La mairie de Paris égratignée sur sa gestion «forestière »

Pas de volée de bois vert… mais une série de critiques et des recommandations pour améliorer les choses. La chambre régionale des comptes (CRC) qui a consacré un rapport à la gestion des bois de Vincennes et de Boulogne — le 3e depuis 2006 — dresse un bilan mitigé de l’action de la Ville, propriétaire de ces deux poumons verts de la capitale depuis le second Empire. En cause : un manque de contrôle du respect du cahier des charges et des travaux demandés aux multiples concessionnaires privés qui bénéficient de conventions d’occupation dans les bois.

L’enjeu est pourtant de taille. Des hippodromes aux restaurants en passant par les associations sportives ou les clubs huppés (essentiellement dans le bois de Boulogne), on ne recense pas moins de 67 établissements disposant d’une convention d’occupation ou d’une délégation de service public dans les deux espaces verts. Les redevances qu’ils versent ont rapporté près de 30 M€ à la Ville en 2015.

Cette manne «forestière» pourrait être bien plus importante estiment les rapporteurs de la CRC qui relèvent plusieurs imperfections dans le «pilotage » des concessions. Si les magistrats rappellent que Paris attribue ces concessions sur appel d’offres depuis 2004 (alors que cette procédure n’est obligatoire que depuis cette année), ils critiquent cependant le faible niveau d’exigence de la mairie vis-à-vis des heureux lauréats.

Le rapport revient ainsi longuement sur l’épisode de la coûteuse dépollution des terrains du Tir au Pigeons (un très chic cercle privé de ball-trap du Bois de Boulogne) infestés de plomb que la Ville a financé pour moitié. «A tort », estiment les enquêteurs de la CRC qui invite la Ville à récupérer les 650.000€ versés.

Autre concession problématique : celle de l’hippodrome de Vincennes, signée en 1976 (pour une durée de 50 ans !) dans des conditions «peu avantageuses pour la Ville ». La redevance que la Société d’encouragement à l’élevage du cheval français lui verse est proportionnelle aux droits d’entrée à l’hippodrome mais elle ne prend pas en compte les recettes annexes (produits dérivés, redevance des 4 restaurants et des 6 bars du site) du concessionnaire. En 2014, l’hippodrome a ainsi versé 58 000€ à la Ville contre… 8,4 M€ la même année pour les hippodromes d’Auteuil et de Longchamp.

La CRC a relevé le même « manque à gagner » dans la convention du jardin d’acclimatation accordée à une filiale du LVMH (NDLR : propriétaire du Parisien). La encore, la redevance indexée sur le nombre d’entrées dans le parc ne tenait pas compte des redevances versées au jardin d’acclimatation par ses «sous-concessionnaires », les manèges notamment. Les tarifs municipaux ont été multipliés par trois lors du réattribution de la concession en 2016.

«Le montant des redevances a été systématiquement revalorisé, souvent dans des proportions importantes », a indiqué la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans sa réponse à la CRC. «Le rapport, très positif, énumère une série d’améliorations que nous avons déjà mises en place», a souligné Julien Bargeton (alors encore adjoint aux finances) lors de sa présentation du dossier au dernier Conseil de Paris.

Repères 1 841 hectares. C’est la superficie cumulée des bois de Vincennes (995 ha) et de Boulogne (846 ha), tous deux confiés à la Ville par l’Etat au milieu du XIXe siècle.

67 établissements (privés pour la plupart) bénéficient d’une convention d’occupation du domaine public ou d’une délégation de service publique (camping du bois de Boulogne, jardin d’acclimatation, parc floral) dans les bois.

28,5 M€ de redevance ont été versés à la Ville par les 16 plus grosses concessions « forestières » en 2015. Près de 90 % de ces gros contributeurs se trouvent dans le bois de Boulogne.

8,5 M€. C’est le montant de la redevance payée en 2015 par les hippodromes d’Auteuil et Lonchamp. Ces recordman des concessions étaient suivi en 2015 par le stade de Roland-Garros (6,5 M€), le centre sportif de la Croix Catelan (3,3 M€) et le polo de Bagatelle (1,4 M€) dont la concession a été reconduite jusqu’en 2034.

 

via La mairie de Paris égratignée sur sa gestion «forestière » – Le Parisien

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