Nouveau coup dur pour le méga-projet Europacity

 

Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé le plan local d’urbanisme du projet de centre commercial et de loisirs dans le Val d’Oise (95). Le maire de Gonesse va faire appel de la décision.

Le projet Europacity, suite. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé le plan local d’urbanisme (PLU) de la ville de Gonesse. Ce document, voté en septembre 2017 par le conseil municipal, est indispensable à la construction de cet espace tant commercial (230.000 m²), que culturel (50.000 m²) et parc de loisirs (150.000 m²). Le tribunal explique avoir notamment estimé que le conseil municipal avait «commis une erreur manifeste d’appréciation en classant en zone à urbaniser 248 hectares de terres agricoles». «Cette urbanisation concerne des terres particulièrement fertiles, alors que les bénéfices escomptés, notamment en termes de créations d’emplois, invoqués par la commune de Gonesse, ne sont pas établis», poursuit le tribunal. «Nous contestons les moyens retenus par le tribunal administratif de Cergy et nous faisons appel de ce jugement», a réagi le maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy.

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Ce rejet du PLU ne signifie pas, pour autant, la fin de ce projet à plus de 3 milliards d’euros. Europacity, dont l’ouverture est attendue autour de 2025, sera retardé a minima de deux ans. Le maire de Gonesse se dit «déterminé pour faire aboutir ce projet que les habitants du territoire attendent» et soutient l’implantation du métro et d’Europacity. Pour bien comprendre l’affaire, il faut revenir en 2017: la mairie de Gonesse voulait modifier son plan local d’urbanisme afin de permettre l’urbanisation d’une partie du triangle de Gonesse, aujourd’hui majoritairement composé de terres agricoles. C’est sur ce terrain que seront bâties une gare de la future ligne 17 du métro ainsi que les installations d’Europacity, le projet titanesque de plus de trois milliards d’euros porté par la société Alliages & Territoires, composé de Ceetrus, branche immobilière du groupe Auchan (ex-Immochan), et du chinois Wanda, un opérateur immobilier spécialisé dans le divertissement.

Menée entre mai et juin de la même année, l’enquête publique sur cette modification se termine par un avis consultatif défavorable de la part du commissaire en charge du dossier. Ce dernier estime que le projet d’urbanisation est «peu compatible avec la notion de développement durable», et que les objectifs d’emploi affichés sont «peu en phase avec le niveau de formation local». De plus, «le projet ne semble pas co-construit avec les différents acteurs territoriaux», et ces derniers sont aussi «partagés sur le projet d’Europacity», justifie l’auteur du document.

Opposition frontale

Contactée par Le Figaro, Alliages & Territoires rappelle que, pour l’heure, les tensions se cristallisent autour du métro du Grand Paris et de la future gare du Triangle de Gonesse. «Qu’Europacity soit là ou non, le métro sera construit», précise notre interlocuteur, qui ajoute que leur projet s’inscrit dans le temps long et ne sera bâti que plusieurs années après la gare. «Nous avons le soutien de la population locale face à une opposition qui ment sur la destruction des terres agricoles», explique-t-on. Le groupe reste donc «confiant et déterminé» pour la suite.

Cet épisode n’est que le dernier en date d’une longue suite d’oppositions féroces entre promoteurs et opposants au projet. Les deux parties s’affrontent à la fois sur un plan quasi-philosophique – quel type d’aménagement faut-il mettre en œuvre? – mais aussi sur le détail des projets dévoilés jusqu’ici. Et, à mesure que les mois passent, les tensions s’exacerbent. Les choses se sont accélérées depuis que le projet d’aménagement du triangle de Gonesse a fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique, en décembre dernier, quelques mois après une enquête publique aux conclusions favorables, en juillet.

L’horloge tourne: le début des travaux de la future gare «triangle de Gonesse» de la future ligne 17 pourrait mener à une opposition plus frontale encore. La construction de cette station rendrait en effet inévitable l’urbanisation des zones alentours, avec ou sans Europacity. «Nous sommes prêts à poursuivre les discussions», explique Bernard Loup, qui se dit ouvert à un «projet d’urbanisation si celui-ci sert réellement les habitants du territoire». Toutefois, en l’absence d’une décision concertée, «on risque de tomber dans les types de contestations physiques des «gilets jaunes» ou de Notre-Dame-des-Landes», prévient celui qui n’exclut pas de voir émerger une ZAD sur cette zone agricole. Le temps presse: les travaux pour la gare doivent débuter fin 2019.

via Nouveau coup dur pour le méga-projet Europacity

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