La fabrication de Greta Thunberg – acte III : la vérité la plus dérangeante : « le capitalisme est en danger d’effondrement »

Par Cory Morningstar
Paru sur Wrong Kind of Green sous le titre The manufacturing of Greta Thunberg – For consent : The most inconvenient truth : « Capitalism is in danger of falling apart » [ACT III]
Mis en forme avec Forrest Palmer, du collectif Wrong Kind of Green


Ceci est l’Acte III de la série en six parties : La fabrication de Greta Thunberg – pour consentement : L’économie politique du complexe industriel à but non lucratif

Dans l’Acte I de cette nouvelle enquête, j’ai ouvert le dialogue avec les observations suivantes de l’artiste Hiroyuki Hamada :

Ce qui est exaspérant dans les manipulations du complexe industriel à but non lucratif, c’est qu’ils récoltent la bonne volonté des gens, surtout des jeunes. Ils s’adressent à ceux qui n’ont pas reçu les compétences et les connaissances nécessaires pour penser par eux-mêmes, dans le but de servir des institutions conçues par et pour la classe dirigeante. Le capitalisme fonctionne systématiquement et structurellement comme une cage pour animaux domestiques. Ces organisations et leurs projets, qui opèrent sous de faux slogans humanistes afin de soutenir la hiérarchie de l’argent et de la violence deviennent rapidement certains des éléments les plus cruciaux de la cage invisible des grandes entreprises, du colonialisme et du militarisme.

La Fabrication de Greta Thunberg – pour consentement a été écrit en six actes.

Dans l’ACTE I, je révèle que Greta Thunberg, l’enfant prodige actuelle et le visage du mouvement de la jeunesse en lutte contre le changement climatique, sert de conseillère spéciale jeunesse et siège au conseil d’administration de We Don’t Have Time (Nous n’avons pas le temps), une start-up tech en plein essor. J’explore ensuite les ambitions de l’entreprise tech We Don’t Have Time.

Dans l’ACTE II, j’illustre la façon dont les jeunes d’aujourd’hui sont les agneaux sacrificiels de l’élite dirigeante. De plus, dans cet acte, je présente les membres du conseil d’administration et les conseillers de We Don’t Have Time. J’explore le leadership du nouveau projet We Don’t Have Time et les partenariats entre des entités environnementales privées bien établies : le projet Climate Reality de l’ex-vice-président des USA Al Gore, 350.org, Avaaz, Global Utmaning (Global Challenge), la Banque mondiale et le Forum économique mondial (Forum de Davos, acronyme anglais WEF).

Dans l’ACTE III, j’expose la façon dont Al Gore et les capitalistes les plus puissants de la planète se tiennent derrière les mouvements de jeunesse montés aujourd’hui et pourquoi. J’explore les liens entre We Don’t Have Time/Thunberg et Our Revolution, l’Institut Sanders, This Is Zero Hour, le Sunrise Movement et le Green New Deal [« New Deal vert », un « package » de réformes pro-climat et anti-inégalités proposé par le Parti démocrate des USA. Le nom fait référence au New Deal de Roosevelt, NdT].

J’évoque également la célèbre famille de Thunberg. En particulier, la célèbre mère de Greta Thunberg, Malena Ernman (Héros de l’environnement de l’année du WWF, 2017) et le lancement de son livre, en août 2018. J’explore ensuite la généreuse attention médiatique accordée à Thunberg en mai et avril 2018 par SvD, l’un des plus grands journaux suédois.

Dans l’ACTE IV, j’examine la campagne qui se déroule actuellement, avec son but de « conduire le public en mode d’urgence ». Plus important, je résume qui et quoi ce mode est destiné à servir.

Dans l’ACTE V, j’examine de plus près le Green New Deal. J’explore le think tank Data for Progress (Données pour le progrès) et le ciblage de la jeunesse féminine comme clé « fémographique ». Je connecte l’architecte principal et les auteurs des données du « Green New Deal » à l’ONG World Resources Institute. De là, je vous guide à travers l’imbrication de la Business & Sustainable Development Commission (Commission pour le business et le développement durable) et de la New Climate Economy (initiative Nouvelle Économie du Climat) – un projet du World Resources Institute. Je révèle le point commun entre ces entités et l’attribution de valeurs monétaires à la nature, représenté par la Natural Capital Coalition (Coalition pour le capital naturel) et le complexe industriel à but non lucratif considéré en tant qu’entité. [Complexe industriel à but non lucratif : l’auteur reprend l’expression « Complexe militaro-industriel » et l’applique au réseau mondial des ONG à but non lucratif, NdT]. Enfin, je révèle comment tout cela a abouti à la mise en œuvre de paiements pour des services liés à l’écosystème (c’est la financiarisation et la privatisation de la nature, à l’échelle mondiale) qui « devrait être adoptée lors de la quinzième réunion à Pékin en 2020 ».

Dans l’acte final, l’ACTE VI [Crescendo], je termine la série en révélant que les fondations mêmes qui ont financé le « mouvement » du climat au cours de la dernière décennie sont aujourd’hui partenaires du Climate Finance Partnership et cherchent à siphonner 100 billions de dollars de fonds de pension. Je révèle l’identité des individus et des groupes à la tête de cette matrice, ceux qui contrôlent à la fois le média et le message. Je remonte un peu dans le temps pour décrire brièvement les dix années d’ingénierie sociale stratégique qui nous ont menés jusqu’à ce précipice.

Je vois la relation entre le WWF, l’Institut de Stockholm et le World Resources Institute comme des instruments-clés dans la création de la financiarisation de la nature. J’examine également les premières campagnes publiques pour la financiarisation de la nature (le « capital naturel ») qui sont peu à peu introduites dans le domaine public par le WWF. Je réfléchis à la façon dont les ONG mainstream tentent de préserver leur influence et de manipuler encore davantage la population en se cachant derrière les groupes d’Extinction Rebellion organisés aux États-Unis et dans le monde entier.

Une fois l’écran de fumée dissipé, le vague, voire la quasi-inexistence des demandes, qui rappellent les « exigences » de TckTckTck en 2009, pourront être pleinement comprises.

Certains de ces sujets, ainsi que d’autres, feront l’objet de publications ultérieures et seront discutés plus en détail au fur et à mesure des addenda qui viendront s’ajouter à l’important volume de recherches. Il s’agit notamment de passer de l’autre côté du miroir et d’explorer à quoi ressemblera le véritable « Green New Deal » de la Quatrième Révolution industrielle. Il sera également question du pouvoir de la célébrité – et de la façon dont elle est devenue un outil-clé, à la fois pour le capital et pour s’assurer de la passivité conformiste des populations.

Note : Cette série contient des informations et des citations traduites du suédois via Google Translate.

 

ACTE TROIS

Malena Ernman : héros de l’environnement de l’année du WWF, 2017

La mère et le père de Greta Thunberg. La chanteuse d’opéra Malena Ernman avec son mari, l’acteur Svante Thunberg au Polar Music Prize, 2012. Ernman a représenté la Suède au concours Eurovision de la chanson en 2009. Photo : Chapman

En octobre 2018, Miljö & Utveckling a reconnu Ingmar Rentzhog, fondateur de We Don’t Have Time, meilleur influenceur environnemental de l’année en Suède. [Source : The Secret Sauce of a Global Climate Movement]

Greta Thunberg, conseillère spéciale jeunesse et administratrice de We Don’t Have Time, une start-up de technologie grand public en plein essor, a été reconnue comme deuxième influenceuse de l’année.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mois précédent, le 1er septembre 2018, Dagens Nyheter, le journal le plus en vue de Suède, avait publié une tribune de l’ONG suédoise Global Challenges intitulé « The Acute Climate Crisis Requires a Broad Political Gathering » (« La gravité de la crise climatique exige un large rassemblement politique »)

« Bien qu’une grande partie du changement requis soit à la fois possible et rentable, des campagnes politiques vigoureuses sont essentielles pour ajuster les prix, les taxes et les réglementations afin que la transition vers une société durable devienne attractive, rentable et rapide. » [Lettre complète en anglais]

« Les signataires sont prêts à contribuer à ce processus, en soutenant la transformation de notre société et du monde en une économie à faible émission de carbone : Mats Andersson, vice-président de la Global Challenges Foundation ; Erik Brandsma, PDG de Jämtkraft ; Malena Ernman, chanteuse d’opéra ; Antje Jackelén, archevêque ; Staffan Laestadius, professeur émérite KTH ; Kristina Persson, ancienne ministre de l’Avenir; Ingmar Rentzhog, président du Global Development Challenge ; Johan Rockström, professeur en sciences environnementales ; Daniel Sachs, PDG de Proventus et Anders Wijkman, président du Club de Rome ».

Anders Wijkman, cité par les signataires susmentionnés, est un ancien membre du Parlement, président du Conseil suédois de l’environnement et ancien coprésident du Club de Rome. Il est également membre de Global Utmaning, avec un engagement particulier pour les questions climatiques et la finance circulaire.

Malena Ernman, mère de Greta Thunberg, est également citée parmi les signataires ci-dessus.

Dans une interview publiée le 15 octobre 2018, la publication Miljö & Utveckling demande à Rentzhog quelles sont ses plus grandes influences et lui décerne le titre de « Influenceur environnemental N°1 ». Il répond en citant Greta Thunberg, mais ne mentionne pas l’aide apportée par son entreprise à Thunberg (actuelle conseillère jeunesse et administratrice de We Don’t Have Time), qui a permis à sa campagne de devenir internationale. Il ne décrit pas non plus sa relation avec la mère de Thunberg, Marlena Ernman, brièvement citée dans le même article.

Plus tôt dans l’année, le 4 mai 2018, Rentzhog et Ernman étaient tous deux invités au gala d’ouverture de la conférence sur le climat (« journée du changement climatique ») qui avait lieu du 4 au 6 mai à Stockholm, Suède. La sœur de Greta Thunberg, Beata Ernman-Thunberg, était également au programme. C’était un événement modeste, sans tambour ni trompettes.

Greta Thunberg est une privilégiée née dans la richesse.

Sa mère est la célèbre chanteuse d’opéra suédoise Malena Ernman. Son père est l’acteur Svante Thunberg, et son grand-père est l’acteur et metteur en scène Olof Thunberg. « Son ancêtre du côté de son père est un prix Nobel, Svante Arrhenius. Arrhenius était un physicien et chimiste suédois lauréat du prix Nobel de chimie en 1903. Il est connu pour ses innombrables contributions scientifiques, mais il a découvert qu’une augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmente la température à la surface de la Terre. Ce résultat a conduit à la conclusion que les émissions de dioxyde de carbone d’origine humaine causent le réchauffement de la planète. » [Source][De l’influence de l’acide carbonique dans l’air sur la température du sol, Svante Arrhenius, 1896]

Le journal Svenska Dagbladet (SvD) est le troisième journal le plus diffusé en Suède. Il a été généreux dans sa couverture de Thunberg et de sa mère, Ernman.

Le 30 mai 2018, SvD a choisi Thunberg parmi ses lauréats du concours d’écriture pour la jeunesse de SvD sur le climat.

Auparavant, le 21 avril 2018, SvD avait assuré la couverture de la pré-publication du livre familial. Le livre « Scener ur Hjärtat » (en français « Scènes du cœur »), sur les problèmes de santé mentale au sein de sa famille et ses inquiétudes face au changement climatique, allait être lancé le 24 août 2018, quatre jours après le début de la grève de l’école de Greta Thunberg (le 20 août 2018).

Le World Wildlife Fund (WWF), peut-être l’ONG la plus importante au monde, et Greenpeace, une organisation entièrement au service des corporations, ont tous deux contribué à soutenir Thunberg, avec d’autres ONG internationales telles que 350.org. Le 11 octobre 2017, WWF Suède a décerné le prix du héros de l’environnement à Ernman.

« L’artiste Malena Ernman et la biologiste Rebecka Le Moine ont été nommées héroïnes de l’année par le WWF »[Source]

 

 

 

 

 

Le 17 septembre 2018, le WWF Suède a désigné Thunberg comme l’une de ses trois personnes nominées pour le titre de Jeune héros environnemental de l’année 2018.

Greenpeace Suède : « Malena Ernman est une activiste incroyable dans la lutte pour préserver notre forêt pour les générations futures. Grâce à son soutien et à celui de toutes les personnes extraordinaires qui nous soutiennent, nous pouvons continuer à protéger notre planète exceptionnelle. Voulez-vous aussi offrir un cadeau de Noël qui fait une réelle différence ? » [Source : Facebook]

Greenpeace utilise également Ernman et Thunberg pour promouvoir sa puissante marque. Peu de gens savent qu’en 1997, selon Greenpeace, la politique climatique devait s’assurer que le monde ne dépasse pas une augmentation de température de 1ºC. Pourtant, peu de temps après, en 2009, alors que la planète était en proie à une grave crise écologique, Greenpeace a réclamé (lors de la Conférences des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague) un accord contraignant qui permettrait à la Terre de se réchauffer davantage, pour atteindre 2ºC. La demande de 2ºC, sous l’égide du groupe de coordination TckTckTck cofondé par Greenpeace, allait contre la Bolivie, le G77 et d’autres petits États qui s’étaient battus pour un accord contraignant afin de maintenir la hausse des températures mondiales à 1ºC. L’année suivante, 350.org – un autre cofondateur de TckTckTck – est allé une fois de plus contre les peuples autochtones de Bolivie lors de la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et les droits de la Terre-mère tenue à Cochabamba, en Bolivie.

« Le capitalisme est en danger d’effondrement »

« Mais le fait le plus important demeure : le débat mainstream porte sur la façon de pratiquer le capitalisme, et non sur la question de savoir si nous devons choisir entre le capitalisme et un autre système. – Generation Investment

« Nous défendons la cupidité à long terme. » Al Gore et David Blood, du bureau de Generation à New York. 25 août 2015. (Christopher Griffith) [Source]

Jouant sur le pouvoir de la célébrité (un atout sans précédent pour l’expansion du capital en Occident), les influenceurs mondiaux d’aujourd’hui tels que Thunberg sont pleinement utilisés pour créer un sentiment d’urgence face à la crise climatique. La réalité tacite, c’est qu’ils sont la stratégie même du marketing pour sauver le capitalisme. C’est une « vérité très gênante ».

Le Financial Times, 27 juillet 2014 :

« Nous sommes maintenant à un moment crucial pour les investisseurs, poursuit-il. « Les cinq à dix prochaines années seront la période la plus critique pour accélérer la transition vers une économie faible en carbone. Nous pensons que le capitalisme est en danger d’effondrement. En conséquence, l’entreprise, qui s’est montrée assez réticente dans le passé sur les mécanismes de l’investissement durable, prévoit d’accroître sa visibilité. Nous devons y aller à fond. Nous allons être plus agressifs parce qu’il le faut. » – David Blood and Al Gore : « Capitalism is in Danger of Falling Apart » (« Le capitalisme est en danger d’effondrement »), Financial Times, 27 juillet 2014

Un article du 8 septembre 2015 « David Blood et Al Gore Want to Reach the Next Generation » publié par Institutional Investor, révèle que « le California State Teachers’ Retirement System, [régime de retraite des enseignants de l’État de Californie, acronyme CalSTRS], la deuxième caisse de retraite publique en importance aux États-Unis, avec un actif de 191 milliards de dollars, a été le premier investisseur institutionnel américain à investir dans Generation » [Generation Investment Management LLP est une firme d’investissements durables créée en 2004 par Al Gore et David Blood, de Goldman Sachs]. Cette opération s’inscrivait dans le cadre de la campagne de désinvestissement menée par un partenaire de l’ONG Ceres, 350.org, pour le compte de Wall Street et de la finance. Jack Ehnes, le PDG de CalSTRS, siège également au conseil d’administration de Ceres.

Le même article met en lumière la force motrice des ONG environnementales qui composent le complexe industriel à but non lucratif : c’est une véritable autoroute à échangeurs qui fusionne le complexe industriel à but non lucratif (NPIC) avec le monde de la finance :

Je recommanderais vivement aux personnes qui cherchent à se défaire du carbone de jeter un coup d’œil sur Génération », déclare Larry Schweiger, écologiste de longue date et membre du conseil d’administration du Climate Reality Project, un organisme à but non lucratif fondé par l’ex vice-président des USA Al Gore pour promouvoir l’éducation et les initiatives sur le changement climatique. Schweiger a été président et PDG de la National Wildlife Federation [Une ONG américaine dédiée à la conservation de la nature. Avec 4 millions de membres, c’est la principale association environnementale des USA, NdT] de 2004 à 2014 ; sous sa direction, la NWF est devenue un investisseur de Generation. ‘C’était l’un des investissements les plus performants de notre portefeuille.’ dit-il. »8 septembre 2015, « David Blood et Al Gore veulent atteindre la génération future », Institutional Investor

En avançant jusqu’au 29 avril 2018, un article d’Al Gore : Sustainability is History’s Biggest Investment Opportunity, [Le développement durable est la plus grosse opportunité d’investissements de l’histoire] publié par le Financial Times, révèle que la « richesse climatique » n’est pas pour le plus grand nombre, mais plutôt pour quelques-uns :

Generation compte parmi ses clients d’importants investisseurs du secteur public, tels que Calstrs, le régime de retraite des enseignants californiens (223 milliards de dollars), le régime de retraite de l’État de New York (192 milliards de dollars) et le fonds de retraite de la Environment Agency du Royaume-Uni. Elle gère également de l’argent pour le compte de particuliers fortunés, mais ne s’est pas encore ouverte aux investisseurs particuliers. La quasi-totalité de ses actifs est gérée sous forme de mandats en actions, mais 1 milliard de dollars est investi dans le capital privé.« [Source]

« J’ai appelé Generation Income et j’ai constaté que leurs possibilités d’investissement sont limitées.  Ils ont deux fonds d’investissement – Global Equity et Asia Equity. Le fonds d’actions mondiales est actuellement fermé – il y a une liste d’attente pluriannuelle qui est également fermée. L’investissement minimum est de 1 million de dollars et vous devez être super-accrédité. Le fonds semble cibler les investisseurs institutionnels et non les particuliers. Le fonds d’actions Asie est ouvert, mais les mêmes exigences minimales s’appliquent (1 million de dollars minimum). » [Source : AIO Financial]

Les membres du comité d’investissement de Generation comprennent des éco-lumières tels que Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et fondatrice d’une ONG, la Mary Robinson Foundation. Robinson est présidente de la B-Team de Richard Branson, qui est gérée par Purpose, la branche de relations publiques d’Avaaz.

Le 9 février 2007 : Sir Richard Branson (à gauche) et l’ancien vice-président des États-Unis d’Amérique Al Gore posent lors du lancement du Virgin Earth Challenge à Londres. Le défi consiste à créer un fonds de 25 millions de dollars pour des produits durables afin d’éliminer au moins 1 milliard de tonnes de dioxyde de carbone atmosphérique par an. (Photo par Bruno Vincent/Getty Images)

A ce stade, étant donné que nous sommes amenés à croire que les « investissements durables » sont la voie à suivre pour résoudre notre crise planétaire, il serait peut-être sage de se demander dans quelles entreprises durables Generation Investment investit. Generation Investment a dressé une liste de quelque 125 entreprises dans le monde dans lesquelles elle investit non pas en fonction de la durabilité de l’entreprise, mais plutôt « de la qualité de leur activité et de leur gestion ». [Source]

Le portefeuille et les investissements de Generation Investment comprennent des sociétés multinationales qui ont des antécédents de malversations, comme Amazon, Nike, Colgate, MasterCard et la chaîne de restaurants Chipotle, et des investissements importants dans la santé et la technologie. Et comme toutes ces compagnies sont fortement investies et/ou dépendantes des combustibles fossiles, personne ne sait comment Generation Investment peut justifier ces investissements dans ces sociétés.

[Gore] et ses collègues s’adressent à une toute petite frange du public issue du monde financier qui dirige les flux de capitaux, et aux autorités politiques qui fixent les règles du système financier. « Il s’avère que dans le capitalisme, les gens qui ont de l’influence réelle sont ceux qui ont le capital ! » m’a dit Gore lors d’une de nos discussions cette année. Il espère que le bilan de Génération attirera l’attention sur un message que les investisseurs du monde entier ne peuvent ignorer : Ils peuvent gagner plus d’argent s’ils modifient leurs pratiques d’une manière qui, en même temps, réduira également les dommages environnementaux et sociaux que le capitalisme moderne peut causer. » [Source]

[Suivi du portefeuille de gestion des investissements d’Al Gore]

La marche du climat de Washington D.C, 2017 :  « L’équipe B (B-Team), dirigée par Sir Richard Branson, Sharan Burrow et l’ancien vice-président Al Gore, s’est jointe à des centaines de milliers de travailleurs, scientifiques, chefs d’entreprise, étudiants, parents, grands-parents, enfants et groupes autochtones qui demandent que l’administration américaine agisse contre le changement climatique ». [Source]

Il s’agit d’une transformation industrielle d’une ampleur jamais vue auparavant. » – Sharan Burrow, secrétaire générale, Confédération syndicale internationale, leader de la B-Team [Vidéo].

« C’est la plus grande opportunité économique de notre vie. Ce mouvement a quitté la gare et ne s’arrêtera jamais. » – Jean Oelwang, Président, Virgin Unite, associé principal, The B-Team

Une étude de cas gênante : M-Kopa Solar, Afrique

Source : Site de M-Kopa

Nous pensons qu’il est possible de bâtir une entreprise sans compromis. Nous pouvons être bénéfiques pour l’environnement. Nos clients s’en porteront mieux. Et nous allons nous enrichir. Nous pouvons tous gagner. » Le cofondateur canadien de M-Kopa, Jesse Moore

Gore, qui pèse environ 350 millions de dollars, démontre un intérêt de pure forme envers les sujets des inégalités, de la disparité des richesses et de la pauvreté.  Il est donc utile de jeter un coup d’œil sur ce à quoi ressemble réellement la révolution si applaudie de l’énergie verte, lorsqu’elle se déroule dans la vie réelle et à qui s’adresse exactement la soi-disant « révolution verte ».

M-Kopa Solar – « Power for Everyone » (énergie pour tous) est un fournisseur d’énergie solaire payante (sous forme de kits solaires) créé pour les pays pauvres d’Afrique par des capitalistes blancs très riches. Les pays ciblés jusqu’à présent comprennent le Kenya rural, la Tanzanie et l’Ouganda.

M-Kopa est l’idée de Jesse Moore (PDG), Chad Larson et Nick Hughes – qui ont aidé à développer M-Pesa [un système de microfinancement et de transfert d’argent par téléphone mobile, NdT], qui compte plus de 19 millions d’utilisateurs au Kenya. [1]

« Vendre du solaire en Afrique émerge en tant que point chaud du marché »

Depuis sa création, la firme d’Al Gore a été l’un des principaux investisseurs de M-Kopa. Incubé par Signal Point Partners en 2011, M-Kopa solar a levé des fonds auprès d’investisseurs tels que Richard Branson et Generation Investment Management. Lancé fin 2012, l’objectif initial de vendre 1 000 kits solaires par semaine en trois ans a été atteint en 12 mois par l’entreprise. Le 2 décembre 2015, M-Kopa, aujourd’hui leader mondial de la fourniture d’énergie payante au jour le jour pour les foyers hors réseau, a annoncé la clôture d’un tour de table de financement de 19 millions de dollars mené par Generation Investment Management LLP. [Source]

Colin Le Duc, associé fondateur de Generation Investment Management et co-chef de la direction des fonds d’actions de croissance Climate Solutions de Generation, fait partie du conseil consultatif de M-Kopa.

Parmi les autres investisseurs/prêteurs/partenaires figurent la Fondation Shell et la Fondation Bill and Melinda Gates.

A ce stade, avant de poursuivre, il est vital de noter qu’en 2015, M-Kopa estimait que 80% de ses clients vivaient avec moins de 2 dollars US par jour.

Également en 2015, M-Kopa avait atteint un chiffre d’affaires de plus de 40 millions de dollars.

Un article du 2 décembre 2015 de Bloomberg « The Solar Company Making a Profit on Poor Africans – M-Kopa Plans to be a $1 Billion Company by Selling Solar Panels to Rural Residents-and Providing Them With Credit » (« La compagnie solaire qui fait du profit sur le dos d’Africains pauvres – M-Kopa prévoit d’être une compagnie à un milliard de dollars en vendant des panneaux solaires à des résidents ruraux et en leur offrants des crédits ») révèle la réalité de ces vautours cachés sous un vernis de greenwashing. Après le ratage des compteurs d’eau prépayés dans de nombreux pays africains, M-Kopa facture des taux d’intérêt élevés aux pauvres, avec des dividendes/rendements astronomiquement plus élevés pour les riches :

Les taux d’intérêt de M-Kopa sont élevés par rapport aux normes américaines ou européennes. Le prix au comptant de l’un de ses produits est inférieur d’environ 20 % au prix à crédit. Mais sur les marchés où l’entreprise est présente – jusqu’à présent, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda – les taux sont concurrentiels. Les sociétés de microfinance traditionnelles font généralement payer environ 20% d’intérêt sur leurs prêts et, en octobre, le gouvernement kenyan a émis des bons du Trésor qui offrent aux investisseurs un rendement annuel de 23%.

À première vue, une personne pourrait supposer que cette entreprise porte sur la vente d’énergie solaire. Pourtant, cette hypothèse serait une erreur. Son produit est la finance : « Environ un quart de ceux qui remboursent leur premier achat passent à d’autres achats à crédit, dit l’entreprise. » C’est la colonisation sous une nouvelle forme du XXIe siècle. La colonisation par l’endettement rendue possible par la vente de valeurs occidentales.

Parmi les autres vautours qui exploitent les plus démunis et les plus vulnérables sous couvert d’énergie verte et « d’énergie propre pour tous » figurent des organisations solidement établies, telles que la Fondation Gates et Mastercard.

Contrairement à la finance occidentale, où les prêts sont généralement remboursés par versements mensuels, les Africains ne bénéficient pas de cette confiance. En plus d’un dépôt, ils doivent rembourser leur nouveau prêt (dette) sur une base quotidienne. Cela peut peut-être être classé sous la rubrique « racisme en matière d’énergie verte ». Ceux qui n’effectuent pas leurs paiements sont punis en conséquence : « Notre agent est une carte SIM, incluse dans l’appareil, qui peut l’éteindre à distance », explique Chad Larson, troisième cofondateur et directeur financier de M-Kopa. « Nous savons qu’il est important pour eux de garder leurs lumières allumées la nuit, donc on peut compter sur eux pour continuer à payer. » [Source] [« La fonction de paiement à l’utilisation est activée par une technologie de machine à machine intégrée qui permet à M-KOPA de recevoir des paiements par l’intermédiaire de la plate-forme par mobile M-Pesa. M-KOPA peut éteindre l’appareil à distance si le client est en retard de paiement. Les remboursements créent des antécédents de crédit pour les consommateurs pauvres, ce qui peut leur donner accès à d’autres services financiers »]. [Source]

Les lampes solaires sont programmées de telle sorte qu’elles s’éteignent automatiquement dès que les clients manquent à leurs paiements quotidiens. Le package de démarrage fournit un système d’énergie solaire qui se compose d’un panneau, de trois lampes, d’une radio et d’un kit de recharge de téléphone portable. » – Un concessionnaire M-Pesa au sujet de la liste noire des mauvais payeurs auprès des agences d’évaluation du crédit, 18 février 2015

Les paiements quotidiens pour M-Kopa sont opérés via le service M-Pesa, grâce auquel Safaricom, la plus grande entreprise de télécommunications du Kenya (et l’entreprise la plus rentable de l’Afrique centrale et orientale) perçoit une commission d’un montant non divulgué pour chaque transaction. M-Kopa et Kenya Power sont les plus gros clients de Safricom en matière de facturation. En 2015, Bob Collymore, PDG de Safaricom au Kenya, était le quatrième Africain à rejoindre la B-Team de Richard Branson – Ventures Africa].

Nous n’investissons pas du tout dans l’énergie solaire « , déclare David Rossow, qui aide à gérer le portefeuille de 1,5 milliard de dollars de la Fondation Gates en investissements liés à des programmes (PRI). La fondation n’a même pas de programme d’énergie propre. Mais elle a un programme appelé Financial Services for the Poor (Services financiers pour les pauvres). « Nous nous soucions de prêts garantis par des actifs. » [Source]

De précieuses métadonnées sont une valeur supplémentaire pour nos sauveurs entrepreneurs blancs : « Le contrat client actuel de M-Kopa stipule que les données recueillies par l’entreprise ne peuvent être utilisées que pour améliorer l’expérience client, mais l’entreprise a l’intention de recueillir des données sur les auditeurs et les téléspectateurs de ses radios et télévisions. « Il y a des données que nous pouvons recueillir mieux que personne d’autre », dit Larson.

Et qu’apporte la révolution de l’énergie verte, qui dépend entièrement du pillage de la Terre, en Afrique, où plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité et où plus de 300 millions ne disposent pas d’installations sanitaires ? Des fours solaires ? Des toilettes ? Une filtration de l’eau ? De la plomberie ? Des écoles ? Des cliniques ? Des hôpitaux ? Réponse : la télévision.

« Effectuez vos paiements en entier et à temps, afin d’être admissible aux mises à niveau du système et bien plus encore ! » – Site de M-Kopa

Et ce n’est pas parce que l’entreprise est en fait une entreprise financière, plus qu’un fournisseur de produits solaires, [2] qu’il n’y a pas d’amples possibilités de voler les Africains comme au coin d’un bois. Le prix du kit solaire de base pour un téléviseur de 24 pouces [2-1][2-2], lorsqu’il est financé via l’entreprise, s’élève à 644.88 dollars, ce qui est scandaleux. Le prix au comptant est également élevé, à 546,61 dollars, une somme exorbitante pour les personnes qui vivent avec 2 dollars par jour. Bien sûr, ce prix n’est celui-là que si les paiements quotidiens sont effectués tous les jours, ce qui garantit qu’aucun intérêt ou pénalité supplémentaire ne s’ajoute au montant initial du prêt.

L’exploitation, ici, dépasse l’entendement. Prenez un pack solaire de 30W comparable au pack M-Kopa ci-dessus : il peut être acheté au détail au prix de 157.99 dollars sur Amazon. De même, le prix d’un téléviseur LED de base de 24 pouces est souvent annoncé aux États-Unis et au Canada pour moins de 100 dollars. Nombre des articles vendus dans les packages [2-3] peuvent être trouvés dans les nombreuses quincailleries de quartier occidentales pour 1 dollar pièce.

Photo: M-Kopa

On peut se demander ce qui se passe lorsque les prêts dépassent la durée de vie des produits vendus avec des garanties de courte durée – une garantie de deux ans sur la télévision 24 pouces et une garantie d’un an sur les accessoires.

Entre deux campagnes de bombardements de pays africains, l’ancien président américain Barack Obama a trouvé le temps de visiter la société solaire M-Kopa. « Le président américain Barack Obama s’entretient avec June Muli, responsable du service clientèle de M-Kopa, lors du Sommet mondial de l’entreprise à Nairobi en juillet 2015. Photo : M-Kopa. » [Source : Forbes]

En février 2015, M-Kopa a annoncé son plan pour que ses clients mauvais payeurs soient mis sur liste noire auprès des bureaux de crédit :

« M-Kopa, revendeur de produits solaires lié à M-Pesa, commencera dès le mois d’avril à partager des informations sur les défauts de paiement des prêts avec les bureaux de crédit de référence, pour juguler le nombre croissant de mauvais payeurs. La société a publié un avis indiquant qu’elle prévoit de partager des informations sur la façon dont les clients paient leurs kits solaires M-Kopa, dans une démarche qui enverra les mauvais payeurs sur la liste noire des prêteurs. M-Kopa se joint maintenant à d’autres fournisseurs de services publics tels que Kenya Power et les offices des services d’eau, qui ont demandé aux bureaux de référence du crédit de dresser la liste de ceux qui ne paient pas leurs factures. » [Source]

Le crédit et la dette perpétuelle qui s’ensuit n’est pas le seul aspect du Rêve américain que les multinationales apportent aux pays du Sud.

Pour être claire, ce n’est pas « l’économie durable » que nos suzerains du secteur privé lorgnent. Un capitalisme en difficulté doit rechercher – pour se sauver lui-même – de nouveaux marchés :

« L’équipe de la Fondation Gates a vu en M-KOPA l’occasion de démontrer que les services financiers mobiles pouvaient aider les entreprises à mettre davantage de produits de valeur entre les mains d’un nouveau marché de consommateurs avides : les pauvres. » [Source]

« La clé était d’aider M-KOPA à transformer ses comptes clients en garantie bancaire collatérale. D’autres investisseurs prenaient des participations dans la start-up. La Fondation Gates a préféré faire un prêt de 5 millions de dollars, aux côtés de la Commercial Bank of Africa. La thèse : si M-KOPA pouvait rembourser le prêt avec succès, les banques commerciales locales considéreraient les paiements des systèmes de financement par répartition comme une source de revenus fiable. Cela créerait une nouvelle classe d’actifs. » – Banking on the Poor, été 2016, Stanford Social Innovation Review.

Ici, nous devons nous pencher sur la réalité des « emplois verts » – que M-Kopa a créés – un argument de vente central de la soi-disant « économie verte », du New Green Deal, du développement durable / objectifs mondiaux, et d’une myriade d’autres appellations holistiques qui masquent la réalité.

Ce qui est rarement mentionné, voire jamais, c’est le fait que les panneaux solaires, téléviseurs, etc, de M-Kopa ne sont pas fabriqués localement, mais qu’ils proviennent de « marchés étrangers » (la Chine). Bien que la société ait suggéré que des panneaux solaires puissent être fabriqués localement au cours des prochaines années (probablement en raison de l’animosité croissante des Kenyans), les informations suivantes démontrent que ce ne sera le cas que si les Kenyans peuvent être encore plus exploités que les Chinois.

Chad Larson, co-fondateur et directeur financier de M-Kopa Solar, pose pour une photo au siège de M-Kopa Solar à Nairobi, Kenya, le mercredi 22 juillet 2015. Les clients acceptent de payer le panneau solaire par versements réguliers dont M-Kopa, un fournisseur de systèmes d’éclairage solaire basé à Nairobi, surveille ensuite les paiements, qui sont effectués via un service de transfert d’argent par téléphone mobile. Photographe : Waldo Swiegers/Bloomberg via Getty Images

Dans un article du 19 mars 2018, Solar Firm M-Kopa Lays off 450 Staff to Cut Costs (La firme solaire M-Kopa licencie 450 personnes pour réduire ses coûts) publié par Business Daily Africa, la raison de cette décision a été dévoilée en termes très clairs :

M-Kopa Solar, revendeur de kits solaires sur téléphone mobile au Kenya, a licencié 450 personnes dans ses filiales de quatre pays pour réduire ses coûts d’exploitation et accroître sa rentabilité.

Jesse Moore, co-fondateur et PDG de M-Kopa, a déclaré que l’entreprise était mieux placée pour atteindre ses objectifs et étendre les connexions solaires au prochain million de clients au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.

Cela a été fait pour réduire les coûts fixes et nous maintenir sur la voie de la rentabilité, ce qui a entraîné des réductions d’emplois dans les bureaux du Kenya, de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Royaume-Uni, abaissant notre effectif mondial de 18% », a-t-il déclaré.

Un article publié par Quartz Africa quatre jours auparavant, le 15 mars 2018, était encore plus clair :

M-Kopa, le fournisseur kenyan d’énergie solaire payante à l’utilisation, réduit ses effectifs afin d’améliorer sa compétitivité, d’assurer sa durabilité à long terme et d’accroître son rendement pour ses investisseurs. »

Cela vaut la peine d’être souligné. Pour être claire – il s’agit d’une augmentation rentable pour les investisseurs, avec une valeur nette de millions de dollars – faite au détriment des travailleurs licenciés, qui gagnent environ 2 dollars par jour.

15 mars 2018 : M-KOPA obtient 100 millions de shillings kényans de CDC, FinDev Canada : Jesse Moore, co-fondateur et PDG de M-KOPA, et Paul Lamontagne, directeur général de FinDev Canada, lors d’une visite à Ngong.

Immédiatement après le licenciement des employés africains de M-Kopa – avec des délocalisations – Generation Investment a apporté plus de fonds. Un article du 21 mars 2018 « M-Kopa Solar reçoit un investissement de 10 millions de dollars après avoir licencié 150 employés » publié par la compagnie de médias Kenyan Wall Street, révèle ce qui suit :

L’investissement intervient après l’achèvement d’un exercice de restructuration de l’entreprise qui a permis de réduire les effectifs de 18 %, les faisant passer de 1 000 à 850 personnes en Afrique de l’Est. Comme nous l’avons signalé la semaine dernière, environ 78 développeurs ont été congédiés et leur travail a été confié à une société étrangère appelée Applicita, qui appartient au nouveau directeur technique de la société.

Selon le PDG Jesse Moore, le processus de restructuration a été motivé par la nécessité d’accroître sa compétitivité, d’améliorer sa durabilité à long terme et d’accroître le rendement des investisseurs.

L’investissement FinDev était dirigé par CDC Group, un investisseur qui avait auparavant injecté 7 millions de dollars dans l’entreprise, et comprend des investissements de suivi par Generation Investment Management et LGT Venture Philanthropy. Les deux sociétés sont actuellement actionnaires de M-Kopa. »

La colonisation blanche, qui continue de prospérer, n’a pas été perdue pour Kenyan Wall Street, qui a noté :

… l’entreprise continue de faire hausser des sourcils sur son statut de startup kenyane, puisque sa direction est majoritairement composée d’étrangers. De plus, la question du licenciement d’employés locaux pour délocaliser ses opérations à une société étrangère ne sera pas oubliée. »

Le « rassemblement » et l’encouragement au pragmatisme financé par les fondations

Comme indiqué dans l’Acte I de cette série, les toutes premières personnes taggées dans le tweet initial de la grève scolaire de Greta Thunberg par Ingmar Rentzhog, le fondateur de We Don’t Have Time, étaient les cinq comptes twitter suivants : Greta Thunberg, This Is Zero Hour, l’adolescente fondatrice de This Is Zero Hour Jamie Margolin, le Climate Reality Project d’Al Gore et le compte Twitter de la People’s Climate Strike (Grève du Climat du Peuple), qui utilise la même police et esthétique que 350.org).

Les premiers tweets d’un compte twitter d’ONG sont importants, car ils révèlent souvent exactement à quelle fin et pour quelle action le compte a été créé. Dans ce cas particulier, le tout premier tweet du compte du People’s Climate Strike (Grève du Climat du Peuple) contenait le hashtag #floodthesystem (#InondonsLeSystème) (24 juillet 2015). Ce hashtag a été conçu pour promouvoir l’action intitulée Flood Wall Street (Inondons Wall Street) qui a eu lieu le 28 septembre 2015, menant à une deuxième Marche pour le climat, le 29 novembre 2015. En 2015, les premières ONG à utiliser le hashtag #floodthesystem ont été This Changes Everything (« Ceci Change Tout », l’ONG de Naomi Klein, membre du conseil d’administration de 350.org), le 6 mai 2015 ; OccuWorld, le 12 mai 2015, retweeté par Rising Tide North America), Sharon Vardatira de Meridian Consulting, 13 mai 2015, et Occupy Wall Street le 20 mai 2015.

La stratégie derrière les retweets de hashtags, de campagnes et de mouvements fabriqués par des ONG est l’espoir que l’un de ces hashtags va prendre auprès du public. Tel a été le cas avec le compte Twitter et hashtags de Climate Strike !Global Climate Convergence, qui ont été à peu près abandonnés dès 2017, et #EarthStrike, qui a échoué à prendre (jusqu’ici), jusqu’à cette grève récente du climat – qui a très bien marché auprès du public.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le tweet sur « Une jeune fille de 15 ans » (voir Acte 1) a été retweeté par Paola Fiore, fondatrice et PDG d’ETICAMBIENTE® Sustainability Management & Communications Consulting. Fiore est également coordinatrice nationale pour l’Italie du Climate Reality Project d’Al Gore en Europe. [1] Les affiliations, adhésions et partenariats du cabinet de Fiore comprennent, entre autres, l’Association for Coaching, Eco Community, United Planet Faith & Science Initiative (dont l’archevêque Desmond Tutu est membre fondateur, ainsi que le Dr Rajendra Pachauri), 2degrees (financé par la Commission européenne) et l’International Coach FederationETICAMBIENTE® est membre du Climate Reality Project d’Al Gore et de l’un des clients de la firme de Gore, l’International Society of Sustainability Professionals (Société internationale des professionnels de la durabilité).

« Merci, Al Gore, d’être un vrai pionnier. Très peu de gens ont fait plus. C’était un honneur de vous rencontrer. «

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les premiers « follows » du compte Twitter d’une ONG sont également importants car ils révèlent souvent qui a créé le compte – ou les personnes les plus proches du projet. Dans ce cas-ci, les deux premiers follows du compte Twitter du People’s Climate Strike (créé en juin 2015) se sont portés sur Cheri Honkala et la Campagne pour les droits économiques des pauvres fondée par Honkala. Honkala a été la candidate soutenue par « Our Revolution » [« Notre Révolution », un mouvement créé par Bernie Sanders, NdT] au poste de représentante de l’État de Pennsylvanie (#WeAreThe197th) en 2017.

Avec la formation du conseil d’administration annoncée le 29 août 2016, Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez ont été les candidats cooptés par Our Revolution 2018. Le 18 septembre 2018, Our Revolution (OR) et les Démocrates progressistes d’Amérique (PDA) ont annoncé un partenariat officiel établi par les conseils d’administration des deux organisations. « Le PDA est un comité d’action politique populaire, fondé en 2004 pour transformer le Parti démocrate et la politique américaine en élisant des progressistes à des postes fédéraux. » Le Conseil consultatif national du PDA comprend des membres du Congrès américain, le documentariste Michael Moore, le commentateur Thom Hartmann, Medea Benjamin de Code Pink et d’autres personnes libérales de statut élevé [5].

« RASSEMBLEMENT – Sur trois jours, les participants vont écouter des leaders d’opinion de tout le pays et du monde entier. »

Récemment, un nouvel institut a été lancé en partenariat avec Our Revolution : L’Institut Sanders (« Notre mission : revitaliser la démocratie « ). La conférence inaugurale (The Sanders Institute Gathering, le rassemblement de l’Institut Sanders) a eu lieu à Burlington, dans le Vermont (États-Unis) du 29 novembre au 1er décembre 2018. L’événement sur invitation comprenait la crème de la crème de la crème de l’establishment politique libéral, dont Bernie Sanders qui a prononcé le discours d’ouverture, Naomi Klein, membre du conseil d’administration de 350.org, le fondateur de l’organisation 350.org Bill McKibben (boursier de l’Institut Sanders), qui a parlé du New Green Deal, Jeffrey Sachs (membre de l’Institut Sanders), Cornel West (membre de l’Institut Sanders), le maire de New York Bill de Blasio, Nina Turner (sénatrice de l’Ohio, présidente de Our Revolution), Ben Cohen (de Ben & Jerry’s) et la représentante au Congrès des USA Tulsi Gabbard (membre de l’Institut Sanders) [Liste complète].

La bourgeoisie verte a côtoyé des « militants célèbres » dont Susan Sarandon, John Cusack, Danny Glover et Harry Belafonte (Glover et Belafonte sont tous deux membres du Sanders Institute). WCAX News a rapporté que le seul questionnement, ce soir-là, portait sur les médias. Seraient-ils autorisés ou non à assister à l’événement ? En fin de compte, les médias ont eu accès à l’événement, mais ils ont dû respecter des conditions strictes sur les personnes qu’ils seraient, ou non, autorisés à enregistrer. (Et tant pis pour la liberté de la presse.)

Le RASSEMBLEMENT du Sanders Institute 2018 – La Crise du climat et le New Deal vert

Les participants ont parlé avec passion des droits des indigènes, du racisme, etc, lors de cet événement uniquement accessible sur invitation, qui réunissait surtout des sauveurs riches et blancs qui se présentaient comme les pionniers de notre unique chance de salut. En réalité, ils essaient seulement de sauver le système (par des réformes) qui assure leur prospérité. Une autre vérité gênante en désaccord avec le rassemblement sont les vidéos promotionnelles produites pour l’Institut, qui s’efforcent de donner l’apparence d’une diversité et d’une inclusivité politiquement correctes.

20 juillet 2018 : Jamie Margolin, de Zero Hour, est à gauche de Bernie Sanders (au centre). Xiuhtezcatl Martinez est au dernier rang, à l’extrême droite. « Les organisateurs de Zero Hour rencontrent le sénateur Bernie Sanders pendant leur journée de lobbying jeudi. » Photo : Avec l’aimable autorisation de Zero Hour [Source]

Comme précédemment souligné, Zero Hour est l’un des cinq comptes Twitter tagués dans le premier tweet de Thunberg sur sa grève de l’école. Les partenaires de This Is Zero Hour comprennent : We Don’t Have Time, 350.org, le Climate Reality Project d’Al Gore, le Sierra Club, Power Shift, le Sunrise Movement et de nombreuses autres ONG puissantes et influentes au sein du complexe industriel à but non lucratif.

« Merci au vice-président @algore pour votre soutien et votre appui au mouvement #ThisIsZeroHour »[20 septembre 2018, Twitter].

« Nous soutenons nos partenaires du Sunrise Movement et voulons un New Deal vert »

4 janvier 2019 : « Bon anniversaire, Greta Thunberg Je suis si fière de tout ce que tu as fait et admirative de ton courage et sacrifice face à la #criseduclimat. This Is Zero Hour et moi sommes enthousiasmés à l’idée de travailler avec toi sur des projets épatants cette année. Nous sommes ensemble, ma soeur ». [Le mot « together », « ensemble », est de toute évidence un des éléments de langage à placer à chaque occasion possible, NdT]

28 juin 2018

Parmi les autres partenaires de Zero Hour figurent Powershift, iMatterYouth, CareBoutClimate, ClimateSign, Sierra Club, 350.org et Citizens Climate.

Dans ce tweet du 10 décembre 2018 (9 h 35), dix comptes Twitter ont été tagués ; 350.org, We Don’t have Time, the Sunrise Movement, Teen Vogue, Sierra Club, Greenpeace, Women’s March, Our Children’s Trust, Zero Hour et March for Our Lives.

Militants et entrepreneurs travaillent main dans la main

« Incroyable et inspirant – La Marche des Jeunes pour le Climat de This Is ZeroHour de ce week-end a été couverte par le New York Times »

« Aujourd’hui, la coalition menée par des étudiant.e.s This is Zero Hour marche sur Washington pour dire We Don’t Have Time (Nous n’avons pas le temps) – nous avons besoin d’agir pour le climat, sans délai ».

« Des scènes inspirantes à la marche des jeunes pour le climat de This Is Zero Hour ce week-end qui nous ont montré ce que les jeunes peuvent faire dans le combat pour la justice environnementale ».

Le Climate Group est cofondateur de We Mean Business – une coalition d’organisations travaillant avec des milliers d’entreprises et d’investisseurs parmi les plus puissants du monde. [6]

Le plus remarquable échange en ligne a peut-être a été les  mots d’encouragement » adressés par le Climate Group [6], sur Twitter, à Zero Hour pour avoir dirigé la Marche des jeunes pour le climat en juillet 2018. Les hashtags utilisés dans les tweets du Climate Group sont également importants : #WeDontHaveTime and #FrontlineYouth. Cela éclaire efficacement la stratégie et les acteurs-clés derrière le « mouvement climatique » – où les ONG, leurs donateurs et les entreprises font tous partie de la même équipe.

Ce n’est pas de la gentillesse. C’est une stratégie froide et sophistiquée.

Incubé par le Rockefeller Brothers Fund (le Fonds des frères Rockefeller) en tant que projet interne devenu ensuite une institution autonome, The Climate Group est cofondateur de We Mean Business – « une coalition d’organisations travaillant avec des milliers d’entreprises et d’investisseurs parmi les plus influents du monde ». Les partenaires fondateurs de We Mean Business sont Business for Social Responsibility (BSR) (liste complète des membres et associés), CDP (anciennement Carbon Disclosure Project), Ceres, The B-Team, The Climate Group, The Prince of Wales’s Corporate Leaders Group (leaders du business européen travaillant sous le patronage du Prince de Galles, CLG) et World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). Ensemble, ces groupes représentent les entreprises les plus puissantes – et les plus impitoyables – de la planète, en route pour dégager 100 billions de dollars pour la Quatrième révolution industrielle.

Comme je le démontrerai dans le prochain volet de cette série, l’énergie des « jeunes de première ligne » est mobilisée stratégiquement par une campagne climatique très organisée et sophistiquée. Cette même énergie est captée, puis canalisée pour sauver, renforcer et étendre le système capitaliste et hégémonique qui promet de détruire l’avenir de ces mêmes jeunes. On pourrait appeler cela une économie circulaire de la mort. Il faut beaucoup d’habileté et de coordination pour « mener des chats » [7] – à l’abattoir.

Cory Morningstar est journaliste d’investigation indépendante, écrivain et militante écologiste. Elle se concentre sur l’effondrement écologique mondial et l’analyse politique du complexe industriel à but non lucratif. Elle réside au Canada. Ses écrits récents ont été publiés sur Wrong Kind of Green, The Art of Annihilation et Counterpunch. Ses écrits ont également été publiés par Bolivia Rising and Cambio, une parution officielle de l’État de Bolivie.

Traduction Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia
Photo de la page d’accueil Gerd Altmann/Pixabay

Notes et références :

1] M-Pesa est un service de transfert d’argent, de financement et de microfinancement par téléphone mobile. Il a été lancé en 2007 par Vodafone pour Safaricom et Vodacom (les plus grands opérateurs de réseaux mobiles au Kenya et en Tanzanie). Il s’est étendu à l’Afghanistan, l’Afrique du Sud, l’Inde, la Roumanie et l’Albanie.) Au Kenya, M-Pesa est utilisé pour imposer une idéologie de la dette qui reflète l’idéologie occidentale de la dette.

2] La société M-KOPA offre trois (3) packages de produits suivants :

2-1] Le « M-KOPA 5 Solar Home System » (système solaire domestique M-KOPA 5), peut être acheté avec un dépôt de 2 999,00 shillings kényans, Ksh (29,75 dollars), plus 420 paiements quotidiens de 50,00 Ksh (0,50 dollars). Ce paiement total, incluant le dépôt, est de 23 999,00 $ Ksh (238,03 dollars). Le prix d’achat au comptant sans financement est de 18 999,00 $ Ksh (188,44 dollars). [consulté le 27 janvier 2019]

Le « M-KOPA 5 Solar Home System » comprend un panneau solaire de 8W, une radio rechargeable, une unité de commande M-KOPA 5 avec batterie au lithium, quatre ampoules LED de 1,2W, un câble de charge téléphonique 5-en-1, un câble de charge personnalisé et une lampe-torche LED rechargeable.

3-2] Le M-KOPA 600 exige un dépôt de 5 999,00 shillings ougandais, UGX. (59,50 dollars), plus 590 paiements quotidiens de 100,00 $ Ksh (0,99 dollars). Le paiement total, incluant le dépôt, est de 64 999,00 $ Ksh (644,68 dollars). Le prix d’achat au comptant sans financement est de 1 999 000,00 $ Ksh. (546,61 dollars). » [au 27 janvier 2019]

Le pack « M-KOPA 600 (24 TV) » comprend une unité de commande M-KOPA 600, un téléviseur numérique à écran plat de 24 pouces, un panneau solaire de 30 W, une télécommande TV, une antenne TV, deux lampes solaires, une lampe LED solaire rechargeable, une radio solaire rechargeable et deux câbles de recharge téléphonique. « L’antenne parabolique et la carte CAM sont fournies séparément. »

3-3] Le M-KOPA 600 avec CAM Zuku exige un dépôt de 6 999,00 $ UGX. (69,42 dollars), plus 590 paiements quotidiens de 135,00 $ Ksh (1,34 dollars). Le paiement total, incluant le dépôt, est de 86 649,00 $ Ksh (859,42 dollars). Le prix d’achat au comptant sans financement est de 69 999,00 $ Ksh (694,27 dollars). » [au 27 janvier 2019] [4 Nous créons et promouvons des programmes novateurs de développement durable et des initiatives de responsabilité sociale des entreprises, et nous offrons des services consultatifs stratégiques sur les changements climatiques et les DSD.

[5] Le Conseil consultatif national du PDA comprend des membres du Congrès américain : Barbara Lee, Keith Ellison, Raul Grijalva et James McGovern, ainsi que le documentariste Michael Moore, l’actrice et militante Mimi Kennedy, le révérend Rodney Sadler, l’auteur Jim Hightower et les animateurs et auteurs Lila Garrett et Thom Hartmann. Les activistes Michael Lighty, Medea Benjamin, Steve Cobble, Kristin Cabral, Dr Paul Song, M.D., Belen Sisa et le professeur Marjorie Cohn siègent également au conseil consultatif du PDA, qui est présidé par l’a militante exemplaire Donna Smith. » [Source][Mis à jour].

6] Le Climate Group : Le Rockefeller Brothers Fund sert également d’incubateur pour des projets internes qui se transforment par la suite en institutions autonomes, comme le « Climate Group », lancé à Londres en 2004.  La coalition Climate Group regroupe plus de 50 des plus grandes entreprises et gouvernements nationaux ou régionaux du monde, y compris de grands pollueurs comme les géants de l’énergie BP et Duke Energy, ainsi que plusieurs organisations partenaires, dont la grande ONG Avaaz. Le Climate Group plaide en faveur des technologies non éprouvées de séquestration et de stockage du carbone (CSC), de l’énergie nucléaire et de la biomasse en tant que technologies cruciales pour une économie pauvre en carbone. Le Climate Group travaille en étroite collaboration avec d’autres lobbies d’entreprises, dont l’International Emissions Trading Association (IETA), qui travaille sans relâche pour saboter l’action climatique. Le Climate Group travaille également sur d’autres initiatives, l’une d’entre elles étant celle du « Voluntary Carbon Standard » (standard carbone volontaire), une nouvelle norme mondiale pour les projets de compensation volontaire. Une société de stratégie marketing a qualifié la campagne du Climate Group baptisée ‘Together’ de « meilleur vaccin contre le greenwashing ». Le Climate Group est présent en Australie, en Chine, en Europe, en Inde et en Amérique du Nord.  Il a été partenaire du « Conseil de Copenhague sur le climat ».

7] Forbes, 25 septembre 2014 : Leadership Lessons from The People’s Climate March : (Leçons sur le leadership venues de la marche populaire pour le climat) : « Avec cela comme modèle de leadership, il n’est peut-être pas surprenant que tant de chats aient été rassemblés avec autant de succès. Mais ce n’est pas tout. L’autre leçon de leadership est de mettre le projet avant les personnes. » [Source]

via La fabrication de Greta Thunberg – pour consentement, acte III : la vérité la plus dérangeante : « le capitalisme est en danger d’effondrement »

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