De l’absurdité de l’alarmisme climatique

Dans son essai magistral intitulé Une évaluation du narratif habituel du réchauffement climatique mondiall’éminent climatologue et professeur émérite Richard Lindzen démontre avec brio à quel point ce narratif est simpliste et absurde.  Il ne s’agirait en fait que d’un échafaudage de notions et d’hypothèses douteuses et contestables reposant sur une vision unidimensionnelle du système climatique.

Par exemple, alors que les climatologues de toutes tendances s’entendent pour dire qu’un doublement de la concentration de CO2 produit une perturbation minime — de l’ordre de 2 % du bilan radiatif — correspondant à une élévation de la température globale d’environ 1 0C,  le narratif habituel suppose l’existence de rétroactions positives qui multiplieraient ce forçage par un facteur de 2, 3, 4 ou même plus. « C’est sur l’énormité de cette supposition, plutôt que sur l’effet de serre lui-même, que la plupart des sceptiques (y compris moi-même) se sont concentrés », de commenter Lindzen, ajoutant qu’il existe dans le système climatique quantité d’autres fluctuations courantes parfaitement capables de s’opposer au forçage exercé par l’augmentation du CO2.

Le narratif habituel met également l’accent sur la température moyenne de la Terre. Nous savons qu’il s’agit plus justement de l’« anomalie de température » moyenne, définie comme la déviation par rapport à la normale 30 ans.  Dans un cas comme dans l’autre, on parle d’un accroissement de 1,1 0C depuis le début de l’ère industrielle, lequel pourrait atteindre 1,5 0C ou 2 0C d’ici à fin du siècle… dépendamment de l’évolution de nos émissions de CO2.  Les alarmistes affirment que ce minuscule accroissement additionnel de 0,4 0C à 0,9 0C constitue une « menace existentielle ». Or, cette affirmation sans fondement est évidemment absurde sachant que les humains et la planète peuvent tolérer des écarts de température de plus de 60 0C au cours d’une même année !

Le narratif habituel considère en outre que le climat de la Terre est déterminé par ce seul paramètre, la température. Or, au départ, cette notion de « climat de la Terre » n’a aucun sens :  selon la classification de Köppen, il existe cinq grands types de climats — tropical, sec, tempéré, continental et polaire — et une panoplie de sous-types. Plusieurs théoriciens ont tenté d’expliquer le pourquoi de ces différents régimes climatiques, mais comme le souligne Lindzen, aucune de ces approches n’est naïve au point de supposer qu’il y aurait une « température moyenne » qui déterminerait les nombreuses caractéristiques de la répartition des climats observée par Köppen – ou qu’il y aurait une seule cause comme le CO2.

Pour comprendre le changement climatique, la différence de température entre les tropiques et les pôles est une notion beaucoup plus pertinente. Actuellement d’environ 40 0C, ce gradient a fluctué entre 20 0C et 60 0C au cours des 50 derniers millions d’années. Plus la Terre est chaude, plus ce gradient est bas, et vice-versa. Grâce aux progrès de la paléoclimatologie, nous savons maintenant que ce sont surtout les températures des hautes latitudes qui fluctuent, tandis que les températures tropicales demeurent relativement stables. Le narratif habituel ne cesse d’ailleurs de rebâcher que l’Arctique se réchauffe x fois plus rapidement, mais il omet de dire que les régions tropicales se réchauffent moins vite ou très peu. Les pays du Sud, supposément les plus vulnérables, seraient donc moins touchés par les changements climatiques. Oups !

Le summum de l’absurdité

Contrairement au narratif habituel qui affirme naïvement et sans preuve que le CO2 est le bouton de contrôle du climat, les faits indiquent plutôt que son rôle est mineur. Les données de carottes de glace d’Antarctique révèlent notamment qu’au cours des cycles glaciaires des derniers 700 000 ans, les fluctuations de température précèdent toujours celles du CO2. De façon générale, les archives géologiques ne montrent pas de corrélation entre températures et CO2 pour la majeure partie de l’histoire de la Terre. D’autre part, à la concentration actuelle de 420 ppm, le CO2 est quasi « saturé », ainsi que l’ont démontré dans le menu détail les physiciens Wijngaarden et Happer dans une publication récente. Rappelons que chaque doublement successif du taux de CO2 produit un forçage identique d’environ 3,5 W/m2, de sorte que les derniers ppm ajoutés ont de moins en moins d’effet.  En comparaison, les changements orbitaux à l’origine des glaciations exercent un forçage de l’ordre de 100 W/m2.

Le véritable rôle du CO2 n’est pas de contrôler le climat mais bien de nourrir la planète. Les lycéens apprennent très tôt que le CO2 est le gaz de la vie, indispensable au processus de photosynthèse. Déclarer que le CO2  est un « polluant », comme le font les alarmistes, c’est le summum de l’absurdité !  Il s’avère que les plantes ont besoin de beacoup plus que les 420 ppm actuels pour croître de façon optimale et qu’une concentration inférieure à 150 ppm serait une vraie catastrophe car elle signifierait la fin de la vie sur Terre.

Logique déréglée

Depuis quelques années, le narratif habituel allègue avec de plus en plus d’insistance que le réchauffement climatique anthropique augmente la fréquence et l’intensité des « événements météorologiques extrêmes ». De fait, il va même jusqu’à prétendre que ces phénomènes sont la preuve d’un « dérèglement » climatique imputable au CO2, comme si le climat d’avant l’ère industrielle était paradisiaque.

Or, cela est totalement faux et en flagrante contradiction avec les observations. Si on se donne la peine de prendre un recul de quelques décennies, comme l’exige la science du climat, on constate que les ouragans, les tornades, les canicules, les sécheresses, les inondations, même les feux de forêts, ne sont pas pires aujourd’hui qu’auparavant. Dans certains cas, on observe même une amélioration. S’ils sont parfois plus destructeurs, c’est simplement parce qu’il y a de plus en plus de propriétés installées en zones vulnérables et que leur valeur augmente. Quant aux décès dûs aux désastres, leur nombre est en chute libre. Mais, pour les croyants, les faits ne comptent pas.

Le traitement médiatique des « événements météorologiques extrêmes » est d’ailleurs carrément débile, les médias n’étant même pas capables de faire la différence entre météo et climat. L’autre jour, j’ai entendu un journaliste de Radio-Canada dire avec le plus grand sérieux que « les changements climatiques deviendront de plus en plus fréquents et intenses ». Passons.

L’ONU est elle-même coupable d’entretenir cette confusion illogique entre météo et climat, qui permet de dramatiser le narratif. À l’occasion de l’ouverture de la COP27, qui vient de se terminer en Égypte, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, n’a-t-il pas déclaré dans une allocution : « Greenhouse gas emissions keep growing.  Global temperatures keep rising.  And our planet is fast approaching tipping points that will make climate chaos irreversible.  We are on a highway to climate hell with our foot still on the accelerator. »  Cette déclaration de la part d’un leader mondial supposément intelligent et responsable est renversante. Hé ! il nous parle de catastrophe planétaire, de points de bascule imminents, de chaos irréversible, d’enfer climatique, etc.  Non mais, c’est du délire !  Et personne ne se lève pour dire que l’ONU ment outrageusement à la face du monde !

Ce n’est pas la première fois que M. Guterres et l’ONU emploient une rhétorique outrancière à propos du climat. Dans son livre Unsettled ? (Climat, la part d’incertitude, en français), Steven Koonin constate qu’il y a un large fossé entre, d’une part,  les rapports scientifiques du GIEC et, d’autre part, les déclarations, communiqués de presse et résumés de l’ONU. De façon générale, les rapports scientifiques du GIEC utilisent un langage à la fois nuancé et prudent, n’hésitent pas à traiter de l’incertitude et évitent les imprécations et les hyperboles : tout au plus, le climat est un « matter of concern ».

Le GIEC est cependant fautif en conservant certains scénarios d’émissions de GES jugés « implausibles » et en utilisant quelque 39 modèles climatiques globaux qui ont tous le défaut d’exagérer le réchauffement climatique, certains ridiculement plus que d’autres. Il est aberrant que les projections climatiques de ces modèles servent encore de guide pour la définition des politiques en matière de lutte au changement climatique, alors qu’il ne sont pas conçus pour cette utilisation.  De plus, certaines études basées sur les modèles les plus faux donnent lieu à des « prédictions » absurdes, comme la disparition des ours polaires ou des récifs coralliens, que les médias publient sans aucun discernement.

Politiques énergétiques stupides

Le narratif a de la suite dans les idées : puisque les émissions de CO2 et autres GES sont la cause de tous nos malheurs, il est donc impérieux de les éliminer. J’ai déjà traité, dans des billets précédents (ici et ici), de l’idiotie des politiques, programmes et initiatives de réduction des émissions de GES, plus particulièrement les fameux Green New Deals. Je ne reviendrai pas sur le sujet, sauf pour dire que le désastre, le chaos et l’enfer appréhendés sont en train de se produire sous nos yeux.  La crise énergétique que l’Europe vit actuellement est résolument « anthropique ».

Il est maintenant plus qu’évident que l’illusoire  « carboneutralité d’ici 2050 » a zéro chance de réussite, même si certains purs et durs y croient encore et souhaitent même en accélérer le tempo. La foi aveugle que ces promoteurs du « Net Zero 2050 » entretiennent à l’égard des « renouvelables » — chères, aléatoires, intermittentes et néfastes pour l’environnement — défie l’entendement. Décidément, les croyances sont tenances.

La valse des billions

Comme toute religion qui se respecte, le narratif habituel comporte une dimension morale. Le pape François a d’ailleurs invité tous les catholiques à se joindre à la lutte contre le changement climatique, ayant déclaré dans son premier encyclique que « la science est claire et que le changement climatique est un problème moral qui doit être abordé afin de protéger les plus vulnérables du monde et de la Terre.»

Du coup, la notion de « justice climatique » fait désormais partie intégrante du narratif et sous-tend les négociations qui ont eu lieu dans le cadre de la COP27 relativement  aux « pertes et préjudices ». Il est question ici des dommages résultant des changements climatiques, pris au sens large. Les pays à faible revenu les plus « vulnérables » seraient ainsi en droit d’exiger des compensations financières pour les dommages climatiques encourus sur leur territoire. Qui va écoper ? Bien sûr, qui d’autre que les pays industrialisés comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, le Japon, les États-Unis et le Canada… en fait, les contribuables de ces pays.

Beaucoup, beaucoup de billets verts seraient en jeu. Selon CFACT, la Colombie réclame à elle seule 800 milliards de dollars par année, ce qui représente rien de moins que 2,5 fois son PNB. La Colombie dit également appuyer un groupe d’autres pays latino-américains vulnérables et que son cas est représentatif de la région.  Si on applique le même ratio à l’ensemble de la planète, on arrive à une facture se chiffrant potentiellement en dizaines, voire en centaines de billions (mille milliards) de dollars annuellement. Là, on entre dans une autre dimension, fantasmagorique.

Mais, dans le contexte du narratif habituel absurde, cela est tout à fait cohérent et logique. Si les humains causent les changements climatiques, alors les pays industrialisés en sont les premiers responsables en raison de leurs émissions de GES disproportionnées, passées, présentes et futures. Au nom de la « justice climatique »,  ces derniers se sont déjà engagés à aider les pays moins fortunés à opérer leur transition énergétique… bien que les billets verts n’aient pas encore suivi ; maintenant, il paraît tout aussi raisonnable qu’ils les dédommagent pour les désastres causés par ce satané CO2.

C’est ainsi qu’à l’issue de la COP27, les 200 pays présents sont convenus de la création d’un fonds dédié pour aider les pays admissibles à « répondre » aux désastres climatiques. Certes, beaucoup de détails restent à aplanir, ce sera à la COP28 de le faire, mais l’Occident semble bel et bien piégé à son propre jeu. On verra bien où tout cela nous mènera.

Au même moment, l’État de New York était frappé de plein de fouet par une tempête de neige « historique » qui a laissé par endroits des accumulations atteignant près de un mètre…

Source : COP27: création d’un fonds dédié pour aider les pays

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