Acte 9 des Gilets jaunes à Nancy : un avocat proche de Debout la France interpellé
François Vallas a été placé en garde vue pour provocation à la rébellion au cours d’un rassemblement de Gilets jaunes à Nancy. Invoquant la loi, le magistrat aurait incité les protestataires à rompre le cordon de sécurité de CRS qui les entouraient.
Le 12 janvier dans l’après-midi, lors d’un rassemblement à Nancy auquel participaient dans le calme près d’une centaine de Gilets jaunes, les forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation de l’avocat François Vallas pour «incitation à la rébellion». Sa garde à vue a été levée en début de soirée le jour même. «Selon la police, il aurait incité verbalement des Gilets jaunes à aller au contact de policiers qui les avaient cantonnés, s’agissant d’une manifestation non déclarée et donc illicite», a déclaré à l’Est Républicain le procureur de Nancy François Pérain.
Dans une vidéo publiée sur un groupe Facebook créé afin de dénoncer sa garde à vue, on peut apercevoir l’homme de loi signifier aux Gilets jaunes, alors encerclés par les CRS, qu’ils ne pouvaient faire l’objet d’une interpellation : «Vous n’avez ni crime, ni délit, ni contravention. Vous ne pouvez pas être interpellés et placés en garde à vue. Si les policiers ont une raison de penser qu’une personne a pu commettre un délit, ils peuvent la mettre en garde à vue […]. Dans ce cas, c’est eux qui commettent un délit de privation… [de liberté]», leur lance-t-il. Alors que les protestataires abondaient dans son sens, l’un d’entre eux lui rapporte alors que les membres des forces de l’ordre les empêchent, «sans aucune raison», de les laisser quitter les lieux.
Quelques secondes après le témoignage du manifestant, la séquence vidéo s’interrompt brusquement avec l’interpellation de François Vallas qui souhaitait, en vain, distribuer sa carte de visite aux protestataires désirant recourir à ses services.
Maître Vallas, avocat spinalien, adhérent du parti Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan, mis en garde-à-vue hier après cette scène filmée à #Nancy où il rappelle aux #GiletsJaunes le cadre légal de la manifestation. Si l’info est vraie, elle est scandaleuse. pic.twitter.com/uMZY2AVmbC
— #Nancy (@Nancy_Plage) 13 janvier 2019
Très vite, l’interpellation a suscité le courroux de Nicolas Dupont-Aignan. Le président de Debout la France, formation politique à laquelle adhère l’avocat, s’est en effet insurgé sur Twitter contre une arrestation qu’il a qualifiée de «scandaleuse».
Arrestation scandaleuse de Maître Vallas, avocat et adhérent de @DLF_Officiel, au seul prétexte que, pacifiquement, il rappelait à des #GiletsJaunes leurs droits. #Nancy
N’hésitez pas à le soutenir : https://t.co/5qZeDkHtMC
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 12 janvier 2019
Lors de sa garde à vue, l’avocat a contesté «avoir exhorté les manifestants à rompre le dispositif de sécurité».
«C’est très inquiétant dans un Etat de droit qu’on place en garde à vue un avocat qui fait son travail : informer les faibles de leurs droits», a-t-il réagi à sa sortie du commissariat.
La procédure a quant à elle été transmise au parquet de Nancy, qui se chargera de prendre une décision sur les suites à donner aux faits après avoir pris connaissance du dossier.