2022, l’année (toujours pas) la plus chaude

Par MD

« La question ne sera pas posée »
(le président Delegorgue au procès de l’« affaire », 1898).

Introduction.
Il y a tout juste un an, on écrivait ici même : « Célèbrerons-nous dans un an les « huit années les plus chaudes » ? On a gagné. Du coup, les convulsionnaires médiatico-politico-scientifiques sont entrés dans leurs transes rituelles. Et d’entonner l’hymne à la « cinquième – ou sixième – année la plus chaude », preuve du « dérèglement climatique ».
Nous commençons à être habitués à cette antienne. En effet, voici tantôt huit ans que les « températures globales » marquent une sorte de palier ou de « pause ». Les quelques graphiques qui suivent permettent d’illustrer et de détailler cette situation climatique temporaire, qui n’est d’ailleurs pas sans précédents.

Sources.
Les données numériques proviennent de quatre sources bien connues et généralement peu contestées. Les séries de températures y sont exprimées en termes d’« anomalies ». Ce terme désigne les écarts de températures par rapport à des périodes étalons – de trente ans en général – différentes selon les sources.
Deux organismes utilisent des données thermométriques combinant températures de l’air ambiant au-dessus des continents et températures de l’eau en surface des océans :

  • GISS : NASA, Goddard institute for space studies. Indicateur Gistemp4 (référence 1951-1980).
  • Hadley Center et CRU. Indicateur Hadcrut5 (référence 1961-1990).

Deux organismes interprètent depuis 1979 des mesures composites par satellites et ballons-sondes :

  • RSS : Remote sensing system. Indicateur RSS-v4 (référence 1979-1998).
  • UAH : University Alabama Huntsville. Indicateur UAH 6.0 (référence 1981-2010).

Évolution des températures globales entre 1979 et 2022.

Le graphique ci-dessous limité à la période des satellites (1979-2022) superpose ces quatre séries de températures annuelles pour l’ensemble du globe terrestre.

Températures annuelles relatives selon les 4 sources de données

Les courbes présentent des allures générales peu différentes, se distinguant surtout par leurs périodes de référence (les courbes Gistemp4 et Hadcrut5 se déduisent approximativement l’une de l’autre par une translation de 0,07°C correspondant au décalage de dix ans entre les deux références). Sur les 44 années d’observations, les températures ont augmenté d’environ 0,6°C. Les écarts interannuels sont plus ou moins marqués, avec des pics qui sont généralement attribuées au phénomène d’oscillation australe dit ENSO (El Niño Southern oscillation) et des périodes de relative stabilité comme la période actuelle.
On peut illustrer le même phénomène en superposant cette fois les températures mensuelles (pour une meilleurs lisibilité la courbe Gistemp4 a été atténuée).

Températures mensuelles relatives selon les 4 sources de données

La représentation est moins claire mais les paliers successifs sont visibles, notamment le dernier en date.

Évolution des températures par tranches de latitudes.

Voici à titre d’exemple les séries Gistemp4 du GISS qui détaillent les températures annuelles moyennes par tranches de latitudes.

Températures annuelles relatives par latitudes (source GISS Zéro- Période 1951-1980)

Les continents se réchauffent plus vite que les océans et par conséquent l’hémisphère nord plus que l’hémisphère sud, ce dernier étant essentiellement maritime. D’où un gradient nord-sud manifeste. Mais attention aux différences de superficies. La représentation ci-dessous fournit une image relativement fidèle des superficies respectives des tranches de latitudes retenues par le GISS.

Par exemple les zones circumpolaires (64°-90° N et S) ne représentent chacune que 5% de la surface terrestre. En comparaison, les zones intertropicales (24°N-EQU-24°S) figurées en carmin représentent 41% de la surface terrestre, d’où leur influence marquée sur la température moyenne du globe.
Les relevés par satellites racontent une histoire analogue comme le montre RSS (attention : le découpage choisi est différent et il y a des chevauchements de zones). Rappelons que les zones polaires sont imparfaitement couvertes par ce type de mesure indirecte.

Températures annuelles relatives par latitudes (source RSS)

Évolution des températures entre océans et continents.

Selon Hadley Center.

Evolution des températures des océans et des continents (Source Hadley Center)

Évolution des températures globales des huit dernières années (2015-2022).

Voyons maintenant le détail des huit années « les plus chaudes » de l’histoire récente. En températures relatives mensuelles et selon les quatre sources précédentes.

Températures mensuelles relatives 2015-2022 (selon les 4 sources de données)

Par tranches de latitudes selon RSS.

Températures mensuelles relatives 2015-2022 par latitude (Source : RSS)

Entre continents et océans selon Hadley Center.

Températures mensuelles relatives Terres et Océans 2015-2022 par hémisphère (Source Hadley Center)

En conclusion, en dépit des notables irrégularités mensuelles et annuelles, les températures des huit dernières années sont tendanciellement étales ou légèrement décroissantes. Par le plus grand des hasards, à la fin de 2022 les températures sont presque identiques à celles du début de 2015. Il est donc doublement mensonger d’affirmer que les phénomènes météorologiques rares se multiplieraient ou s’accélèreraient ces dernières années « du fait du réchauffement climatique ».

Questions.
Deux faits troublants mis précédemment en évidence conduisent à s’interroger sur le rôle supposé prépondérant du CO2 dans ces phénomènes climatiques globaux.
-D’une part la stagnation tendancielle persistante des températures est contradictoire avec la concentration en CO2 qui a continué à augmenter régulièrement et inexorablement.
-D’autre part les importantes disparités géographiques sont contradictoires avec le fait que le CO2, étant réputé « well mixed », aurait dû produire sur l’ensemble du globe des effets équivalents sinon identiques ce qui est loin d’être le cas. On le constate notamment pour les continents de l’hémisphère nord et en particulier l’Europe.
Par conséquent, il est légitime de penser que de nombreux autres facteurs influent de façon notable sur le climat (disons plutôt « les climats »). On ne pourra pas continuer à les ignorer et à se focaliser sur un paramètre unique devenu obsessionnel et, de ce fait, paralysant.

Conclusion.
Personne ne sait à quoi est due la pause actuelle, ni si elle va durer ou non.
Un commentaire approprié à la situation aurait pu être (parmi d’autres formulations possibles) : « En 2022, la température terrestre globale s’est établie sensiblement à la moyenne de la période 2015-2021, étendant ainsi à huit années ininterrompues le palier déjà observé l’an dernier. Certains scientifiques suggèrent que la stagnation actuelle pourrait être attribuable au phénomène d’oscillation australe dit ENSO (El Niño Southern oscillation). Les grands mouvements océaniques et atmosphériques naturels influeraient donc de façon majeure sur l’évolution des températures, (etc. etc.) ».
N’y comptez pas. D’ailleurs notre média gouvernemental, docile, nous a prévenus : interdit de toucher au dogme.
La question ne sera pas posée.

Les convulsionnaires de St-Médard (1727). Gravure de l’époque.

Source : Huit années de « pause » des températures globales

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