Plomb, cadmium, et mercure dans les vêtements et chaussures neuves
L’Anses publie une étude sur les substances chimiques présentes dans nos textiles. Résultat : sur une centaine de substances analysées, une dizaine est allergènes, irritantes voire cancérigènes.
Sur l’étiquette de vos vêtements, on trouve du coton, du polyester, du cuir mais savez-vous qu’il faudrait parfois rajouter du nickel et du chrome… ? A l’heure où la guerre des prix se joue lors des soldes dans les magasins français, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) se lance dans une autre bataille.
Saisie en 2014 par le ministère de la Santé et de l’Economie après de nombreux signalements d’allergies, elle publie ce mercredi un rapport inédit sur les substances chimiques présentes dans nos vêtements et chaussures. Ainsi, des articles pointés du doigt par des consommateurs ont été passés au peigne fin comme des tee-shirts, robes, maillots de bain, pantalons neufs, achetés sur le marché.
La benzidine, un produit très toxique
Résultat, « sur une centaine de substances analysées, une dizaine est allergènes, irritantes voire cancérigènes. Il s’agit de données préoccupantes », annonce Christophe Rousselle, toxicologue à l’Anses. Parmi elles, même une substance interdite a été décelée : la benzidine, un produit très toxique contenu dans les colorants.
Qui sont les mauvais élèves parmi les enseignes ? « Nous n’avons pas ciblé de marques en particulier, répond l’expert. Ce sont des vêtements que l’on trouve partout dans les grandes chaînes sur le marché ».
Eczéma et irritations
Du côté de chaussures, les résultats ne sont guère plus encourageants : 15 des 50 produits analysés sont allergènes, irritants. Autre conclusion, si certains produits sont autorisés à un dosage limité, l’Anses conclut que ces taux ne sont pas un rempart contre les allergies. C’est le cas du chrome VI, cancérigène, contenu dans les sandales, responsable d’eczéma, d’irritations.
« Cette étude nous apprend que les normes ne protègent pas toujours », réagit Jean-Luc Bourrain, dermatologue et allergologue au CHU de Montpellier qui a participé à cette enquête. « On demande un abaissement du seuil réglementaire », réclame Christophe Rousselle.
Enfin, des substances jamais vues ont même été retrouvées dans des vêtements de sport. « On ne les connaît même pas ! Poursuit l’expert. On va donc entreprendre des études de toxicité ».
« On demande une meilleure information sur les étiquettes »
Alors, que faire pour éviter de porter ces textiles ? C’est là que le bât blesse. Le passage à la machine à laver reste bien insuffisant. « Certaines substances disparaissent au lavage comme les nonylphénols, famille d’irritants. Mais, d’autres comme la paraphènylènediamine se révèle davantage », décrit Christophe Rousselle.
Alors, il faut se tourner du côté des industriels : « Ils doivent faire le maximum pour éviter les substances allergènes ». Mais ce n’est pas tout. D’ici à la fin de l’année, l’Anses déposera un dossier auprès de l’agence européenne des produits chimiques pour demander la limitation de ces substances dans les vêtements et chaussures.
Le toxicologue s’interroge : « On demande une meilleure information sur les étiquettes. C’est obligatoire pour les cosmétiques et les produits ménagers, pourquoi ce ne serait pas le cas pour le textile ? »