Un peu d'air frais

Février 2017 : quand Libération étouffait l’affaire Modem en pleine campagne présidentielle

Dans un livre publié en 2015, qui resurgit sur les réseaux sociaux, l’ancienne membre du Modem affirmait qu’au moins une permanente du parti avait été payée par le Parlement européen. «Tout faux», selon le nouvel allié d’Emmanuel Macron.

Le Pen, Bayrou, même turpitude ? A en croire des accusations formulées par Corinne Lepage, ancienne députée européenne sous l’étiquette Modem de 2009 à 2014, le parti présidé par François Bayrou aurait fait rétribuer au moins une permanente du parti centriste par le Parlement européen en lui donnant les qualités d’assistante de Marielle de Sarnez, députée européenne à l’époque et toujours numéro 2 du Modem. Un montage qui aurait ainsi permis d’assurer le salaire de la secrétaire particulière de François Bayrou, assure-t-elle dans un livre paru… en 2015 et intitulé les Mains propres, plaidoyer pour une société civile (Autrement). Une accusation passée totalement inaperçue lors de la parution de cet opuscule mais qui ressurgit aujourd’hui, tous azimuts, sur les réseaux sociaux, cinq jours à peine après l’annonce par le maire de Pau de son ralliement à la candidature d’Emmanuel Macron.

Une remise au goût du jour très «opportune» aux yeux de François Bayrou qui, dès hier soir, s’est fendu d’un tweet : «Tout faux.» A l’époque, une des employées du Modem cumulait deux fonctions à mi-temps. La première comme secrétaire œuvrant pour le parti et donc rétribué par ce dernier et pour l’autre mi-temps, un poste de secrétariat mais auprès d’un député européen et donc payé à ce titre par Bruxelles. Avec un travail effectif qui consistait à gérer agendas et courriers du parlementaire européen. «Je tiens à disposition tous les bulletins de salaire», précise François Bayrou en affichant sa sérénité.

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Rien d’illégal dans tout cela. Juste une petite astuce d’un employeur qui ne veut pas trop alourdir sa masse salariale. Et pour le coup, le parallèle avec les pratiques frontistes n’est pas forcément totalement infondé. «Il ne faut pas non plus se cacher derrière son petit doigt, constate un député européen LR. Je ne connais aucun parti qui fasse autrement. Avec parfois effectivement un système de mi-temps avec deux salaires : l’un venant de l’Europe et l’autre du parti. Sauf que le FN en a fait un système intégralement rétribué par l’Europe pour un travail uniquement consacré au fonctionnement du parti.»

Reste que l’accusation formulée par Corinne Lepage ressurgit aujourd’hui fort opportunément trois ans après avoir été lancée. Alors que François Bayrou a scellé son alliance avec Emmanuel Macron sur la promesse d’une grande loi de «moralisation de la vie publique». La résurgence des accusations portées par Corinne Lepage, démissionnaire du Modem après ce mandat européen, «n’est que le fruit d’une bienveillance universelle de la part de gens qui ne nous veulent que du bien», ironise un François Bayrou en verve. A l’époque, le parti avait renoncé à porter plainte en diffamation «pour ne pas donner à cette histoire plus de résonance qu’elle n’en méritait. Corinne Lepage s’est toujours illustrée par sa loyauté», ironise un proche du président du Modem.

Christophe Forcari

via Février 2017 : quand Libération étouffait l’affaire Modem en pleine campagne présidentielle – Fdesouche

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