Municipales : LREM suggère à ses candidats de ne pas faire mention de Macron ou du parti durant leur campagne

Sur un malentendu… ça peut marcher !

Dans un reportage du 18 décembre dernier, France 2 révélait l’existence d’un guide de La République En Marche (LREM), à destination de ses candidats pour les municipales du 15 et 22 mars 2020. L’un des conseils les plus étonnants est le suivant : ne faire aucune mention du parti ni du président sur les éléments de communication (affiches, tracts…), spécialement dans les villes où LREM ne part pas favori.

Cela peut paraître surprenant, mais de nombreux candidats La République En Marche s’affichent (ou vont s’afficher) sans parti ni affiliation au président lors des municipales à venir. Dans un reportage diffusé il y a trois jours, l’émission l’Œil du 20h de France 2 a révélé l’existence d’un guide de plus d’une centaine de page, remis par le parti présidentiel à ses candidats. Dans celui-ci, il est notamment conseillé de ne pas afficher d’appartenance (ni au parti et donc, ni au président) dans les communes où ils sous-performent. « Dans une commune où La République en marche sous-performe, il pourrait être préférable de faire campagne sur une étiquette de rassemblement/société civile » peut-on notamment lire à la page 82.

Le guide complet fait ainsi 134 pages. Autre « conseil » donné aux candidats : Construire son histoire de manière courte, authentique, concrète. Le bon élève de la classe se nomme Benoît Mathieu, candidat LREM dans la ville de Cavaillon dans le sud-est de la France, à côté d’Avignon. Aucune mention d’une quelconque affiliation ou d’un quelconque soutien sur ses éléments de communication. De plus, au gré du reportage, nous constatons qu’il fait régulièrement référence à son grand-père, Cavaillonnais depuis tout petit. La stratégie est appliquée à la lettre. Le candidat induit ainsi l’idée d’une candidature sans étiquette. L’idée d’une candidature d’un « p’tit gars du coin, qui s’engage rien que pour sa ville ».

Nous pouvons nous interroger à ce stade sur la légalité de telles méthodes : un candidat investi par un parti n’aurait-il pas l’obligation de le mentionner clairement pour ne pas duper les électeurs ?
La République (en marche) gouverne mal, mais se défend bien !

Cette stratégie présidentielle illustre la défiance des Français envers le chef de l’État, surtout en province, loin de la mondialisation et de la start-up nation. La grogne sociale actuelle en France est énorme, incarnée notamment par les Gilets Jaunes et les opposants à la réforme des retraites. Aussi, le 12 décembre, des individus se sont introduits dans des permanences de plusieurs députés LREM, et d’autres sont allés devant le domicile familial de ces derniers, comme en témoigne ci-dessous Annaïg Le Meur, députée du Finistère et candidate aux municipales à Quimper :
Macron et son parti ne font plus recette. Il faut donc trouver de nouvelles manières de communiquer et d’approcher « les gens ». Si le côté « nouveau, jeune et dynamique » de la campagne présidentielle ne peut plus être utilisé, la novlangue elle, reste de mise. Il convient de « raconter une histoire » sans en dire trop, voire de ne pas parler.

Ainsi, lorsque le candidat évoqué plus haut rencontre une habitante sur un marché et qu’il lui dit : « J’ai été investi par un parti, j’ai été investi par La République en Marche du président de la République », l’électrice potentielle coupe net la conversation et retourne à son marché. Éloquent.

Enfin, ce guide donne également des recommandations stratégiques pour l’entre-deux-tours. Là encore, l’idée est simple mais peut s’avérer efficace. Il s’agit d’essayer de placer quoi qu’il arrive, même en cas de défaite au premier tour, un maximum d’élus LREM dans les conseils municipaux. Par exemple, si un candidat est éliminé par un maire sortant de droite, le guide explique qu’il est préférable de négocier avec lui afin de lui apporter une crédibilité écologiste et, de cette manière, rejoindre l’exécutif municipal. Au contraire, s’il se qualifie, il peut discuter avec le PS et les verts pour faire battre le maire sortant de droite. Un coup à gauche, un coup à droite…

Sans foi, ni loi.

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