La mère d’un djihadiste français de l’État islamique condamnée à dix ans de prison

Christine Rivière, surnommée «mamie djihad» par les enquêteurs, a été jugée jeudi et vendredi. Elle a été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris.

Une mère ayant «pleinement adhéré» à l’idéologie fanatique de son fils, combattant djihadiste devenu «émir» en Syrie. Christine Rivière, 51 ans, a été condamnée vendredi à dix ans de prison, assortis d’une période de sûreté des deux tiers – la peine maximale – pour son «engagement sans faille» auprès des djihadistes. Le tribunal correctionnel a suivi l’ensemble des réquisitions du Parquet, relevant la «détermination» de celle qui a «contribué au départ de plusieurs jeunes femmes» et au «financement» de la cause djihadiste.

En 2013 et 2014, cette mère est partie à trois reprises en Syrie où elle a rejoint son fils, Tyler Vilus, 27 ans, devenu à partir d’octobre 2012 un ponte du groupe terroriste État islamique et aujourd’hui détenu en France. Son dossier est toujours à l’instruction.

Reconnue comme la doyenne de la trentaine de femmes revenues de Syrie, elle a été identifiée sur les réseaux sociaux comme «Oum Abdallah» (la mère d’Abdallah, un des alias de son fils). Interpellée le 2 juillet 2014 au domicile de son autre fils alors qu’elle s’apprêtait à repartir en Syrie, Christine Rivière n’a jamais caché son intention de retrouver Tyler, dont elle a affirmé partager l’engagement religieux radical. Lors des deux jours d’audience, elle a continué à contester le fait d’avoir apporté un quelconque soutien financier à l’organisation terroriste ou même d’avoir combattu en Syrie. Pourtant, lors d’une perquisition, les enquêteurs ont retrouvé des photos d’elle armée avec notamment une ceinture d’explosif. Elle a également publié des images de décapitation sur Facebook pour, selon elle, «montrer la réalité de ce qui se fait là-bas».

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Au cours du procès, elle a expliqué être partie pour rejoindre son fils quand elle a «compris qu’il ne reviendrait pas» et a assuré qu’elle ne l’avait jamais encouragé à partir ou poussé «à tomber en martyr». Il aurait gagné «une place au paradis, proche d’Allah», et une mère aimante ne «s’oppose pas» à la volonté de son fils, a-t-elle dit. Une version qui a du mal à convaincre le Parquet pour qui, elle a surtout «fait de son fils un fusil» et «a été la mère maquerelle du djihad», celle qui fournit des épouses aux soldats de l’EI, à l’image d’une jeune Belge devenue la première épouse de Tyler, qui a «une forte envie de se faire péter».

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La charia, «rien d’exceptionnel»

Dans le box, Christine Rivière a tenté de rester le plus discrète possible concernant ses fréquentations syriennes. Elle s’est même agacée de l’insistance de la présidente Isabelle Prévost-Desprez qui voulait comprendre son «engagement» puisque, même si elle a été convertie par son fils, elle affirme qu’elle aurait fini par adhérer à l’islam. Une religion qui l’a «apaisée», dit-elle.

Son avocat, Thomas Klotz, a décrit une femme incapable de faire face à ce chaos, en mal de repères, ayant des connaissances très sommaires de l’islam.

Lorsque la présidente l’a interrogée sur la Charia, elle a rétorqué: «C’est juste une ligne directrice pour tout musulman: y’a le testament, le divorce, la justice, y’a tout. Rien d’exceptionnel». Et lorsque le tribunal souhaite son avis sur les attentats elle déclare: «Si on se situe en France c’est des attentats, si on se situe en Syrie, c’est du combat». «Même quand on tue des civils? Des prisonniers?», demande la présidente. «C’est la guerre, hein», répond la quinquagénaire, avant d’ajouter: «Mais je ne suis pas pour la guerre, moi».

 

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