande en 2014, «purement et simplement éjecté du Palais en moins de 24 heures» dans le cadre d’une affaire de conflit d’intérêts impliquant un cirage de chaussures. RTL rappelle également le cas du conseiller en nouvelles technologies de Nicolas Sarkozy, licencié en 2008 immédiatement après son arrestation pour conduite en état d’ivresse…

 

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