Un maire met sa ville en vente pour interpeller Emmanuel Macron

À Frontignan, dans l’Hérault, le maire a proposé certains bâtiments de sa commune sur Leboncoin.fr pour protester contre la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales. Une opération de communication destinée à interpeller Emmanuel Macron et les citoyens.

L’hôtel de ville, le cinéma et une école de Frontignan (Hérault) mis en vente sur le site Leboncoin.fr pour 2,5 millions d’euros chacun. C’est l’idée imaginée par Pierre Bouldoire – le maire socialiste de cette ville de 23.000 habitants – pour dénoncer la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales. À la fin du mois de juillet dernier, le président de la République a en effet pris un décret portant sur des coupes dépassant 300 millions d’euros pour 2017. Une décision immédiatement dénoncée par de nombreux élus locaux.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, trois grandes banderoles «À vendre» ont été déployées sur les bâtiments appartenant à la municipalité de Frontignan. Sur les banderoles, des noms d’agences immobilières fictives – comme «Jupiter et fils» ou encore «SCI Philippe» – avaient été inscrites: elles désignaient directement le président de la République, Emmanuel Macron et son premier ministre, Édouard Philippe. Un numéro de téléphone était également présent sur les banderoles: celui du député LREM de la circonscription, Nicolas Démoulin.

Sur le site Leboncoin.fr, trois annonces proposaient bel et bien ces bâtiments à 2,5 millions d’euros, avant d’être désactivées par l’opérateur. «Exceptionnel, hôtel de ville du XIXe siècle!» pouvait-on lire sur l’une d’elles avec en fin d’annonce: «Personnel non inclus, pas de plan social à prévoir».

De l’humour… pour dénoncer la politique d’Emmanuel Macron

Cette mise en vente – humoristique – était en réalité une opération de communication destinée à marquer l’opposition de la municipalité à la politique du gouvernement. «L’idée c’était d’interpeller Emmanuel Macron sur ce qu’il fait mais aussi d’attirer l’attention des citoyens», explique Pierre Bouldoire au Figaro. «Ma position est celle d’un élu local. Je ne conteste pas sa légitimité mais sa politique», poursuit le maire, qui dit au passage «avoir voté Macron au deuxième tour de la présidentielle».

«2,5 millions d’euros, c’est le montant de la baisse totale de la dotation sur 5 ans pour Frontignan», calcule Pierre Bouldoire. Cette baisse s’ajoute à une autre baisse, déjà subie lors du précédent quinquennat de François Hollande, qui était elle de 1,7 million.

Outre la baisse de la dotation globale de fonctionnement, le maire de Frontignan souhaite également dénoncer le gel des emplois aidés qui va «peser sur le budget des villes». Les contrats aidés concernent par exemple 86 emplois à Frontignan. «Le gel de leur renouvellement, d’ici fin 2017, concerne 33 personnes dont plus de la moitié travaille dans les écoles auprès des enfants», explique Pierre Bouldoire. «Ce serait dommage de devoir augmenter les impôts locaux», déplore-t-il. L’élu craint que la politique du gouvernement ait des effets négatifs sur les services publics.

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