Coronavirus : mais qui utilise correctement les masques ?

La généralisation du port du masque obligatoire, dans les transports, au travail, dans les commerces, dans certaines rues, se transforme en casse-tête (et en gouffre financier) pour de nombreux Français. Pas d’hypocrisie ! Qui respecte vraiment les bonnes pratiques ? 

Manger au restaurant aujourd’hui, c’est arriver avec son masque, le retirer une fois à table, le remettre si l’on doit se déplacer, ne serait-ce que pour aller aux toilettes. Théoriquement, il faut donc plusieurs masques pour un repas. 

Imaginez une soirée dans un restaurant avec buffet à volonté, c’est un bon paquet de masques que les convives doivent, théoriquement toujours, emporter avec eux. Au lieu de cela, certains posent leur masque usagé sur la table, d’autres le descendent en dessous du menton, d’autres encore le rangent dans leur poche ou leur sac… Mais qui, réellement, va sortir un nouveau masque d’un sac hermétique pour aller chercher une assiette de salade ? 

Ce n’est qu’un exemple. Il en va de même dans les rues où le masque est rendu obligatoire quand il ne l’est pas dans la rue suivante, ou tout simplement lorsque l’on est en ville et que l’on fait du shopping. 

Le masque qui ne sert à rien

Et pourtant, en avril déjà, 60 Millions de consommateurs avaient prévenu en titrant un dossier : « Porter un masque ne sert à rien si vous l’utilisez mal ».  

Prenons le cas des masques chirurgicaux. Ils se manient exclusivement par les élastiques, doivent être mis en place sur la bouche ET le nez après un lavage de mains méticuleux, et ne doivent plus être touchés, que le nez gratte, qu’on ait besoin de le réajuster ou qu’il y ait de la buée sur les lunettes. 

Pour garder son efficacité, un masque chirurgical se porte quatre heures maximum et doit être changé dès qu’il est humide. En gros, dès que vous toussez ou éternuez. Ce que confirme l’INRS, l’Institut national de recherche et de sécurité :

« L’humidité créée par l’expiration peut altérer l’efficacité de filtration du masque et réduire sa respirabilité »

Quid des masques lavables ? Hormis le fait de compter méticuleusement le nombre de lavages indiqué (mais pas toujours) sur l’étiquette, qui sait qu’il ne faut surtout pas le mettre dans une machine avec de l’adoucissant ou de la lessive 2 en 1 ? Ces produits sont en effet susceptibles d’obstruer les mailles et de diminuer la respirabilité de l’équipement comme son niveau de protection. 

Ces masques dits alternatifs, moins chers à l’usage, perdent tout autant leur efficacité à résister aux particules virales au bout de quatre heures, comme le précise l’AFNOR. 

Les mauvais gestes 

Reprenons maintenant quelques gestes qui, il faut bien l’admettre, sont devenus monnaie courante…

Ranger son masque dans sa poche ou dans son sac, qu’il soit d’ailleurs chirurgical ou en tissu, c’est augmenter les risques de contamination des mains, des vêtements, du sac, pour peu qu’il ait été souillé par des gouttelettes.

Le descendre en dessous du menton, c’est le rendre inefficace dès lors que de l’humidité (des postillons par exemple) peut déjà s’être déposée à cet endroit.

Porter son masque au bras en attendant une zone obligatoire, c’est l’user prématurément par le biais des frottements sur la peau. 

Une mauvaise utilisation systématisée

Et pourtant, une très large majorité de Français, pour ne pas dire la quasi-totalité, n’utilisent pas leur masque « comme il faudrait ».                                                           

Les réponses apportées à un sondage Harris Interactive pour LCI publié le jeudi 20 août sont sans appel : 

« 93% des Français qui portent un masque ne l’utilisent pas dans de bonnes conditions »

Plus précisément « 81% des Français le manipulent mal, 68% ne le lavent pas entre deux utilisations et 48% le portent plus de quatre heures de suite ». 

Pire encore, 65% des personnes interrogées ont déjà rangé leur masque dans leur poche entre deux utilisations. Ils sont 78% chez les 18-24 ans. 

La peur du gendarme

Alors oui, dans ce même sondage, 8 Français sur 10 portent le masque lorsque c’est obligatoire, et parmi eux un très large majorité « pour des raisons sanitaires ». Lesquelles deviennent caduques, on l’a vu, dès lors que le masque est mal utilisé. 

Un autre élément est mis en lumière par le même sondage : 15% des personnes qui portent systématiquement le masque avouent le faire par crainte d’être verbalisé. Ce pourcentage grimpe à 46% chez ceux qui ne le portent pas systématiquement. 

« Je préfère mettre un masque que j’ai déjà porté plutôt que recevoir une amende »

Combien d’entre nous adoptent la même attitude que ce jeune homme de 28 ans qui témoignait récemment sur le site de France 3 Paris Ile-de-France ? Après tout, policiers et gendarmes ne vont pas vérifier les conditions d’utilisation du masque. 

L’amende à 135€ n’est pas le seul argument financier mis en avant pour justifier le fait que beaucoup d’entre nous cherchent à « économiser » leurs masques quitte à en réduire l’efficacité, voire carrément à augmenter les risques de contamination.

A raison de 60 masques chirurgicaux par mois, le budget peut atteindre 228€ mensuels pour une famille de quatre personnes de plus de 11 ans. Cette même famille doit dépenser 96€ en moyenne si elle opte pour des masques lavables. Tout le monde peut-il vraiment se le permettre ? 

Source : France Soir

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