Derrière les listes communautaires aux municipales : l’influence du Qatar et des Frères musulmans

Jean-Pierre Marongiu
Écrivain et ingénieur

A été chef d’entreprise au Qatar où il a été emprisonné près de 10 ans, dont 5 ans sans procès. Il raconte cette expérience dans deux livres : InQarcéré – Périple au bout de l’enfer qatarien et Qaptif ! Un Français, otage du Qatar.

L’écrivain Jean-Pierre Marongiu s’inquiète de la prolifération de listes communautaires pour les municipales de mars et de l’inaction du gouvernement.

Emmanuel Macron devant le congrès des maires de France a récemment déclaré être opposé à l’interdiction des « listes communautaires » en politique et notamment pour les prochaines élections municipales de mars 2020. Mais de quoi parle-t-on à mots couverts quand on évoque les listes communautaires ?

L’UDMF, cheval de Troie municipal de l’islam politique

Les listes communautaires en question sont celles de l’UDMF, l’Union Démocratique des Musulmans de France que son fondateur Naguib Azergui décrit comme un mouvement non-confessionnel, laïc et profondément républicain.

L’UDMF a jeté son dévolu sur quelques villes cibles : Marseille, Amiens, Lyon, Avignon… et sur une cinquantaine de communes à travers le pays. À Garges-lès-Gonesse, Samy Debah – promoteur du concept d’islamophobie et ouvertement proche des Frères musulmans – est régulièrement cité parmi les favoris pour avoir obtenu plus de 55 % des voix aux dernières élections législatives.

Mais au-delà de l’idée de revendication, pourquoi s’obstiner à nier certaines évidences ?

Samy Debah est également un des fondateurs du CCIF, le Collectif contre l’islamophobie en France. Régulièrement critiqué, le CCIF est un « groupe phare de l’islam politique, proche des Frères musulmans et de Tariq Ramadan » selon un journaliste de Marianne. Pire, pour Isabelle Kersimon, journaliste et co-auteur du livre Islamophobie, la contre-enquête, le CCIF est un catalyseur du fantasme d’une communauté dont les lois devraient être au-dessus de celles de la communauté nationale. Elle met en évidence la propagande du CCIF et des Frères Musulmans d’un islam politique auprès des citoyens de confession musulmane « destiné à faire plier la République sur l’émancipation des femmes, la laïcité et la liberté d’expression ».

Aucune loi communautaire ne peut prendre le pas sur celles de la République et c’est en cela que cet islam politique ne peut être compatible avec la démocratie française, profondément et historiquement laïque.

Sans position claire sur le sujet, le Gouvernement laisse faire

Il n’existe aucun dispositif légal encadrant les listes pouvant être jugées communautaires en France. Plusieurs associations et groupements islamistes s’engouffrent dans un flou législatif : l’UDMF est le cheval de Troie municipal de la stratégie de propagation de l’islamisme dans nos territoires, le CCIF endosse le rôle de théoricien et de caution morale, et le CAREP – Centre Arabe de Recherches et d’Etudes Politiques – est lui ouvertement l’organe stratégique des Frères Musulmans.

Emmanuel Macron – qui déclarait récemment vouloir traquer « l’hydre islamiste » – lui ouvre, en même temps, les portes de nos cités. Ce double discours peut laisser perplexe d’autant que le ministre de l’Intérieur considère qu’il « n’existe pas de listes communautaires, personne ne se revendique ainsi ». Mais au-delà de l’idée de revendication, pourquoi s’obstiner à nier certaines évidences ?

Qatar Charity ou l’islam politique en ordre de marche

Parce que, de fait, les preuves sont là, incontestables. Le CAREP par exemple, directement financé par la Qatar Charity, a lancé à l’occasion des prochaines municipales et par l’intermédiaire de son président, l’islamologue François Burgat, un appel à la mobilisation électorale qui ne laisse planer aucun doute sur ses intentions prosélytes : faire changer d’avis, par la force des urnes, tous ceux qui ne seraient pas convaincus de l’idée d’une persécution systématique de la communauté musulmane. Lors d’une conférence pour un think tank qatari, François Burgat concluait son discours en recommandant de « taper là où ça fait mal, [de] taper aux urnes ». Comment ne pas y voir un appel clair, revendiqué, de déployer des listes clairement communautaires ?

Il convient de rappeler que Qatar Charity, financeur du CAREP donc, est proche de la famille royale du Qatar, et sert de caution humanitaire pour le financement en Europe et dans le monde de l’islam politique. L’ONG qatarienne fait l’objet d’une surveillance de l’autorité de contrôle des associations au Royaume-Uni, notamment à cause de suspicions de financement du terrorisme. En France, une ancienne employée d’une association soutenue par Qatar Charity a été tuée par le RAID, après avoir été complice d’une attaque terroriste à Condé-sur-Sarthe. Les chercheurs du Washington Institute for Near East Policy ont identifié Qatar Charity comme l’une des organisations caritatives qui financent les mouvements islamistes sous couvert d’aide humanitaire.

Les Frères Musulmans peuvent ainsi avoir accès aux conseils municipaux

Lancé dans une bataille d’influence qui constitue l’essentiel de la stratégie d’islamisation de l’Europe, le Qatar finance et anime de nombreux réseaux en France et en Europe. La synergie avec les cellules des Frères Musulmans fonctionne à plein régime. Les responsables Frères Musulmans établis depuis des décennies en France ont franchi les portes des associations, institutions et donc désormais des partis politiques.

En présentant plus d’une cinquantaine de listes communautaires aux élections municipales, les Frères Musulmans peuvent ainsi avoir accès aux conseils municipaux. Suivant une stratégie ultra-réglée, le Qatar passe ainsi de l’économie, du sport et des médias à la sphère politique pour étendre son influence sur notre société et nos institutions.

Droit de réponse de la CAREPLe 20.01.2020 à 15h01

Nous avons pris connaissance d’une nouvelle publication qui porte à nouveau gravement atteinte à notre réputation et à celle de nos collaborateurs, notamment notre Président en exercice, Monsieur François Burgat.

Sans apporter la moindre preuve à l’appui de ses allégations, Monsieur Jean-Pierre Marongiu accuse le Centre Arabe de Recherches et d’Etudes Politiques (CAREP) de Paris d’être une association « islamiste », « prosélyte », « directement financée par la Qatar Charity » ou encore « l’organe stratégique des Frères Musulmans ».

Contrairement à vos allégations, le CAREP n’entretient aucun lien ni avec la Qatar Charity, ni avec les Frères musulmans. A l’instar de trois autres centres basés à Beyrouth, Tunis et Washington, le CAREP Paris est affilié et financé par le Arab Center for Research and Policy Studies (ACRPS) de Doha, centre de recherche de renommée internationale reconnu comme étant, selon les mots du journal Le Monde : « le premier think tank arabe ».
Association loi 1901 régie par le droit français, le CAREP dispose, à l’instar de nombreux centres de recherche français à l’étranger, et des think-tanks français financés par des bailleurs internationaux, d’une indépendance éditoriale totale, garantie à la fois par son accord avec l’ACRPS et par les membres de ses conseils d’administration et scientifique, qui sont tous d’éminents chercheurs français et internationaux.

Dans son billet, Monsieur Jean-Pierre Marongiu impute également la présence d’une liste communautaire aux prochaines élections municipales à Paris à un prétendu appel du CAREP de Paris. A l’appui de telles allégations il cite une expression employée par le politologue François Burgat, directeur de recherche émérite au CNRS et Président bénévole du CAREP Paris, lors de son intervention au centre le 18 octobre 2019 autour du thème ″La France face à la radicalisation″: « il faut taper aux urnes ». Dans le compte rendu écrit de cette conférence, disponible en ligne, François Burgat, a clairement explicité le sens de cette expression qui n’implique en aucun cas la formation de ces listes communautaires, auxquelles il s’est toujours opposé : « Quel que soit le degré d’implication des formations politiques dans la poussée islamophobe – la gauche se rapprochant inexorablement de l’extrême droite – celles-ci devraient être plus systématiquement rappelées aux pertes que leurs concessions électoralistes à l’extrême droite pourraient leur occasionner. Cette démarche devrait être non point seulement celle de l’électorat musulman – où le taux d’abstention est souvent élevé – mais de tous ceux – de toutes croyances, y compris l’athéisme – qui condamnent cette dérive et devraient le faire plus systématiquement sentir à leurs élus de tous bords ». Comme en atteste cette citation sans équivoque, François Burgat n’a jamais encouragé les musulmans de France « à former des listes communautaires ».

via Derrière les listes communautaires aux municipales : l’influence du Qatar et des Frères musulmans | Marianne

via la revue de presse du Collectif Lieux Communs

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