Le FBI a failli faire un coup d’état

Source : Consortium News, John Kiriakou, 16-02-2019

Le 16 février 2019

Andrew McCabe, un haut fonctionnaire du bureau, en a fourni la preuve alarmante dans une interview de « 60 minutes », écrit John Kiriakou.

L’ancien directeur adjoint du FBI Andrew McCabe, dans une interview explosive avec CBS « 60 Minutes », a déclaré qu’au début de 2017, au lendemain du renvoi par le président Donald Trump de l’ancien directeur du FBI James Comey, celui-ci a discuté avec d’autres fonctionnaires du FBI la possibilité de recruter un secrétaire de cabinet pour aider à pousser le président hors du bureau en utilisant le 25ème amendement de la Constitution.

McCabe a également soutenu que le sous-procureur général Rod Rosenstein a proposé de porter un micro lorsqu’il se trouvait près de Trump afin de recueillir des preuves contre lui. (Rosenstein nie l’allégation.). McCabe a dit que les fonctionnaires du ministère de la Justice croyaient à l’époque que Trump pouvait avoir fait obstruction à la justice en congédiant Comey, et qu’ils craignaient que Trump soit en quelque sorte sous l’influence du gouvernement russe. En fin de compte, le plan n’a rien donné. Indépendamment de ses sentiments à l’égard du président Trump et de ses politiques, ce que McCabe décrit n’est rien de moins qu’une tentative de coup d’État. C’est quelque chose qui se produit dans les démocraties faibles ou naissantes, peut-être à la suite d’ingérences de la CIA. Ça ne devrait jamais arriver ici.

Trump entretient depuis longtemps une relation antagoniste avec le FBI, la CIA et d’autres acteurs de la communauté du renseignement. En effet, au début de 2017, lorsque la nouvelle des mandats de la FISA [Foreign Intelligence Surveillance Court, NdT] et du dossier de renseignements privés de M. Steele ont commencé à fuir, M. Trump a commencé à tweeter son dégoût devant l’imminence d’enquêtes sur lui, sa campagne et ses relations d’affaires.

 

[Le briefing “Intelligence” sur le soi-disant “piratage russe” a été reporté jusqu’à vendredi, peut-être pour plus de temps nécessaire afin de monter un dossier. Très étrange !]

Le leader de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, a répondu presque immédiatement en disant : « (Le président) est vraiment stupide de faire ça ». « Ceci » devait s’attaquer aux agences de renseignement, le soi-disant Deep State, en public. Quelques jours plus tard, Schumer est allé sur MSNBC pour peaufiner son avertissement à Trump, en disant : « Laissez-moi vous dire, vous vous attaquez à la communauté du renseignement – ils ont six possibilités à partir de dimanche pour se venger de vous ».

Mais Trump avait raison. La communauté du renseignement – le FBI, la CIA, la NSA et d’autres organismes à trois lettres – est trop puissante, trop bien établie et trop bien financée. Et ils ont beaucoup trop peu de surveillance. Ils sont une menace pour notre démocratie, pas pour ceux qui la sauvent. C’est pourquoi ça me fait mal de voir des démocrates faire la queue derrière eux pour attaquer Trump.

Les présidents vont et viennent

J’ai été membre de ce « Deep State » tout au long de mes 15 années à la CIA. Je peux vous dire de première main que la CIA se fiche de qui est le président. Le FBI aussi. Les officiers supérieurs de la CIA et du FBI sont là depuis des décennies, tandis que les présidents vont et viennent. Ils savent qu’ils peuvent patienter plus longtemps que n’importe quel président qu’ils n’aiment pas. À tout le moins, à la CIA, ils pourraient prendre des décisions administratives qui paralyseraient un président : Peut-être ne réaliseront-ils pas cette opération risquée. Peut-être ne cibleront-ils pas cette source bien placée. Ils ignoreront peut-être les ordres du président, sachant que dans quatre ou huit ans, il ou elle disparaîtra.

Pire encore, ce sont ces mêmes organisations – le FBI et la CIA – qui ont cherché à saper notre démocratie au fil des ans. N’oubliez pas des programmes comme COINTELPRO, l’opération du FBI pour forcer Martin Luther King Jr. à se suicider ; l’infiltration de groupes pacifistes ; les efforts de la CIA pour contrôler les médias avec l’opération Mockingbird ; l’espionnage illicite de citoyens américains par la CIA ; le piratage des ordinateurs du Senate Intelligence Committee [Commission du Sénat sur le renseignement NdT] ; et le programme de l’Agence pour des assassinats hors la loi, pour n’en citer que quelques-uns.

Les commentaires presque désinvoltes de McCabe sur « 60 Minutes », selon lesquels le FBI a activement envisagé la destitution d’un président en exercice, devraient être alarmants. Mettons la politique partisane de côté pour un instant. On parle de destituer un président en exercice. On parle de porter un micro pour attraper un président en exercice en train de dire quelque chose parce que vous êtes en colère parce qu’il a viré votre patron. L’idée même est sans précédent dans l’histoire américaine.

Le FBI est parfaitement libre d’enquêter sur la collusion. C’est ce qu’ils devraient faire. Mais ils ne devraient pas comploter le renversement d’un président, aussi excentrique et choquant qu’il puisse être. C’est antidémocratique et illégal et cela rappelle le mauvais vieux temps du FBI sous J. Edgar Hoover et de la CIA avant les réformes de la commission Church [Commission parlementaire dirigée par le sénateur Church après le scandale du Watergate, NdT].

Nous avons un moyen de destituer les présidents. Ça s’appelle des « élections ». Le FBI devrait se familiariser avec elles.

John Kiriakou est un ancien agent antiterroriste de la CIA et un ancien enquêteur principal du Comité sénatorial des relations étrangères. John est devenu le sixième dénonciateur inculpé par le gouvernement Obama en vertu de la Loi sur l’espionnage, une loi conçue pour punir les espions. Il a passé 23 mois en prison pour avoir tenté de s’opposer au programme de torture de l’administration Bush.

Source : Consortium News, John Kiriakou, 16-02-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

via » Le FBI a failli faire un coup d’état. Par John Kiriakou

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