L’écriture sur clavier : un danger pour votre cerveau

Après avoir été remise en question dans une dizaine d’États américains en 2014, l’écriture à la main amorce son grand retour dans plusieurs provinces des États-Unis. Un revirement graphique qui s’explique par de nouvelles études démontrant un lien de cause à effet entre la baisse du niveau des élèves et l’emploi des claviers.

Ce sont des plaisirs qui se perdent. Recevoir une lettre de son amoureux, découvrir une carte postale de ses amis de vacances ou déchiffrer un post-it noirci de pattes de mouches. Aux États-Unis depuis la rentrée 2014, les étudiants n’ont plus même le plaisir de pouvoir s’échanger entre deux tables des petits bouts de papiers secrets. L’écriture à la main a été délaissée. Jugée trop complexe. Froidement accueillie par les parents d’élèves et fustigée par les chercheurs, cet abandon fait toutefois aujourd’hui l’objet d’une controverse. En cause? La confirmation d’une corrélation entre potentiel cognitif et écriture manuscrite.

C’est l’histoire que nous conte Quartz sur son site. Celle de l’impossible abandon d’un système vieux de plus d’une vingtaine de millénaires. À l’heure du diktat de l’instantané, où le temps des horloges semble avoir été complètement détraqué, l’adage «vite fait bien fait», n’a selon toute apparence jamais été aussi vrai. A fortiori concernant la sphère des communications. Ainsi n’est-il pas anodin qu’un outil aussi simple et primitif que le stylo ait été en premier remis en question! Trop compliqué et trop lent comparé au clavier, plus commode et plus certain ; il n’y avait en effet pas tellement besoin de réfléchir.

Une attention redoublée

Et cette évidence de «rapidité +productivité» n’a pas échappé au pays du self-made man. Ainsi les États-Unis, suivis par la Finlande, avaient-ils délaissé l’écriture à la main dans une dizaine de provinces à la rentrée 2014. Décision désormais en phase d’abandon. Après les vives complaintes de parents d’élèves et les études alarmistes de scientifiques, l’État de Louisiane va, dès cet automne, réintroduire de la classe de 6e à la Terminale, des cours d’écriture. Il sera le quatorzième État à amorcer ce rétropédalage, après une décennie de flou autour de l’usage du stylo dans les salles de classe.

En réalité, l’efficacité de l’apprentissage sur l’ordinateur a été largement surestimée ces dernières années. «Nous avons constaté que les élèves, jusqu’en sixième, écrivaient plus de mots, plus rapidement, et exprimaient plus d’idées s’ils écrivaient à la main plutôt qu’avec un clavier», a indiqué Virginia Berninger, professeur à l’Université de Washington, au Washington Post. L’ordinateur ne serait donc pas tant une aide pour l’enfant qu’un moyen de le rendre intellectuellement paresseux. Car si, précise Quartz, l’utilisation d’un stylo nous demande de faire attention à nos courbes sur le papier, il nous oblige surtout à mobiliser notre mémoire motrice.

Des lycéens incapables de lire des lettres manuscrites

À ce sujet, les scientifiques sont unanimes. Devant un simple exercice de prise de notes, les enfants et les adultes ayant opté pour le crayon retiennent mieux les informations et font davantage intervenir leur esprit de synthèse que leurs homologues sur l’ordinateur. Si le doute demeure sur de telles différences de résultats, les chercheurs estiment toutefois que l’écriture à la main demande à chaque mot un nouveau mouvement et, par voie de conséquence, un plus gros travail de la part de notre cerveau. L’écriture sur clavier requiert quant à elle une simple répétition de nos gestes. Encore et encore…

Des résultats déjà relevés en 2014 par des chercheurs de l’université de Princeton. «Les étudiants qui prennent des notes sur leurs ordinateurs portables obtiennent de bien plus mauvais résultats sur des questions conceptuelles, que les élèves écrivant à la main. L’écriture manuscrite peut être bénéfique là où l’écriture sur clavier permet seulement la retranscription d’une information. Ce qui est préjudiciable à l’apprentissage.»

Outre ces cas concrets, Quartz note un exemple inquiétant de la perte de l’usage du stylo au quotidien: celui de la sénatrice Beth Mizell, à l’initiative de la proposition de la loi sur l’écriture cursive en Louisiane. Elle rapporte notamment l’anecdote (pas si anecdotique) de lycéens, engagés pour l’été, ayant été incapables de lire de vieux documents écrits à la main. Un fait inimaginable dans le pays de Victor Hugo, n’est-ce pas?

 

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