Un haut responsable ukrainien “a commandé des snipers dans le centre de Kiev”

Encore un bel exemple d’une no news…

Ceci étant, ces déclarations de Savchenko sont à prendre avec prudence et recul. L’intérêt est de voir que les médias anglo-saxons en parlent, mais presque pas les médias français.

La députée ukrainienne Nadezhda Savchenko, qui a été saluée comme une héroïne pour son rôle dans la campagne militaire du Donbass et son procès en Russie, est maintenant accusée de complot en vue de faire sauter le parlement national à Kiev.

Le bureau du procureur général de Kiev a demandé au parlement, la Verkhovna Rada, de retirer à Savchenko son immunité légale et de permettre son arrestation. Les députés ukrainiens bénéficient normalement d’une protection contre les poursuites judiciaires. Cependant, le procureur général Yury Lutsenko a déposé la demande jeudi après que Savchenko ne s’est pas présentée pour un interrogatoire programmé.

Poroshenko a par la passé décerné à Nadiya Savchenko la plus haute médaille de l’Ukraine. Désormais, son allié, le procureur général, l’accuse d’avoir l’intention d’attaquer le Parlement avec des grenades, de renverser la coupole avec un mortier et de tirer sur tout député survivant.

Lutsenko a menacé de le faire plus tôt cette semaine alors que Savchenko était en visite en Europe en sa qualité de députée. Savchenko a répondu en accusant Lutsenko de couvrir l’implication dans la fusillade mortelle de Maïdan en 2014, qui a dégénéré en un coup d’état armé et a finalement amené le gouvernement ukrainien actuel au pouvoir.

“Lutsenko a appelé à passer à l’offensive à partir du podium. Il a promis des armes. J’ai vu des gens armés arriver dans une camionnette bleue. Ces personnes sont maintenant au Parlement “, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle a vu “[l’actuel Président de la Rada Andriy] Parubiy conduisant les tireurs d’élite à l’hôtel “Ukraine”, d’où des coups de feu ont été tirés par la suite.

Elle a ajouté qu’elle a donné son témoignage sur ces événements à des gens qui enquêtaient sur les massacres, mais cela n’a mené nulle part.

Savchenko s’est ensuite corrigée elle-même en disant qu’elle voulait parler d’un autre haut fonctionnaire ukrainien, Sergey Pashinsky, plutôt que du président du Parlement. Parubiy était un “commandant de Maidan” autoproclamé lors des manifestations de masse en Ukraine. Il a été désigné comme un meneur possible par certains critiques qui allèguent que les massacres ont été initiés par les protestataires.

M. Pashinsky, qui était député à l’époque et qui siège toujours au Parlement actuel, a été pris en photo en train d’aider un homme avec un fusil de chasse à s’échapper d’une foule en colère. Certaines personnes croient que Pashinsky faisait partie d’une opération visant à aggraver la violence à Kiev et qu’il s’est précipité pour protéger l’homme en croyant qu’il était l’un des tireurs d’élite responsables du bain de sang.

Les procureurs veulent interroger Savchenko au sujet de liens présumés avec un homme nommé Vladimir Ruban, qui a été arrêté plus tôt alors qu’il tentait de faire entrer clandestinement une importante cache d’armes de la partie de l’Ukraine orientale contrôlée par les rebelles dans un territoire qui reste sous le contrôle de Kiev. Les autorités ukrainiennes affirment que Ruban planifiait un coup d’état armé dans le centre de Kiev.

Les procureurs veulent interroger Savchenko au sujet de liens présumés avec un homme nommé Vladimir Ruban, qui a été arrêté plus tôt alors qu’il tentait de faire entrer clandestinement une importante cache d’armes de la partie de l’Ukraine orientale contrôlée par les rebelles dans un territoire qui reste sous le contrôle de Kiev. Les autorités ukrainiennes affirment que Ruban planifiait un coup d’état armé dans le centre de Kiev.

Répondant à l’accusation, Savchenko n’a pas nié, mais a minimisé les accusations de Lutsentko.

“Ukrainiens, pensez-y un instant. Qui d’entre vous n’a jamais pensé à faire tomber ce gouvernement comme ils nous demandaient de le faire lors des manifestations de Maidan ? Qui n’a pas pensé à faire sauter [l’administration du président] ou [le Parlement] ? Sommes-nous en 1937, à l’époque de Staline, quand penser à de telles choses est un crime ? En parler dans la rue ? Maintenant seule une personne paresseuse ne dit pas ce genre de choses”, a-t-elle déclaré aux journalistes.

Auparavant, Savchenko avait publiquement soutenu Ruban, qui a longtemps servi d’intermédiaire pour les échanges de prisonniers entre les rebelles de l’Est de l’Ukraine et les forces loyales à Kiev. Savchenko, qui était membre du service militaire avant de se hisser au premier plan en Ukraine, a été une ardente partisane de ces échanges. Elle a également préconisé une réduction de la violence dans l’est de l’Ukraine et des pourparlers directs entre Kiev et les rebelles, une mesure que le gouvernement ukrainien rejette fermement.

Savchenko est devenue une personnalité publique après avoir été arrêtée en Russie, où elle était accusée d’être complice de l’assassinat de deux journalistes russes, tués par des tirs de mortier alors qu’ils rendaient compte du conflit ukrainien. Les forces de l’ordre russes ont déclaré que les bombardements visaient délibérément les non-combattants et que Savchenko servait d’observatrice pour les opérateurs de mortier derrière les tueries. Elle a été jugée et condamnée à 22 ans de prison pour ce crime.

Alors qu’elle était en détention provisoire en Russie, Savchenko a été élevée au rang de célébrité en Ukraine et dans les médias occidentaux, où elle a été décrite comme une figure héroïque persécutée par Moscou. Elle a été élue députée in absentia [en son absence, Ndt], nommée membre de la délégation ukrainienne auprès de l’APCE [Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, NdT] et est devenue un symbole de la lutte contre la Russie. Son portrait a été présenté sur une bannière géante dans le hall principal de la Rada avec l’appel à : “Libérer Nadya !

Savchenko a été graciée par le président russe Vladimir Poutine et est retournée en Ukraine en mai 2016. Là-bas, elle s’est révélée être un personnage indépendant et n’a pas suivi le discours dominant sur la situation en Ukraine. En quelques mois, elle s’est aliéné les politiciens qui avaient marqué des points politiques grâce à son image et est devenue une critique féroce du président Petro Porochenko pour sa corruption perçue et son manque de soutien à l’armée ukrainienne. Les critiques l’ont qualifiée d’agent du Kremlin, affirmant qu’elle avait dû être recrutée alors qu’elle était en détention.

Après que les nuages se sont accumulés au-dessus de sa tête avec l’affaire Ruban, la rumeur a circulé qu’elle avait fui à Moscou, ce qui s’est avéré être faux. En réponse aux allégations de complot, elle a déclaré qu’elle coopère avec les autorités européennes pour enquêter sur les allégations de corruption du président ukrainien.

Source : RT.com, 15/03/2018

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Vous pouvez consulter également ici le récit identique sur RadioFreeEurope (la voix des USA…)

L’article précise que “sa langue aurait fourché” pour Parubiy :

“However, Savchenko said later that she meant to accuse not Parubiy but Pashinskyy, and publicly apologized to the parliament speaker for “a slip of the tongue.””

et qu’une enquête sérieuse sur le massacre du Maïdan n’aurait jamais lieu, car le gouvernement ne le veut pas :

“She said the deaths on the Maidan will never be thoroughly investigated, asserting that the government that came to power after Yanukovych’s downfall does not want it to happen.”

Vous noterez ici que ces importants détails ne figurent pas dans l’article du Washington Post

Les médias étaient étrangement plus intéressés par son cas quand elle se plaignait de la justice russe :

On attend toujours la réaction de BHL (dont le site la qualifait de “Jeanne d’Arc“) :

 

via » [No News] L’icône de Maïdan, Savchenko, affirme qu’un haut responsable ukrainien “a commandé des snipers dans le centre de Kiev”

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