Face à l’apparition de ce nouveau phénomène, Federgon a même pris l’initiative de consulter Unia, le service public de lutte contre la discrimination, pour déterminer si le refus d’assurer un service en raison de l’identité religieuse ou sexuelle de la personne qui le demande peut être considéré comme de la discrimination. Au final : un tel refus ne serait pas discriminatoire, mais relèverait plutôt de la faute professionnelle. « Ce n’est pas de la discrimination d’un point de vue légal car l’employé n’est pas la personne chez qui le service a été commandé. Cela le serait si c’était l’entreprise même qui prend l’initiative du refus. Ici, on est plutôt dans le cas d’un manquement à un contrat professionnel », estime Patrick Charlier, le directeur d’Unia.
Ces refus d’aller prester un service à domicile pour raisons religieuses ou éthiques ont également lieu, et de manière croissante, dans le secteur des soins à domicile, constate par ailleurs Unia. « Ce n’est pas illogique, car la diversité augmente et il y a donc plus de chances d’être confronté à une personne d’une autre origine. Il y a alors parfois des incompréhensions car les codes culturels ne sont pas les mêmes », indique Patrick Charlier.
La récente vague de refus de clients dans le secteur des services à domicile s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la polarisation de la société. En raison des tensions traversant la société belge, les différentes communautés, quelles qu’elles soient, font face à la tentation de se replier sur elles-mêmes. « On parle toujours de radicalisme, mais d’après ce qu’on observe sur le terrain, le gros défi de demain est la polarisation de la société », indiquaient à La DH, en mars dernier, les cellules de prévention à la radicalisation d’Anderlecht et Bruxelles-Ville.