La vitamine C sous silence

Je suis médecin généraliste, installé à Bologne. En plus de mon travail habituel, pendant cette pandémie, j’ai effectué des gardes comme volontaire, à l’instar de beaucoup de mes collègues, dans des centres médicaux hospitaliers vers lesquels les patients suspectés de COVID-19 sont adressés.

Dernièrement, j’ai été étonné que les media fournissent si peu d’informations sur l’utilisation thérapeutique de la Vitamine C (Acide ascorbique). J’ai donc essayé d’élargir mes connaissances à ce sujet et j’ai fait des découvertes très intéressantes.

J’ai d’abord parlé à des collègues de la publication de lignes directrices pour la thérapie COVID-19 à Shanghai le 1er mars 2020 (1) recommandant des doses élevées en injections intraveineuses de vitamine C. Certains  ont montré de l’intérêt, mais beaucoup ont simplement souri comme s’il s’agissait de plaisanteries. J’ai alors compris que cette attitude en Italie et dans le reste du monde occidental s’explique par le passage sous silence de l’utilisation thérapeutique de la vitamine C, en particulier pour le COVID-19. En effet, le mécanisme est le suivant : si vous ne parlez pas d’un fait, ce fait n’existe pas. De plus, lorsque les médias abordent ce sujet, ils le ridiculisent et le traitent comme une « fake news ».

Pour la première fois, la vitamine C en intraveineuse est incluse dans des directives thérapeutiques, nouvelle  qui n’ébranle aucunement le mur des préjugés à ce sujet.

Cependant, le manque d’information ne touche pas seulement les médias : les manuels de biochimie enseignent aux étudiants en médecine que la vitamine C est essentielle à la synthèse du collagène et qu’elle peut guérir le scorbut, mais la plupart d’entre eux n’évoquent pas ses nombreuses autres fonctions biochimiques.

Lorsque le niveau de vitamine c s’effondre

Ensuite, j’ai découvert certaines publications de Harri Hemilä, professeur à l’Université d’Helsinki et l’un des plus grands experts mondiaux de la vitamine C, que j’ai trouvé très intéressantes. J’ai été frappé non seulement par les résultats des recherches d’Hemilä, mais aussi par les données d’autres études rapportées dans l’introduction de la deuxième des méta-analyses citées ci-dessous : de nombreux patients hospitalisés présentent des taux plasmatiques de vitamine C inférieurs au seuil de risque du scorbut, soit 11 μmol/L (micromoles par litre). Chez les individus en bonne santé, un apport d’environ 100 mg (milligrammes) par jour de vitamine C conduit à des taux plasmatiques de 50 à 60 μmol/L.

Le scorbut est dû à un apport insuffisant et/ou à une consommation élevée de vitamine C par l’organisme. Il peut entraîner la mort en quelques mois, principalement par hémorragie et infection. On le savait il y a 500 ans, sans en connaître la cause. Il semble que lors du tour du monde de Magellan de 1519 à 1522, plus de 80 % des marins sont morts du scorbut.

Et donc, même une personne saine, mais qui reste constamment en dessous de 11 μmol/L, peut mourir du scorbut en quelques mois.

Cela arrive parce que les humains, les cobayes et quelques rares autres animaux sont les seuls parmi les animaux et les plantes qui soient incapables de produire de la vitamine C. Toutes les autres animaux et plantes en produisent, et dans des situations stressantes telles que la maladie ils en augmentent la synthèse (mais cela n’est enseigné ni à l’école ni à la faculté de médecine). Nous avons perdu le gène de l’enzyme GLO (L-gulonolactone oxydase), essentielle à la synthèse de la vitamine C. Par conséquent, nous sommes obligés de la prendre avec la nourriture ou des suppléments.

Voici les pourcentages de patients hospitalisés présentant des taux de vitamine C comme ceux du scorbut trouvés dans diverses études (voir l’introduction de la deuxième méta-analyse). Le signe « < » signifie « inférieur à » : en Écosse, à Paris, au Canada, en Australie et dans un hospice, respectivement 35 %, 17 %, 19 %, 21 % et 30 % des patients avaient des taux plasmatiques de vitamine C < 11 μmol/L. Dans une autre étude menée à Paris, 44 % des patients avaient un taux plasmatique de vitamine C < 6 μmol/L. Une autre étude française a révélé que sur 145 patients âgés hospitalisés, 18 présentaient des symptômes cliniques du scorbut !

De faibles niveaux de vitamine C peuvent prédire le développement d’une Défaillance Multiviscérale  (DMV) chez les patients à risque (2), avec des niveaux moyens significativement plus faibles, pendant tous les jours de soins intensifs, chez les patients qui développent une DMV que chez ceux sans DMV, valeurs allant respectivement de 2,7 à 4,9 et de 8,2 à 12,3 μmol/L au cours des 4 premiers jours (Borrelli E et al., 1996).

Il existe des preuves suffisantes pour mesurer le taux sanguin de vitamine C chez tous les patients gravement malades et pour administrer de la vitamine C, en vue de rétablir pour le moins une concentration normale. Plus l’état d’un patient est grave, plus la consommation de vitamine C par l’organisme est importante. Car la vitamine C est un puissant antioxydant, a une action anti-inflammatoire et immunostimulante et est nécessaire à la synthèse de certains neurotransmetteurs et vasopresseurs, tels que la dopamine, l’adrénaline et la noradrénaline – utilisés dans le traitement de la septicémie – et probablement la sérotonine.

Au contraire, presque personne n’en parle ou ne semble intéressé.

Cependant, les cellules du système immunitaire semblent en avoir tellement besoin qu’elles se remplissent de vitamine C à une concentration allant jusqu’à 80 à 85 fois celle du plasma (3) (Evans RM, Currie L, Campbell A, 1982).

La méta-analyse de Harri Hemilä et Elizabeth Chalker (4) publiée dans le Journal of Intensive Care en février 2020 montre que, dans 5 études menées chez 471 patients atteints de sepsis ou de maladies cardiaques qui nécessitaient une ventilation mécanique pendant plus de 10 heures, une dose de 1 à 6 grammes par jour de vitamine C réduisait le temps de ventilation de 25 % en moyenne, avec une significativité statistique très élevée (P < 0,0001). Une donnée est statistiquement significative lorsque P < 0,05, ce qui signifie qu’il existe une probabilité inférieure à 5 % que le résultat soit aléatoire. De plus, les auteurs ont montré l’absence de différences significatives d’efficacité, dans ces contextes, entre l’administration orale de vitamine C (si c’est possible) et l’administration intraveineuse.

Une autre méta-analyse des mêmes auteurs (5) montre que la vitamine C, dans

12 études incluant 1766 patients, a raccourci la durée moyenne de séjour en USI (Unité de soins intensifs) de 7,8 %, avec P = 0,00003 . Dans l’une des études incluses dans la méta-analyse (Zabet et al., 2016) (6), la vitamine C intraveineuse à une dose de 25 mg/kg (milligrammes par kilo) toutes les 6 heures pendant 72 heures a réduit de 78 % la mortalité des patients en choc septique par rapport au placebo (P = 0,009). On entend par « placebo » une substance inactive à la place de la vitamine C.

La méta-analyse d’Hemilä et Chalker (7) intitulée « Vitamin C for preventing and treating the common cold » (Cochrane Review), se concentre sur la supplémentation orale en vitamine C pour prévenir et traiter le rhume commun (« common cold »), c’est-à-dire des symptômes des voies respiratoires hautes pouvant être causés par de nombreux virus.

Les résultats montrent qu’une supplémentation orale régulière en vitamine C n’est pas efficace pour réduire l’incidence (c.-à-d. le pourcentage de personnes ayant au moins un épisode sur une période donnée) du rhume commun dans la population générale, sauf dans certaines catégories de population, notamment les athlètes et soldats soumis à un stress physique intense et/ou au froid, pour lesquels l’incidence est inférieure à 50 % dans le groupe supplémenté en vitamine C par rapport au groupe placebo (p < 0,00001, voir page 85).

Cependant, il existe des preuves très solides que la supplémentation orale régulière diminue la durée et l’intensité des symptômes, avec une grande significativité statistique : la réduction moyenne de la durée du syndrome est de 8 % chez les adultes et de 14 % chez les enfants, avec les valeurs suivantes de P : adultes P = 0,00018, enfants P = 0,000053 (voir analyse 2.1, pages 86-87).

Pourquoi la vitamine C semble-t-elle plus efficace sur certaines pathologies graves ou critiques que sur le rhume commun ? Le niveau de vitamine C s’effondre littéralement chez les patients gravement malades, juste au moment où ils en ont le plus besoin. C’est probablement pour cette raison que son administration est si efficace dans ces cas-là. C’est le concept-clé : plus les cas sont sévères – et plus la consommation de vitamine C par l’organisme est élevée – plus son administration est efficace. En revanche, une maladie bénigne comme le rhume commun entraîne probablement une consommation plus faible de vitamine C. Cependant, son incidence baisse considérablement, par rapport au placebo, chez les athlètes et soldats soumis à un stress physique intense et/ou au froid qui prennent de la vitamine C, probablement en raison de sa forte consommation dans ces conditions.

Une année cruciale pour la vitamine c : qu’est-il arrivé en 1975 ?

Dans l’article de Hemilä « Vitamine C et infections » (8) publié en 2017, qui retrace l’histoire des études à ce sujet depuis les années 1920, une section intitulée « Évaporation de l’intérêt pour la vitamine C et le rhume commun après 1975 » mérite un intérêt particulier. Il explique pourquoi, après de nombreuses recherches entre 1970 et 1975 qui ont démontré l’efficacité de la vitamine C pour réduire la durée et l’intensité du rhume commun, l’intérêt scientifique à ce sujet s’est soudainement évanoui.

En 1975, trois études ont été publiées dans deux des principales revues médicales du monde par deux auteurs célèbres et très cités, Thomas Chalmers et Paul Meier, qui ont fait valoir que la vitamine C était inefficace dans le rhume commun. Le lauréat du prix Nobel Linus Pauling a écrit une critique de l’une de ces trois études (Dykes et Meier) et l’a présentée à JAMA. Pauling a déclaré plus tard que son document avait été rejeté même après avoir apporté deux fois des modifications pour tenir compte des suggestions des examinateurs. Ces publications ont eu une influence énorme et ont été citées par la suite dans de nombreux articles à ce sujet et dans des manuels médicaux.

Dans les années 1990, Hemilä, qui est également expert en statistiques et en analyse de publications scientifiques, a montré que ces trois études contenaient des erreurs de procédure et de calcul, des omissions, et qu’une grande quantité de données avait été exclue de l’une d’entre elles (Karlowsky, Chalmers et al.) sans explication. Malheureusement, cela n’a pas provoqué la réaction que ses études méritaient dans le monde médico-scientifique.

Le  » frontline COVID 19 Critical care Alliance » 

Plus tard, j’ai trouvé une interview du professeur Paul Marik (9), directeur de l’unité de soins intensifs de l’EVMS (Eastern Virginia Medical School à Norfolk), qui en 2017 a mis au point une thérapie intraveineuse avec de l’Hydrocortisone, de la Vitamine C à une dose de 1,5 gramme toutes les 6 heures et de la Thiamine (= Vitamine B1) (10) pour le traitement du sepsis sévère et du choc septique (protocole « HAT ») : son étude « Before-After » a montré une mortalité dans le groupe traité de 8,5 % contre 40,4 % dans le groupe témoin (p < 0,001), ce qui signifie une réduction de 79 %.

Bien que les études Before-After aient un niveau de preuve inférieur à celui des Études Contrôlées Randomisées (ECR – « randomiser » signifie assigner les patients à un groupe de traitement sur la seule base du hasard), qui à leur tour ont un niveau de preuve inférieur par rapport aux Méta-Analyses d’ECR, le résultat extraordinaire de la réduction de 79 % de la mortalité en cas de sepsis sévère et de choc septique ne peut absolument pas être ignoré. Le résultat est exactement le même que celui de l’ECR de Zabet et al. (voir ci-dessus).

Le docteur Marik vient de créer un réseau de 11 médecins et professeurs

(11) des États-Unis (Virginie, Wisconsin, New York, Tennessee, New Jersey, Ohio, Texas, Californie), de Norvège et du Bailliage de Guernesey, principalement des services de soins intensifs et médecine d’urgence, qui utilisent et promeuvent un protocole très similaire, « MATH+ », pour le traitement du COVID-19 (12). Ce protocole comprend une thérapie intraveineuse avec de la méthylprednisolone (une cortisone), de la vitamine C à une dose de 50 mg/kg toutes les 6 heures, de la thiamine et de l’héparine sous-cutanée de bas poids moléculaire (un anticoagulant), ainsi que d’autres médicaments oraux, dont la vitamine D. Le réseau essaie de diffuser cette thérapie aux États-Unis et à l’étranger, mais le message ne semble pas passer, apparemment en raison des énormes obstacles liés à la vitamine C. Jusqu’au 20 juillet 2020, les deux hôpitaux qui ont adopté le protocole MATH + (United Memorial Hospital à Houston et Norfolk General Hospital à Norfolk) affichaient en moyenne un taux de mortalité COVID-19 de

5,1 %, contre 10 à 30 % des taux de mortalité rapportés par d’autres hôpitaux : voir « Clinic and Scientific Rationale for the MATH+ Hospital Treatment Protocol for COVID-19 » (13) par Kory P, Meduri U, Iglesias J, Varon J et Marik PE,  publié dans le Journal of Intensive Care Medicine en décembre 2020.

En raison des nouvelles preuves soutenant l’efficacité du médicament Ivermectine dans la prophylaxie et le traitement du COVID-19, l’Alliance FLCCC a récemment développé un nouveau protocole de prophylaxie et de traitement ambulatoire précoce appelé I-MASK+ (14), qui comprend l’ivermectine, la vitamine D, la vitamine C, le zinc et d’autres médicaments, et a inclu l’ivermectine dans le protocole MATH+ comme médicament de base.

Contraste saisissant entre certaines études

D’une part, l’étude ouverte, multicentrique et randomisée de 2020, appelée « VITAMINS » (15), par Fujii T, Luethi N, Young PJ et al., a comparé la thérapie HAT de Marik à la seule hydrocortisone en état de choc septique.

Cette étude n’a pas montré de différences significatives entre les deux groupes.

Malheureusement, l’étude VITAMINS ne dispose pas de données complètes sur le temps écoulé entre la présentation à l’hôpital ou l’entrée en USI et la première dose de vitamine C  (de l’admission à l’USI à la randomisation : 13,7 heures. Du moment où étaient satisfaits les critères d’éligibilité à la première dose : 12,1 heures. De la randomisation à la première dose : 14,9 heures chez 20 % des patients – voir la sous-étude sur la pharmacocinétique (16) par Hudson EP et al.). Cependant, le temps écoulé entre la présentation et la première dose est apparemment trop long pour permettre une comparaison avec le traitement de Marik, puisque Marik déclare clairement que l’administration précoce du traitement HAT est cruciale et devrait idéalement commencer dans les 6 heures suivant la présentation à l’hôpital (« door to needle time »), car le choc septique est une maladie hautement dépendante du temps.

D’autre part, l’étude rétrospective de 2020 « Hydrocortisone-Ascorbic Acid-Thiamine Use Associated with Lower Mortality in Pediatric Septic Shock » (17) de Wald EL et al., menée à Chicago, qui comprenait des enfants souffrant de choc septique, a comparé 3 groupes : 43 enfants traités avec le protocole HAT, 43 traités avec la seule hydrocortisone et 43 témoins. Le critère de jugement principal était la mortalité à 30 jours ; le résultat est surprenant : la mortalité dans le groupe HAT était de 69,2 % inférieure à celle du groupe « hydrocortisone seule » (P = 0,01) et de 66,7 % inférieure à celle du groupe témoin (P = 0, 03). Le traitement HAT a été administré avec une médiane de 12 heures après l’admission à l’unité de soins intensifs pédiatriques.

Une différence aussi marquée entre les résultats de ces études est difficile à expliquer. Si, comme il semble, dans l’étude VITAMINS le traitement HAT a été administré beaucoup plus tard que ce que Marik suggère, cela pourrait éventuellement expliquer son manque d’efficacité dans cet essai.

La citation « boomerang »

Certains critiques des thérapies à la vitamine C citent triomphalement une étude de 2019 intitulée « CITRIS-ALI » (18) comme s’il s’agissait d’un trophée de chasse. Mais ils ne l’ont pas lu attentivement, et j’en veux pour preuve :

1 – Cet ECR multicentrique, réalisé par Fowler AA III, Truwit JD, Hite RD et al., a testé la vitamine C par voie intraveineuse dans le SDRA induit par le sepsis (= Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë, qui est une complication dévastatrice d’un sepsis sévère, avec un taux de mortalité élevé). Les trois critères d’évaluation principaux fixés par les auteurs n’ont pas été modifiés de manière significative par la vitamine C. Les critères d’évaluation principaux mesurent les résultats qui répondent à la question principale posée par un essai. Dans cet essai, le plus important d’entre eux était un score clinique (score SOFA, mesuré 4 jours après la randomisation). Mais ce n’est pas un « résultat cliniquement pertinent », comme la mortalité, les accidents vasculaires cérébraux, l’infarctus du myocarde et la qualité de vie. C’est pourquoi il est appelé résultat « de substitution » ou « intermédiaire », qu’il vaudrait mieux l’utiliser comme un critère secondaire et non pas primaire.

2 – La vitamine C a plutôt modifié de manière significative trois des 46 résultats secondaires, en particulier la mortalité. Autrement dit, la mortalité était un critère secondaire. Mais elle s’est avérée être significativement plus faible dans le groupe vitamine C (29,8 %) que dans le groupe placebo (46,3 %), avec P = 0,01. Et cette mortalité a été calculée

28 jours après la randomisation. Mais la vitamine C n’a été administrée que les 4 premiers jours ! Ajoutons d’autres résultats secondaires mais cliniquement pertinents, améliorés de manière significative grâce à la vitamine C, tel que le nombre de jours sans soins intensifs jusqu’au jour 28 et tel que le nombre de jours sans hôpital jusqu’au jour 60.

3 – Au cours des 4 jours d’administration de vitamine C au groupe expérimental, beaucoup plus de patients sont décédés dans le groupe placebo (22,9 % contre 4,8 % dans le groupe vitamine C : là encore, une réduction de 79 % – voir présentation par le Dr Fowler sur la même page Web, min. 20:00 à 21:27). Très probablement, les patients décédés présentaient les pires scores cliniques. Mais ces patients, ainsi que leurs scores, n’ont pas été tenus en compte (le score SOFA n’a été calculé que sur les survivants, après 4 jours : voir min. 22:50 à 23:45). Ceci est appelé « biais de survie » et pourrait expliquer l’absence de différences significatives dans les principaux critères de jugement entre le groupe vitamine C et le groupe placebo. Voir la courbe de mortalité et l’impressionnante différence entre les deux groupes au cours des 4 premiers jours (19).

4 – Le rapport d’étude précise que les résultats sur l’effet significatif de la vitamine C sur la mortalité, les jours sans soins intensifs et les jours sans hôpital « reposent sur des analyses qui ne tiennent pas compte de comparaisons multiples et doivent donc être considérées comme exploratoires ». Le 7 octobre 2020, un article de Hemilä et Chalker a très clairement démonté cette thèse (20)

Conclusion : nous savions que la vitamine C réduisait la mortalité en cas de sepsis et de choc septique. Nous savons aujourd’hui qu’elle réduit aussi la mortalité dans le SDRA induit par le sepsis.

Il est intéressant de noter que les taux plasmatiques de vitamine C au moment du recrutement étaient inférieurs à la normale (< 28 μmol / L) chez tous les patients  de cette étude, ce qui est cohérent avec les données mentionnées précédemment.

Arme supplémentaire, pas de remède miracle

Je ne veux pas dire par là que la vitamine C est un remède miracle.

Pour briser le mur des préjugés et du silence, le point central est de se concentrer davantage sur le rapport bénéfice/risque plutôt que sur l’éternelle discussion sur l’efficacité de la vitamine C, en particulier au cours d’une pandémie comme la nôtre où on n’a encore trouvé aucun médicament sûrement efficace et où de nombreuses personnes continuent à mourir.

Plus précisément, je tiens à dire que :

1 – Il existe des preuves solides que la vitamine C est efficace, sous forme de supplémentation régulière, contre le rhume commun et, en tant que thérapie, dans le traitement d’affections beaucoup plus graves (voir la première méta-analyse d’Hemilä sur des études chez des patients ventilés mécaniquement souffrant de sepsis ou de maladie cardiaque).

2 – Les preuves solides que le taux plasmatique de vitamine C chute violemment chez les patients gravement malades, souvent à l’égal de celui du scorbut, exigent au moins qu’on le mesure chez ces patients et qu’on rétablisse une concentration sanguine normale. Peu importe que l’on croie ou non que la vitamine C est efficace pour des maladies autres que le scorbut.

3 – Les effets secondaires de la vitamine C sont quasiment inexistants, mis à part le risque accru de calculs rénaux lorsqu’elle est prise à fortes doses et à l’exception de quelques effets gastro-intestinaux mineurs. Il a également été démontré qu’elle était sans danger par voie intraveineuse à des doses élevées couramment utilisées (50 mg/kg 4 fois par jour dans les protocoles américains, des doses similaires dans les lignes directrices chinoises). De plus, le coût de la vitamine C par voie intraveineuse est très bas. Il faut utiliser des doses plus faibles, comme c’est le cas pour de nombreux médicaments, par exemple, chez les patients présentant une insuffisance rénale, chez ceux qui prennent des anticoagulants coumariniques tels que la warfarine, chez les patients atteints de favisme (déficit enzymatique G6PDH) et d’anémie falciforme, pendant la grossesse et l’allaitement. La vitamine C par voie intraveineuse peut aussi modifier le test de glycémie capillaire.

4 – Par conséquent, tant le rapport risque-bénéfice que le rapport coût-bénéfice sont clairement en faveur du recours à la vitamine C.

Cependant, les personnes souhaitant prendre de la vitamine C doivent demander à leur médecin la posologie et les contre-indications individuelles. Par exemple, les comprimés de vitamine C extraits de plantes contiennent généralement des bioflavonoïdes et on ne sait pas si les bioflavonoïdes sont sans danger pendant la grossesse et l’allaitement. La vitamine C est contre-indiquée dans l’hémochromatose et peut avoir des interactions avec certains médicaments tels que les anticoagulants coumariniques, les œstrogènes et le bortézomib.

La vitamine C est simplement une arme supplémentaire, à utiliser en conjonction avec – et non à la place – d’autres traitements du COVID-19 ainsi qu’avec un vaccin sûr et efficace, et bien sûr en association avec – et non à la place – des mesures préventives connues telles que distance interpersonnelle, masque facial, lavage des mains, désinfection et mesures de confinement.

Malheureusement, ce sujet reste sous silence.

Elle est sûre, efficace et pas chère : pourquoi ne pas s’en servir ? La réponse n’est pas dans le vent, tous la connaissent : le grand manque d’information.

Comment briser ce mur du silence ?

Heureusement, la Frontline COVID-19 Critical Care Alliance (21) constitue un bon point de départ. Il s’agit de médecins de soins intensifs de nombreux États américains, de Norvège et du Bailliage de Guernesey. Ils sont bien organisés, ils s’appuient sur un protocole (22) clair et efficace qui réduit la mortalité hospitalière due au COVID-19, comme le montrent les données rapportées : ils ont juste besoin de faire passer leur message, mais les obstacles à la vitamine C sont stupéfiants.

Ce serait formidable si nous commencions enfin à parler de la Vitamine C et si le grand public pouvait accéder à ces informations.

Exonération de responsabilité de l’auteur :

Les opinions et déclarations fournies en l’état dans cet article sont uniquement les opinions personnelles de l’auteur. Toutes les informations sont fournies sans aucune garantie d’exhaustivité, d’exactitude ou d’actualité. Bien que l’auteur ait tout mis en œuvre pour s’assurer qu’aucune donnée, opinion ou déclaration inexacte ou trompeuse n’apparaît dans cet article, l’auteur n’assume, dans toute la mesure permise par la loi, aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit pour toute erreur ou omission et pour toutes données, opinions ou déclarations inexactes ou trompeuses dans son contenu.

Avant de prendre tout médicament ou supplément, les patients doivent toujours consulter leur médecin.

Marco Mirone, médecin généraliste à Bologne, en Italie

Source : La vitamine C sous silence

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