L’AFP, une machine à désinformation : réponses et retour sur un cas d’école

Auteur(s): Laurent Toubiana, pour FranceSoir

TRIBUNE — Le mardi 8 février 2022 à 18h39, un article AFP France de Léa Pernelle est publié sur un site de l’AFP. Si la question concernant la crise du Covid-19 n’était pas si grave, la lecture de l’article de Madame Pernelle serait presque amusante. Cet article, qui s’apparente à un exercice typique de désinformation, est en quelque sorte un cas d’école. Il m’a donc semblé intéressant d’analyser les « petites ficelles habituelles de la manipulation », celles qui sont utilisées systématiquement par les « fact-checkers », presque par copié-collé. Le journal Le Monde, dans la rubrique des « décodeurs », a clairement utilisé les mêmes techniques. Pour cela, il semble que les journalistes contemporains dits de « fact-checking » aient adopté une tactique qui relève en réalité de la propagande. Cet article du Monde n’est pas isolé. Il ne fait au contraire qu’illustrer une fois de plus cette détestable façon de faire dont un grand nombre de scientifiques ont subi les frais depuis le début de cette crise sanitaire.

Le journal Libération, dans sa rubrique de fact-check, est également coutumier du fait. (Par jugement en date du 10 février 2022, le journal « Libération » a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris (17ème chambre) pour avoir publiquement diffamé le professeur Jean-François Toussaint), de même que l’hebdomadaire L’Express et beaucoup d’autres dans la presse écrite comme en radio et en télévision. Apparemment, les meilleurs journalistes ne sont pas désignés pour ce type de basses œuvres. Je serai donc indulgent malgré leur manque évident de bienveillance. On trouvera dans les notes en bas de page, sous forme de règles, les techniques de désinformation utilisées dans cet article, qui constituera un relevé d’exemples à l’usage des apprentis « fact-checkers ».

Il est toujours intéressant d’avoir un retour de lecture et de s’apercevoir à quel point il est difficile de faire passer un message. Plus surprenant est de s’apercevoir que certains professionnels de l’écriture, donc de la lecture, ont beaucoup de mal à ne pas inférer leur propre dogmatisme sur les propositions qui les dérangent. C’est pourquoi, dans la mesure où l’auteur de l’article ne m’a pas contacté, je vais lui répondre dans les lignes qui suivent.

Le 30 janvier, je suis interviewé par Ivan Rioufol dans l’émission « Les points sur les i », toujours visible sur le site de CNews (contrairement à ce que dit l’AFP). Je présente de très nombreux éléments sur l’analyse de la gestion de la crise sanitaire Covid-19. Apparemment, le seul point qui ait attiré l’attention de l’AFP est un graphique qui présentait l’évolution des incidences des six dernières épidémies de syndromes grippaux et le premier épisode de Covid-19 en France en mars 2020. Dès le titre de l’article, ce graphique est qualifié de « trompeur » par le journaliste de l’AFP.

Je vais montrer ici qu’il n’en est rien et qu’au contraire, c’est l’AFP qui publie un article trompeur. Voici donc une analyse d’un grossier devoir de fact-checking de la petite fabrique à désinformation de l’AFP pour enfermer le bon peuple dans la « Doxa du Covid ». Le graphique que je présentais lors de cette interview était repris d’une analyse de l’Irsan du 28 novembre 2021 : « La vaccination obligatoire : l’ultime violence faite aux populations ». Il répondait à une question simple : l’épidémie de Covid-19 a-t-elle produit les ravages annoncés par les autorités sanitaires ?

Fig. 1 : Importance des épidémies de Grippe comparées à celles du Covid-19 en nombre d’individus malades.

Source : Réseau sentinelles, mise en forme IRSAN, Champ : France métropolitaine

Pour apporter un éclairage différent sur la situation, il montre l’évolution du nombre de malades au cours du plus important épisode épidémique du Covid-19 et le compare à celle du nombre de malades de la grippe au cours des six derniers épisodes. La comparaison s’opère sur des chiffres diffusés par le Réseau Sentinelles, recueilli dans les mêmes conditions. Contrairement à ce que sous-entend le journaliste de l’AFP, l’origine des données utilisée pour ce graphique est sans aucune ambiguïté et ne fait aucun doute.

Le résultat est flagrant : au cours des épisodes épidémiques de grippe, le nombre de malades est globalement 10 fois supérieur à celui du Covid-19. Le titre de l’article de l’AFP : « Ce graphique comparant l’épidémie de grippe 2014-2015 et l’épisode de Covid de mars 2020 est trompeur », est accrocheur et vulgaire à souhait, digne d’un tabloïd. Puis, en trois phrases d’introduction, le décor est planté. L’AFP prête assez ouvertement des intentions malhonnêtes à l’auteur du graphique.

Or, contrairement à ce qui est avancé dans cet article, le graphique montre les évolutions pour les six dernières saisons (et non pas uniquement celle de 2014-2015) du nombre de nouveaux malades de syndromes grippaux (grippe) pour 100 000 habitants en une semaine (taux d’incidence). Le but est de comparer (et non pas de relativiser) l’évolution de pathologies ayant le même tableau clinique. Il s’agit bien de comparer les six derniers épisodes de grippe, à la plus importante des phases épidémiques du Covid-19, celle de mars 2020, les autres étant plus faibles à tous points de vue. Le graphique que je présentais lors de cette interview était repris d’une analyse de l’Irsan du 28 novembre 2021 : « La vaccination obligatoire : l’ultime violence faite aux populations ». Il répondait à une question simple : l’épidémie de Covid-19 a-t-elle produit les ravages annoncés par les autorités sanitaires ?

Comme je l’ai dit et écrit, ce graphique est fondé sur des données qui sont le « gold standard » (c’est-à-dire l’étalon) en termes de suivi épidémiologique (surveillance, description, détection et prédiction) de maladies infectieuses. Elles sont collectées et diffusées par le Réseau Sentinelles depuis 36 ans, pour la grippe, mais aussi pour huit autres maladies infectieuses en France.

Il est très important de noter que dès l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 en France, le Réseau Sentinelles a changé le nom de la « surveillance des syndromes grippaux » en « surveillance des IRA » (Infections Respiratoires Aiguës). Sous cette nouvelle dénomination, cette surveillance amalgame un ensemble d’agents pathogènes pouvant engendrer le même tableau clinique et peut ainsi suivre les épidémies de grippe, de Covid ainsi que celles dues aux autres virus respiratoires saisonniers (VRS, rhinovirus et métapneumovirus). Le détail virologique de ce suivi est donné et c’est ainsi que l’on peut suivre très précisément la part de chaque virus, en particulier celui du Covid-19. Il n’est donc pas totalement incongru de comparer ce qui est comparable en termes de maladie, à savoir la grippe et le Covid-19.

J’ai participé pendant douze ans, pratiquement dès son origine, aux travaux de l’équipe qui a créé le Réseau Sentinelles. Cela me donne une certaine légitimité pour l’analyse de ses données eu égard à mon expérience dans le domaine de la diffusion des maladies transmissibles. En vérité, depuis le début, je donne une lecture objective (et non pas « sous-estimée ») de l’épidémie de Covid-19 en France. Car contrairement à ce qui est affirmé par l’AFP, les données qu’utilise le Réseau Sentinelles pour établir les comparaisons sont complètes et parfaitement comparables. Elles ont été recueillies avec exactement le même dispositif scientifique. Ces données sont libres, disponibles et vérifiables par tous. Cette lecture est donc parfaitement légitime dans la mesure où elle est fondée.

« Une lecture sous-estimée […] selon laquelle le virus n’est pas plus dangereux que la grippe ». Outre, le côté bâclé de cette phrase, je ne dis en aucun cas que le virus SARS-CoV-2 est moins dangereux que l’un des nombreux virus de type A, B ou C, donnant des syndromes grippaux, car eux-mêmes ont des pathogénicités très différentes. En revanche, il n’est en aucun cas interdit de comparer les phases épidémiques provoquées par la grippe (au sens large) et celles provoquées par la maladie Covid-19, ces deux pathologies donnant les mêmes tableaux cliniques, au point qu’il est difficile pour un médecin de déterminer s’il s’agit de l’une ou l’autre. D’ailleurs, au début de l’épidémie, les cas de Covid-19 étaient confondus avec les cas de grippe. Comme nous l’avons expliqué plus haut, le Réseau Sentinelles a même décidé de les regrouper sous le même vocable d’« IRA ». Une lecture « sous-estimée » mais par rapport à quoi et à qui ? Qui, en l’espèce, détient la vérité ? La journaliste de l’AFP ? La « communauté scientifique » ? Laquelle ?

Le développement qui suit l’introduction de cet article est intégralement hors sujet. Les questions de la qualification des « cas » par des « tests », celle des hospitalisations, ou encore de la mortalité, sont certes des questions intéressantes, mais elles ne sont pas l’objet de ce graphique. Autrefois, une rédaction hors sujet valait un zéro, mais apparemment, pour l’AFP, les rédacteurs hors sujet sont les bienvenus. En effet, rédiger l’essentiel d’un papier sur d’autres questions que celle qui est abordée dans le propos soutenu par le graphique dont il est dit qu’il est trompeur introduit une confusion pour perdre à dessein le lecteur au lieu de l’informer. Toutefois, pour faire bonne mesure, je commenterai ci-dessous ces questions hors sujet, mais néanmoins très intéressantes qui comme on le verra, et au contraire de ce qu’avance l’AFP, abondent dans le sens de mon graphique.

La question essentielle posée par ce graphique est celle-ci : comment se fait-il qu’une maladie telle que le Covid-19, qui fait environ dix fois moins de malades que les maladies saisonnières « ordinaires », donc considérées comme banales, ait provoqué une crise sanitaire aussi traumatisante ? Là où un graphique apporte un éclairage certes décalé par rapport à l’imaginaire de l’épidémie de Covid-19, l’AFP, au lieu de s’interroger sur le fond et sur le réel impact de l’épidémie avec des éléments de comparaison éprouvés, tente de noyer le poisson avec des considérations hors contexte parce qu’une telle information est contraire à sa croyance.

Revenons sur le paragraphe de l’article intitulé « Sous-déclaration des malades du Covid »

Dès la mise en place de la massification des tests en juillet 2020, les autorités sanitaires ont volontairement semé une confusion maximale en introduisant la notion de « cas ». Or, une épidémie est caractérisée par une augmentation anormale du nombre de malades. C’est une définition simple et claire, admise de manière intuitive par tout le monde. Il est courant d’appeler ces malades, des « cas » de la maladie. Une épidémie est importante lorsque, dans un lieu et pour une période donnée, le nombre de cas de la maladie, est important.

Pourtant, à partir de juillet 2020, les autorités sanitaires ont entretenu une confusion aux conséquences calamiteuses. Elles ont appelé « cas confirmé » puis simplement « cas » toute personne positive à un test, indépendamment du fait que celle-ci montre ou non les signes d’une quelconque maladie. Les gens se faisaient tester pour des questions « administratives » (partir en voyage, se réunir en famille, visiter des parents âgés, voir des amis, etc.), donc pour toute une série de raisons, mais pas pour confirmer le diagnostic d’un médecin, ce pour quoi habituellement un test est utilisé.

L’immense majorité des personnes testées n’était pas positive (95%) et parmi ces cas positifs, une infime partie était vraiment malade, et donc l’immense majorité était asymptomatique. Je n’entrerai pas ici sur les nombreux débats qui ont défrayé la chronique sur la validité de ces tests. Un glissement de sens a donc été opéré subrepticement sur la notion de « cas », un « cas » n’étant plus un forcément un « malade ». Il s’agit là d’une vraie tromperie. Il s’agit là d’une désinformation mise en place par les autorités sanitaires et relayée par les porte-paroles de la « Doxa », qui a permis d’amplifier exagérément la réalité de l’épidémie dans la mesure où le nombre de cas, c’est-à-dire de tests positifs a été jusqu’à 40 fois supérieur au nombre de malades soit 2,5% de malades parmi les cas. Cela fait une grosse différence ! Je dirais même que cela change tout, et c’est justement ce que le graphique montre par d’autres voies.

Cette pratique a été possible grâce à la politique de massification des tests voulue par le gouvernement. Cette politique d’utilisation dévoyée des tests est parfaitement scandaleuse. En moins de deux ans, plus de 220 millions de tests ont été effectués pour une population de 67 millions d’habitants. Cela ne s’était jamais produit avant le Covid-19 dans l’histoire du suivi des épidémies. Obsédée par le service de la propagande des autorités sanitaires, l’AFP semble éprouver des difficultés à comprendre mon graphique, qui pourtant compare ce qui est comparable, à savoir des malades.

Observations sur le paragraphe de l’article intitulé « Mortalité et hospitalisation »

Le 28 octobre 2021, l’ATIH (Agence technique de l’information sur l’hospitalisation) a publié une analyse de l’activité hospitalière en 2020 concernant le Covid-19. Ce rapport officiel de l’ATIH était éloquent : « Au cours de l’année 2020, 218 000 patients ont été hospitalisés pour prise en charge de la COVID-19. Les patients COVID représentent 2% de l’ensemble des patients hospitalisés au cours de l’année 2020, tous champs hospitaliers confondus ». Bien entendu, les « fact-checkers » habituels ont relayé les nombreuses arguties mineures proposées par les experts de la « Doxa », lesquels, du reste, ne remettaient nullement en question l’ordre de grandeur tellement faible de cette activité hospitalière consacrée au Covid-19. Il se trouve que ces experts étaient les mêmes que ceux qui avaient été extrêmement alarmistes quant à la sursaturation des capacités hospitalières.

Dans l’article qui met en cause mon graphique, l’AFP (référence autoproclamée en matière d’information) évoque encore et toujours la mystification selon laquelle les hôpitaux auraient été saturés, et pour cause, cet argument ayant été utilisé à foison pour justifier les mesures mises en place. L’AFP semble étrangement ignorer ce que tout le monde connaît maintenant à travers ce rapport, à savoir que les capacités hospitalières ont été sous-utilisées en pleine période épidémique alors que la « crise » sévissait.

L’AFP, au lieu d’informer, préfère perpétuer le mythe selon lequel tout le système hospitalier français était au bord de la saturation, justifiant ainsi les mesures liberticides qui ont été mises en place alors que l’ATIH montre fait à l’appui, exactement le contraire.

Pour ce qui concerne la mortalité, il est toujours étonnant que l’AFP se réfère encore à un rapport honteux de l’INSEE que, depuis, l’Institut a lui-même désavoué sans s’en vanter. En revanche, l’AFP ne relate pas le simple fait que l’hécatombe annoncée des 500 000 morts supplémentaires ne se soit évidemment pas produite. 500 000 morts, cela représente une surmortalité grotesque de 77 % en France. Grotesque, car pour bien comprendre ce que cela veut dire, il eût fallu que le nombre de morts augmentât de 2/3 du nombre habituel. Comment est-il possible d’annoncer une telle absurdité alors que les indices indiquant que le taux de létalité très faible du Covid-19 étaient déjà connus des épidémiologistes. De tous les épidémiologistes ? Apparemment, ceux qui avaient été choisis par le gouvernement pour suivre un soi-disant « Conseil scientifique », eux, ne le savaient pas ! Pas grave ! Cela a permis de justifier un confinement non moins grotesque lors de la première phase épidémique de mars 2020.

Devant une telle réussite, alors que la deuxième phase de l’épidémie de Covid-19 en automne 2020 avait déjà atteint son pic (donc qu’elle n’a fait que décroître ensuite), le président de la République n’a pas hésité à prédire 400 000 morts supplémentaires pour justifier la mise en place d’un deuxième confinement encore plus dur. Encore plus traumatisant : pas de fête de Noël et du Jour de l’An pour se réunir en famille. Les grands-parents sommés de rester seuls ! Traumatisme profond et définitif de la population qui, par la suite, a fini par tout accepter !

Or, la réalité de la mortalité en France a été très différente des annonces apocalyptiques des autorités relayées entre autres par l’AFP. En 2020, au plus fort de l’épidémie, la population française n’a connu qu’une très faible surmortalité de moins de 4% et seulement pour 20 % de la population, à savoir les personnes âgées. Pour 80 % de la population française, il n’y a eu aucune surmortalité. Pire encore pour les alarmistes : une sous-mortalité au cours de cette année catastrophique ! Par ailleurs, il faut aussi ajouter pour l’information de tous que l’année 2019, qui a précédé l’arrivée du Covid-19, avait été une année avec une mortalité exceptionnellement faible.

Cela occasionne deux biais importants : 1) les morts qui n’ont pas eu lieu normalement en 2019, sont morts plus tard, donc reportés en 2020, accroissant le nombre de morts de 2020 par un simple artefact de découpage temporel ; 2) comparer la mortalité « banale » de 2020 et la seule mortalité très faible de 2019 pour en déduire une surmortalité en 2020 est une erreur méthodologique majeure qui devrait faire réfléchir l’INSEE avant de publier des sottises. Mais cela ne semble pas gêner l’AFP de reprendre lesdites sottises lorsqu’elles vont dans son sens et de dénigrer mon article scientifique sur la mortalité en France publié en mars 2021 et republié dans le tome 2 de l’ouvrage collectif « La Doxa du Covid ».

Tous les chiffres officiels d’hospitalisation et de mortalité sont à la disposition du public. Ils sont disponibles, sourcés, téléchargeables sur le site de l’Irsan consacré au Covid-19. Les calculs effectués sur ces données sont documentés. Ils sont élémentaires et toute personne peut les reproduire par elle-même en téléchargeant les données à la source ou sur le site de l’Irsan. Constater par ces informations disponibles pour le grand public que l’impact de l’épidémie de Covid-19 est faible et que nous sommes à des années-lumière de la catastrophe annoncée fait douter du sérieux des diffuseurs professionnels de la terreur, notamment quand l’AFP diffuse encore aujourd’hui ce type de désinformation grossière.

Sur l’efficacité du confinement

La légende selon laquelle le confinement aurait été efficace, a été tant de fois remise en question que seuls les promoteurs de ce confinement peuvent encore y croire. C’est justement ceux-là que, comme par hasard, la journaliste de l’AFP invoque dans son article pour commenter mon graphique.

Désormais, le nombre d’articles scientifiques qui démontrent l’inefficacité du confinement est gigantesque. Cette question n’est même plus d’actualité. Il est toujours étonnant de voir que l’AFP, qui se prétend un organisme d’« information », soit toujours aussi peu « informé ». Sans lire tout ce qui a déjà été écrit sur cette question, ce qu’apparemment l’AFP s’est bien gardée de faire même partiellement, il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en rendre compte. L’évolution des incidences du Covid-19 depuis le début montre cinq phases successives de cette épidémie : 1) la première au printemps 2020, 2) une deuxième à l’automne-hiver 2020, 3) la troisième au printemps 2021, 4) une quatrième à l’été 2021, 5) la dernière à l’hiver 2021-22. Avec ou sans confinement, toutes les phases qui ont suivi la première phase du printemps 2020 (prise comme exemple pour la comparer aux épidémies de grippe dans mon graphique) ont montré des valeurs d’incidence plus faibles. La question du biais apporté par le confinement n’a donc rien à voir avec ce que le graphique montre.

Évidemment, les conditions de comparaison sont et doivent toujours associées à de nombreuses discussions sur les biais possibles. Tout n’est pas égal dans les conditions de recueil et même si, en l’occurrence, les données que j’utilise pour ce graphique viennent du même organisme et sont recueillies avec le même dispositif technique. J’ai montré par ce graphique que les grippes font en général un nombre de malades de plusieurs ordres de grandeur supérieurs à celui provoqué par le Covid-19. C’est un fait.

Certes, deux mesures drastiques de confinement ont été mises en place lors des deux premiers épisodes du Covid, ce qui a eu probablement une influence, même mineure, pour la comparaison. Mais, comme je l’ai dit ci-dessus pour les épisodes ultérieurs du Covid-19, alors qu’il n’y avait plus de confinement, le nombre de malades était encore plus faible. A contrario, il est possible d’évoquer d’autres facteurs qui abondent dans l’autre sens, c’est-à-dire que s’ils avaient été considérés, auraient amplifié encore plus le différentiel d’impact beaucoup plus élevé pour la grippe que pour le Covid.

Ainsi, les grippes font de 2 à 5 millions de malades par an. Or, contrairement au Covid-19 dont le virus est a priori nouveau, les grippes sont saisonnières. Les populations sont exposées régulièrement. Le passage régulier, d’un « cocktail de virus » de différents types, d’années en années crée des barrières immunitaires collectives naturelles. Le nombre d’individus susceptibles est donc nécessairement inférieur à celui d’un virus nouveau. Un virus grippal, en tant que virus connu, devrait normalement avoir moins d’impact que le virus de covid-19 qui, lui, était nouveau.

Or, sans même évoquer cet argument très important, l’impact de la grippe est d’un point de vue épidémique, beaucoup plus important que celui du Covid-19. On pourrait aussi évoquer la vaccination contre la grippe administrée tous les ans et dont la couverture avoisine 55 % de la population. Là encore, le nombre de personnes susceptibles d’attraper la grippe est supposé être beaucoup plus faible que celui du Covid du mois de mars 2020 alors qu’il n’y avait pas de vaccin contre cette maladie, à cette époque. Toutes ces remarques extrêmement pertinentes en termes épidémiques, devraient normalement contribuer au fait que le nombre de malades de la grippe devrait être beaucoup plus faible que celui du Covid-19. Or c’est exactement le contraire que l’on observe ! La grippe est globalement en ordre de grandeur au moins dix fois supérieure en nombre de malades à celui du Covid-19. D’un point de vue du nombre d’individus touchés, le Covid-19 est donc une épidémie pouvant être qualifiée de mineure en comparaison aux épidémies saisonnière banales. C’est un fait.

En revanche, que l’AFP continue à tordre la vérité pour nous dire que ce que nous voyons, nous ne le voyons pas est complètement incompréhensible. La réalité de la dangerosité de cette épidémie de Covid-19 n’a aucune commune mesure avec ce qui est soutenu par les autorités sanitaires : un mythe entretenu par des agences supposées d’« information » comme l’AFP pour justifier des mesures qui vont jusqu’à faire voter dans l’urgence un passe vaccinal, lequel n’est autre que la mise en place d’une vaccination obligatoire, y compris pour les enfants, ultimes victimes de cette folie sanitaire.

Les « fact-checkers » de l’AFP sont complices de ce scandale qui permet aux autorités de justifier leur inconséquence par des mesures manifestement disproportionnées, incohérentes et inopérantes dans tous les domaines (économie, école, université, culture, santé, travail, électoral, société, etc.), mises en place sans aucun support scientifique sérieux.

Ils soutiennent un dogme qui consiste à faire avaler à la plus grande partie de la population qu’elle est toujours face à une véritable « catastrophe ». L’AFP est donc un des agents de diffusion de la désinformation qui permet aux autorités de maintenir les populations dans la terreur et de persister dans cette politique.

Au cours de la période Covid-19, de près de deux ans environ, les populations ont été soumises à de très lourdes mesures de restriction de liberté au motif de les protéger d’un mal absolu dont il a été dit qu’elle serait une catastrophe sanitaire sans précédent. Au cours de cette même période, un grand nombre de scientifiques ont donné des informations issues de leurs travaux et pouvant apporter un éclairage différent concernant cette prétendue « apocalypse ».

Leurs interventions étaient une contribution à la réflexion sur la base de leur expertise reconnue. Il ne s’agissait en aucun cas de « rassurer » ou de « comploter ». En revanche, il fallait proposer une voie de discussion, au sens de la discussion scientifique, à savoir de la confrontation des idées et des arguments, et cela est possible même dans l’urgence – mais y avait-il vraiment une urgence ?

Au cours de cette période, ces scientifiques, qui ont osé s’exprimer, ont été discrédités systématiquement par une horde de journalistes appelés « fact-checkers ». Leur message devenait inaudible, la pensée unique étant de rigueur. En temps de « guerre », on ne discute pas les ordres, ou bien on est exécuté.

« Telle est la misère du journalisme de fact-checking contemporain : des journalistes, qui ne sont compétents sur rien, mais parlent sur tout, attaquent les personnes pour mieux éviter d’avoir à discuter réellement leurs idées » rappelle Laurent Mucchielli et de poursuivre : « pourquoi le débat contradictoire est-il à ce point interdit en France ? Pourquoi les chercheurs indépendants et désintéressés qui s’interrogent sur la communication des pouvoirs publics, et proposent des contre-analyses, sont-ils traités par les journalistes comme des ennemis plutôt que des alliés ? Comment se fait-il que ces journalistes se soient à ce point et aussi massivement mués en défenseurs de la communication gouvernementale, pour ne pas dire en propagandistes ? Pourquoi tout propos produisant volontairement ou involontairement une dédramatisation de la crise sanitaire est-il jugé par principe insupportable et irrecevable ? »

Les scientifiques, ces chercheurs indépendants et désintéressés qui proposent des contre-analyses, que l’on pourrait qualifier de « kamikazes », sont les représentants de milliers de chercheurs et professionnels de santé qui les soutiennent depuis le début et qui forment en réalité, la vraie « communauté scientifique », sérieuse et digne de ce nom. Ces collègues qui leur disent en privé, qu’ils comprennent leur démarche, mais ont peur de le dire en public, car ils redoutent – à juste titre – d’en subir immédiatement des conséquences désagréables. On leur oppose comme « communauté scientifique », un vague comité choisi sur des critères opaques, déjà épinglé depuis longtemps pour leurs conflits d’intérêts notoires et qui officie sous les lambris dorés de la République pour valider à peu près tout ce que le pouvoir politique lui demande.

L’article en question est en ligne sur le site de fact-checking de l’AFP « AFP-factuel » où il est noté : « 21 média qui unissent leur force contre la désinformation ». Cet article est en quelque sorte un nouvel opus, le dernier en date, un cas d’école, d’une longue série produite par ces fameux « fact-checkers » qui n’ont d’autres moyens que d’attaquer des détails extraits de leur contexte apportant des arguments défraichis qu’ils remettent au goût du jour nonobstant leur inadéquation démontrée à de nombreuses reprises.

C’est pourquoi, il m’a semblé intéressant de montrer quelles étaient les techniques de désinformation utilisées systématiquement pour dénigrer tous ceux qui, parmi les scientifiques, ont tenté d’apporter un nouvel éclairage pour la compréhension de cette crise. Repris in extenso par de nombreuses rédactions comme la vérité absolue, il faudrait s’attendre à ce que les journalistes de l’AFP soient exemplaires ; qu’ils fassent un travail sérieux d’investigations et de vérifications documentées. D’ailleurs, en naviguant sur leur site, il est possible de lire ceci : « La vérification des faits fait partie intégrante de l’AFP en tant qu’Agence de presse internationale depuis près de 180 ans ». Le constat, à l’image de cet article bâclé sur mes propos, est déplorable. J’en ai donc profité pour montrer, s’il le fallait encore, que drapée dans sa dignité d’intouchable de l’information juste, vraie et bonne, cette agence, l’AFP, est en réalité un pourvoyeur officiel de « fake news ».
Laurent Toubiana, épidémiologiste, directeur de l’Irsan, nous a autorisé à reprendre sa tribune publiée le site de l’Irsan.

Voir aussi : Laurent Toubiana au « Défi de la vérité » : « Je ne cherche pas à rassurer, je regarde les faits »

Auteur(s): Laurent Toubiana, pour FranceSoir

Source : L’AFP, une machine à désinformation : réponses et retour sur un cas d’école

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