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Traçage numérique, bracelet électronique… Comment fonctionne l’isolement contraint à l’étranger ?

Des contrôles aléatoires aux amendes salées, plusieurs pays ont mis un place un arsenal de mesures pour faire respecter la mise à l’isolement des malades du Covid-19, qui pourraient inspirer le gouvernement français.

«Si nous voulons éviter un troisième confinement, nous devons être plus contraignants», a lancé Emmanuel Macron mardi lors de son allocution télévisée, évoquant la possibilité d’imposer un isolement contraint aux personnes infectées par le Covid-19. Si rien ne se fera sans «débat démocratique», parlementaires et ministres pourraient s’inspirer des mesures déjà testées, avec plus ou moins de succès, par de nombreux pays. Tour d’horizon.

Bracelet électronique, applications et traçage GPS

Pour de nombreux, traçage des personnes infectées ou venant de pays étrangers rime avec nouvelles technologies. A Hongkong par exemple, où une quarantaine s’impose à l’arrivée sur le territoire, un bracelet électronique est remis aux voyageurs dès leur descente de l’avion. Une fois arrivés dans l’endroit où ils passeront leurs 14 jours d’isolement, ils doivent scanner le bracelet à l’aide d’un téléphone, puis faire le tour de leur résidence pour définir le périmètre dans lequel ils resteront enfermés. En cas de non-respect des deux semaines de confinement, les autorités sont mises au courant et le fraudeur s’expose à des sanctions.

Vu par beaucoup comme exemplaire dans sa gestion de la pandémie, Taïwan a adopté un système similaire, avec un isolement complet imposé aux personnes contaminées, le tout sous surveillance GPS. «Plusieurs fois par jour, je dois envoyer un selfie pris dans l’appartement à Claudia, la policière chargée de mon suivi», expliquait en mars dernier à Libé un Français confiné sur l’île. Un téléphone lui avait été remis, vite remplis de photos de lui «avec un thermomètre dans la bouche» pour prouver qu’il n’avait pas de température. Pas question de mettre un pied dehors, au risque de devoir s’affranchir d’une amende salée.

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Si cette stratégie fonctionne aussi en Corée du Sud ou encore à Singapour, elle s’est avérée moins efficace à Moscou. La capitale russe s’était dans un premier temps appuyée sur la reconnaissance faciale pour s’assurer que l’isolement était respecté, visant principalement les personnes revenant de Chine. Le virus se propageant au sein du pays, une application a ensuite été mise en place pour les personnes testées positives. Des notifications aléatoires sont envoyées aux malades, auxquelles ils doivent répondre avec une photo d’eux-mêmes prouvant qu’ils sont à leur domicile. Seul problème : certains se sont plaints que l’application leur demande parfois des selfies en plein milieu de la nuit, comme le rapportait Associated Press en juin. D’autres affirment avoir reçu des amendes à répétition sans motif valable.

Amendes salées pour dissuader

Outre l’appui des technologies, le gouvernement français pourrait, à l’instar de ses voisins européens, mettre en place des contrôles et des amendes dissuasives. En cas de non-respect de l’isolement à répétition, les Italiens risquent 18 mois de prison et les Espagnols jusqu’à 600 000 euros d’amende. 11 000 livres «seulement» pour les fraudeurs au Royaume-Uni, mais des contrôles aléatoires par téléphone ont été mis en place, voire dans certains cas rarissimes, des visites à domicile. Une stratégie que des députés du groupe Agir ensemble avaient déjà prônée début novembre, militant pour une amende de 10 000 euros en cas de «manquement à l’obligation de rester chez soi». Le groupe a déposé ce mercredi une proposition de loi à l’Assemblée nationale, prévoyant cette fois une amende de 1500 euros maximum (doublée en cas de récidive) en cas d’isolement non respecté pour les personnes positives et les cas contacts.

Enfin, Emmanuel Macron pourrait être tenté de mobiliser les hôtels, dont les chambres sont vides depuis plusieurs semaines, afin d’isoler les malades. Une piste déjà évoquée lors du premier confinement mais jamais mise en place, contrairement à Singapour. Dans cette cité-Etat du sud de la Malaisie, les voyageurs étrangers sont contraints de se confiner dans un hôtel assigné aléatoirement. Certains passent donc 14 jours dans des chambres miteuses, là où d’autres se retrouvent dans des palaces. En parallèle, tout Singapourien de plus de 7 ans doit être équipé d’un outil de traçage d’ici à fin décembre.

Source : (8) Traçage numérique, bracelet électronique… Comment fonctionne l’isolement contraint à l’étranger ? – Libération

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