Des mouvements à la tête des centres d’appel de Free après «Cash Investigation»
L’émission d’Élise Lucet a enquêté sur les conditions de travail des salariés de Free dans plusieurs centres d’appel. Selon Politis, trois responsables pourraient prochainement quitter leurs postes.
Salaires trop faibles, sanction à la hache contre des salariés, «liquidation» des grévistes…. «Cash Investigation» s’en prend à l’opérateur de Xavier Niel. La charge est menée à la manière de l’émission d’Elise Lucet: il y a peu de place à la défense. L’enquête dénonce les conditions de travail dans des centres d’appels de Free en France et au Maroc. Le groupe est accusé d’avoir des méthodes de licenciement aux limites de la légalité. Le premier témoignage est celui d’un vendeur qui aurait – avec d’autres collègues – été licencié pour «fraude» alors qu’il clame avoir été sanctionné pour avoir demandé une révision de ses conditions de salaires. Les Prud’Hommes se sont rangés du côté des salariés, mais Free a fait appel de la décision.
La violente charge de «Cash Investigation» semble avoir déjà des conséquences chez Free, puisque, selon Politis, trois responsables de centres d’appels de Free, sur les sept que compte le groupe, vont ou ont déjà, quitter leur poste dans les prochaines semaines.
Images chocs de boxeur… Rien n’est de trop pour illustrer les méthodes de Free décryptées par «Cash Investigation». Un débrayage de trois heures dans un centre d’appels, avec des salariés qui se disent épuisés et en manque de reconnaissance. La direction de Free envoie un huissier, puis un mail d’Angélique Gérard, la directrice des centres d’appels de Free: il n’y aura plus d’embauches sur le site de Mobipel, à Colombes. Le site est donc «classé sensible».
Un ex-salarié de Free explique face caméra avoir été nommé pour établir une «liste noire» des fauteurs de troubles. Le délégué syndical est lui-même visé par une procédure du licenciement. Il y avait 650 salariés en octobre 2014, effectif qui est tombé à 330 en mars 2017, ce qui à terme signifie la disparition de ce centre d’appels. Le magazine effectue des reconstitutions d’entretiens avec une mise en scène soignée. Au cours de l’un d’entre eux, une salariée reçoit un avertissement pour avoir été absente après une tentative de suicide.
«Chantage à l’emploi»
«Cash Investigation» a aussi visité un centre d’appel au Maroc, un pays où Free profite de conditions de travail plus souples. Après une grève de plusieurs jours en 2012, pas un débrayage, les salariés de Total Call, le centre d’appels de Casablanca, voient débarquer Angélique Gérard. Les salariés, dénoncent un «chantage à l’emploi». Dans un mail, cité par «Cash Investigation», Angélique Gérard explique qu’elle «liquidera» les contestataires. Le mouvement social s’éteint, faute de protagonistes.
Non sans ironie, «Cash investigation» cite à plusieurs reprises Angélique Gérard, qui a 6.000 salariés sous ses ordres, et explique, lors d’une de ses prises de paroles publiques, avoir déployé depuis 2015 une «stratégie basée sur l’enchantement. Soyez heureux».
Après cette lourde charge contre les méthodes de management de Free, Maxime Lombardini, le PDG de Free est passé sur le gril par Elise Lucet, reçue au siège de Free. Maxime Lombardini met en avant des difficultés à recruter…. «Il n’y a aucun lien entre l’un (le débrayage sur le site de Colombes) et l’autre (la baisse des effectifs)», répond-il, «les yeux dans les yeux» à Elise Lucet. Jusqu’à perdre son légendaire sang froid devant l’insistance de la journaliste. Certes, le groupe n’a jamais mis en place de plan social dans ce centre d’appel, mais il a procédé à des licenciements individuels. Maxime Lombardini explique ne pas connaître tous les dossiers individuels…. Contacté par le Figaro, Free n’a pas souhaité commenter.
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