Sophia Aram | L’accident industriel

Issue d’une famille d’origine marocaine, Sophia Aram est née à Ris-Orangis (Essonne) le 29 juin 1973.

Parcours professionnel

Sophia Aram s’initie à l’art de l’improvisation dans les établissements scolaires de Trappes puis au sein de la compagnie « Déclic Théâtre », où elle côtoie Jamel Debbouze. Elle participe notamment à une coupe du monde d’improvisation organisée au Québec. Parallèlement, elle débute sur les planches avec la « compagnie du théâtre du Sable ».

Oubliant ses aspirations à faire carrière dans le journalisme politique, Sophia Aram se tourne vers l’audiovisuel et débute à la télévision sous le patronage de l’ex « Animateur le plus con de la bande FM », Arthur (Jacques Essebag). Elle participe alors à « CIA », « Le club de l’info amateur » et « Les Enfants de la Télé », des émissions produites par le groupe Endemol.

Après quelques interventions sur NRJ et sur Europe 2, elle se fait connaître du grand public à partir de 2008 en tenant une chronique hebdomadaire sur France Inter dans l’émission « Le Fou du Roi » animée par Stéphane Bern. A partir de septembre 2010, elle se voit confier une puis deux chroniques hebdomadaire dans la matinale de la même radio. Les diatribes « citoyennes » et les polémiques deviennent alors son fonds de commerce, privilégiant des cibles aussi originales que Marine Le Pen ou Nadine Morano. Outre ses itératives injures à l’encontre des électeurs du Front national, elle s’attaque aussi à son consœur Audrey Pulvar, compagne du ministre socialiste Arnaud Montebourg, dénonçant un supposé « conflit d’intérêts » lors de sa nomination à la tête des Inrockuptibles (par Mathieu Pigasse, dont la banque d’affaires a, par ailleurs, été choisie par le ministère de l’Économie pour conseiller la Banque publique d’investissement) et égratigne même ses anciens collègues humoristes de France Inter, comme Stéphane Guillon ou Didier Porte.

Parallèlement à ses activités radiophoniques, l’humoriste monte également deux spectacles comiques, du « Plomb dans la tête » et « Crise de Foi », dont le second, qui ridiculise les trois religions du Livre, suscite un certain émoi et quelques réactions courroucées qui lui assurent une publicité non négligeable.

À l’été 2013, elle est choisie par France 2 pour occuper la case stratégique de « l’access prime time » avec l’émission « Jusqu’ici tout va bien » tous les jours à 18h10. Sophia Aram est rapidement sous pression, les taux d’audience du programme étant extrêmement faibles (moins de 4% à la fin de la première semaine de diffusion). Apparemment, l’humour politiquement correct de celle qui affirmait que « les électeurs du Front National sont des gros cons », très apprécié par la critique, peine à séduire les téléspectateurs.

Les audiences demeurent catastrophique, l’émission se mue en accident industriel – 70.000 € de coût par jour auxquels s’ajoutent 30.000 € de manque à gagner publicitaire – et elle est finalement arrêtée le 20 décembre 2013. Ce bide coûte aussi fin octobre sa place au directeur des programmes de France 2, Philippe Vilamintjana.

Néanmoins malgré les pertes énormes subies par le contribuable, la caste n’allait pas perdre un fidèle serviteur : à partir de fin août 2014 elle se livre à un billet hebdomadaire sur France Inter, où elle compte parmi les faux « humoristes » et vrais porte-flingues prêts à tirer sur tout ce qui dérange le pouvoir socialiste – Marine le Pen, Fillon, Ludovine de la Rochère etc…, voire à régler ses petits comptes (Karine le Marchand) ou à hurler avec les loups (Cyril Hanouna). Elle y intervenait déjà de façon sporadique et péremptoire depuis 2010.

En 2015, elle joue son troisième spectacle, Le fond de l’air effraie, où elle ne critique, fort courageusement, que les personnalités que le système exècre, comme Éric Zemmour ou Valérie Trierweiler.

Face à Jean-Marc Ayrault, alors ministre des Affaires Étrangères, elle fait sa chronique en niqab le 7 mars 2016 pour dénoncer la Légion d’Honneur accordée au prince et ministre de l’Intérieur de l’Arabie Saoudite, Mohammed Bin Nayef.

En 2017, elle participe à l’ouvrage collectif Qu’est-ce que la gauche ?, édité chez Fayard.

Le 8 mai 2017 elle souhaite la bienvenue aux auditeurs en arabe… pour se payer les électeurs de Marine Le Pen dont la candidate est distancée au second tour. Elle lance ainsi en arabe « Mesdames et messieurs, bonjour et bienvenue sur France Inter », avant de continuer en français : « C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les 34,2% d’électeurs qui ont voté Le Pen, entendre de l’arabe sur France Inter, surtout ce matin, ça doit faire beaucoup quand même. Peut-être qu’ils ont déjà quitté la France, et qu’ils vont même devenir des immigrés ».

Formation

Lycée de la Plaine de Neauphle (Trappes).

Maîtrise d’arabe à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Parcours militant

Sophia Aram se veut une militante « féministe et athée ». Sur France Inter, ses attaques virulentes et répétées contre le Front national et ses électeurs lui valent des rappels à l’ordre de sa direction mais également du CSA.

En 1998, Sophia Aram a donne naissance à un petit garçon. Pour elle et son compagnon, Benoit Cambillard, il est « hors de question de l’appeler Medhi ou Pierre». Le couple choisit alors un prénom hébreu, Chaïm, qui signifie « la vie ». Ce choix est pour eux un « geste militant » exprimant leur refus des déterminismes identitaires.

Le 31 août 2011, elle s’en prend à la station Sud Radio, en expliquant que les électeurs du Front National ont désormais une station bien à eux pour exprimer leurs idées.

En juin 2011, Khadija Aram, la mère de l’humoriste, est condamnée à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, pour avoir promis, contre rémunération, des titres de séjour à des immigrés clandestins. Faux titres de séjour qui n’ont jamais été remis à ceux qui les ont payés.

Ancienne adjointe au maire de Trappes, la mère de Sophia Aram a été reconnue coupable de « trafic d’influence » et « abus de confiance » par le tribunal de Grande Instance de Versailles. Une affaire familiale qui fait tache pour Sophia qui aime à se présenter comme la défenderesse des valeurs « citoyennes », la petite sœur des pauvres et des déshérités de la société…

Théâtre

  • Sophia Aram, crise de foiDu plomb dans la tête (2006)
  • Crise de Foi (2010)

Cinéma

La Lettre, court métrage de François Audoin (2011)

Récompenses

  • Prix Attention Talent Humour Fnac 20062.
  • Prix du festival Juste pour Rire de Nantes en 2006.
  • Prix du jury et des techniciens au festival d’Humour de Vienne 2009.
  • Gérard de la Télévision 2013 pour l’émission dont les concepteurs auraient peut-être dû attendre les audiences avant de lui donner un titre.

Ce qu’elle gagne

Non renseigné

Sa nébuleuse

Philippe Val, Stéphane Bern, Benoit Cambillard (son compagnon et co-auteur).

Elle l’a dit

« Mon spectacle peut heurter la sensibilité des personnes plaçant leur foi au-dessus de leur sens de l’humour », Crise de Foi (2010)

« Le féminisme n’est pas une maladie honteuse. Comme la laïcité, c’est toujours un grand combat à mener », Télérama n°3286, 5 janvier 2013

« « Il existe des commissions d’attribution des marchés publics. Il n’est pas interdit de penser que Matthieu Pigasse ait pu trouver quelques compétences à Audrey. D’ailleurs, cela nous est bien arrivé à France Inter. Ce serait un peu comme si on soupçonnait la femme d’Éric Woerth de parler des dossiers d’optimisation fiscale de mamie Bettencourt avec son ministre du budget de mari. Ça ne tient pas la route », à propos de la nomination d’Audrey Pulvar à la tête des Inrockuptibles, France Inter, 11 septembre 2012.

« Les insultes resurgissent surtout quand je parle publiquement de mon athéisme : certains islamistes ne tolèrent pas l’apostasie, qui est un péché mortel. Mais il suffit de s’organiser, ce n’est pas si gênant, et cela ne m’empêche pas de vivre. Contrairement aux apparences, je ne suis pas une petite chose fragile », Télérama, 5 janvier 2013.

« Jean-Marie Le Pen est un thermomètre fiché dans le derrière des Français pour mesurer leur degré de xénophobie », France Inter, 12 janvier 2011.

Sur France Inter le 27 février 2015, elle critique vertement Donald Trump, notamment pour son « adoration obsessionnelle des armes et de Dieu ».

« Quand on voit la montée de l’extrême droite en France et en Europe, la montée de l’islam radical, la montée du chômage, la crise… On se dit que, paradoxalement, on n’en finit plus de toucher le fond », Marianne, 25/09/2015.

« Considérer que tous les musulmans seraient incapables de vivre dans un pays dans lequel la liberté d’expression prime sur le religieux, j’assimile ça à une forme de racisme », ibid., au sujet de l’essai Qui est Charlie ? d’Emmanuel Todd.

« Je suis de gauche et de mauvaise foi. Que voulez-vous ? Je pars du principe que tout peut être catalogué à gauche ou à droite. Au-delà des idées politiques, il existe une esthétique de gauche et une esthétique de droite, que nous avons intégrées malgré nous », ibid.

« Je me moque de ce que sont devenus les bobos parisiens. Des caricatures. On mange des panais et des topinambours, des « légumes oubliés ». On va dans des supermarchés qui ressemblent à des entrepôts remplis d’odeurs d’épices. L’impression d’être au souk ! Ou alors on se fait livrer notre petit panier bio… Voilà ce qu’on est devenus. Moi-même, je passe trois heures à lire les étiquettes avant d’acheter un shampoing. C’est très compliqué d’acheter du shampoing quand on est bobo », ibid.

« Je me suis gaufrée : je ne suis pas la première, je ne serai pas la dernière. La vie continue. Ça a été un naufrage ; mais, comme je l’explique dans le spectacle, contrairement au Titanic, je me suis pris l’iceberg dans la figure alors que j’étais encore dans le port. », au sujet de Jusqu’ici tout va bien.

« Je ne me considère pas comme le porte-drapeau de quoi que ce soit, si ce n’est de la liberté et de la laïcité. Des valeurs de la République, en fait. Je suis de gauche, je l’assume et le dis clairement », Télérama, 14/10/2015.

« Si je revendique autant mon athéisme, c’est parce que le fait religieux est omniprésent. Partout, tout le temps », ibid.

« Bien sûr que sa réaction est irresponsable, puérile et impulsive, mais mettez-vous à sa place: elle passe ses journées à ronger son frein, à sourire, toute gentille mais après le «zéro région» aux élections, à un moment, les coutures finissent par lâcher. Et vous vous retrouvez devant celle qu’elle n’a jamais cessé d’être: une énervée congénitale incapable de répondre à la contradiction, autrement qu’en vomissant sa haine», au sujet de Marine Le Pen sur France Inter, 21/12/2015.

« Dès qu’on lui a expliqué que le décapité [sur l’une des photos] était James Foley, elle l’a retirée. […] Dès qu’elle a compris que c’était pas un bougn… un musul… enfin.. un ara… Enfin, dès qu’elle a compris qu’il s’agissait d’un être humain, un vrai, bref, un occidental, elle l’a retirée. Pourquoi n’a-t-elle pas retiré les deux autres photos ? Mais parce que pour elle, ce sont des bougnoules! Des bougnoules de Bougnoulie qui se battent entre eux », ibid.

« Ta gueule Ludovine !», à Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, qu’elle appelle Ludovine de la Malbaise, sur France Inter mi-octobre 2016. Elle poursuit : « Soit vous ressuscitez Pétain, soit vous admettez que vous avez juste envie de vous balader dans les rues de Paris le dimanche après la messe et personne ne vous en voudra ».

« Vu d’ici, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, c’est comme si les Américains s’étaient endormis avec Rihanna et se sont réveillés avec Christine Boutin… », Le Creusot, novembre 2016

« Comme tous les gourous, il a abandonné son identité civile pour un titre. Lui se fait appeler ‘Baba’ par ses adeptes, à qui il accorde en retour le titre de ‘fanzouzes’, s’octroyant une figure paternelle en échange d’une reconnaissance qui prend la forme d’une assignation au statut de fan », au sujet de Hanouna dans son billet d’humour (?) du 22/5/2017 sur France Inter.

« Hanouna se répand salement sous le regard du CSA attendant complaisamment qu’il sorte du stade anal », ibid.

« À la question est-ce que tous les problèmes des Français sont liés à la présence d’étrangers sur le sol français ? Les électeurs ont répondu non à 63%. Mais on peut aussi se rappeler qu’ils étaient 80% en 2002 et ça, ça fout un petit peu la trouille quand même »France Inter, 08/05/2017.

Ils l’ont dit

« Les électeurs du Front national ne sont pas des gros cons contrairement à ce qu’a dit une petite conne il y a quelques jours sur une autre radio pour faire le buzz et remplir ses salles de spectacle », Guy Carlier, Europe 1, 25 mars 2011.

« Vous ne me faites pas rire. Ça c’est le travers des humoristes qui veulent faire croire qu’ils font rire en se servant de petites phrases qu’ils vont glaner sur internet pour en faire un melting pot et essayer d’en sortir un portrait qui n’est pas la réalité. Populaire ça ne veut pas dire vulgaire », Nadine Morano à Sophia Aram, RTL, 4 janvier 2012.

« Si les bobos sont un peu sa cible, l’humoriste épingle surtout les “réacs” de retour sur les ondes, le Front national, ou encore les intégristes religieux », Le Journal du Creusot, 04/11/2016, au sujet de son dernier spectacle.

« Quand on pense à Sophia Aram, on pense à ses coups de gueule face à Marine Le Pen, etc. Il ne fallait donc pas tomber dans l’écueil d’une interview de Sophia Aram pour Sophia Aram et par Sophia Aram qui n’aurait parlé qu’aux gens qui l’aiment bien », Jérémy Suyker, Slate, 06/09/2017.

 

via Portrait – Sophia Aram, l’accident industriel | Ojim.fr

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