Le nombre d’intoxications à la cocaïne a doublé en France

Le rapport de l’OFDT rapporte un nombre croissant de consommateurs de cocaïne en France et une multiplication des cas d’intoxication. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène.

Le nombre de signalement par intoxication à la cocaïne a été multiplié par deux en France entre 2015 et 2016. C’est du moins ce que constate un rapport de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies). Pour collecter et analyser les résultats, l’organisme s’est basé sur son réseau implanté dans les villes de Lille, Paris, Rennes, Metz, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Marseille.

Plus facile de se procurer de la cocaïne

L’observatoire met en lumière une accessibilité de plus en plus facile à cette drogue. Alors qu’avant, la vente était dissimulée, il est aujourd’hui possible de s’en procurer dans les bars, clubs, festivals, aussi bien en banlieue qu’en centre-ville. Les dealers livrent désormais à domicile ou font part aux consommateurs d’offres promotionnelles par SMS. Les revendeurs se sont également adaptés à la crise économique en fractionnent les unités de drogue pour se conformer au budget du plus grand nombre. «Nous vivons dans des sociétés addictogènes, où les gens vont consommer de la drogue pour être plus performants ou accéder à une certaine jouissance de l’instant» décri William Lowenstein, addictologue, président de SOS addiction et coauteur du livre «Tous addicts et après?».

D’après l’OFDT, ces facteurs engendrent une multiplication des occasions de consommation et induisent une banalisation de cette drogue. Désormais, elle est aussi bien présente lors de fêtes que lors d’apéritifs en semaine. «Dans toutes les gammes de substances psychoactives, la diffusion, pour ne pas dire la banalisation fonctionne très bien, elles ne répondent plus seulement à quelques niches spécifiques. La cocaïne est sortie de son ghetto doré. Après l’alcool, le tabac et le cannabis, c’est autour de la cocaïne» déplore William Lowenstein.

Une drogue plus forte

D’autre part, de nombreux consommateurs, y compris parmi les populations précaires, ont pu témoigner d’une cocaïne de plus en plus pure, ce qui a été confirmé par des analyses. «Ce phénomène est d’autant plus alarmant que la teneur en principes psychoactifs est en augmentation, aussi bien pour le cannabis, la cocaïne ou l’héroïne. On craint donc une hausse du nombre de cas d’overdoses» indique Dr Lowenstein. Cette drogue plus pure est d’autant plus dangereuse si elle s’accompagne d’alcool, une pratique de plus en plus courante d’après l’OFDT.

«Ces résultats démontrent surtout la vieillesse et l’obsolescence de 50 ans de politique prohibitionnistes. On a laissé penser que cela protégerait nos sociétés de la violence et nos individus des risques sanitaires mais ce n’est pas le cas. On s’est trompé de politique de santé publique. Il faudrait que l’on arrive, tous les professionnels chargés du sujet, à travailler ensemble. Dans l’idéal il faudrait faire de la question des drogues une grande cause nationale, au moins pendant une année» espère le président de SOS addictions.

L’état de santé des consommateurs se dégrade

Toutes drogues confondues, l’OFTD s’alarme de l’état de santé des consommateurs. En effet, un grand nombre de décès ont pu être attribués à leurs conditions de vie car la précarité s’accompagne d’un manque d’accessibilité aux structures de soins. Les premières douleurs liées à de possibles maladies sont en général masquées par la prise de stupéfiants et la prise en charge est alors retardée. Cela mène à des pathologies plus lourdes, aussi bien sur le plan physique que psychiatrique. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant car la proportion de jeunes dans ces situations précaires reste élevée.

«Il faut quand même replacer ces données dans un contexte. Aujourd’hui, alcool et tabac confondus font plus de 130.000 morts par an et restent les premières causes de mortalité prématurée. Ce sont les principaux serials killers. Toutes les drogues évoquées dans le rapport font, elles, 1000 morts par an en France», précise William Lowenstein.

 

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