L’Écosse est un pays formidable. Qu’attend la Bretagne pour suivre son exemple ?

« Je suis le plus chanceux des hommes ! », a réagi Humza Yousaf  lorsque les membres du Parti national écossais (SNP) l’ont désigné comme leur chef de file, c’est-à-dire comme le Premier ministre écossais (Le Monde, samedi 1^er avril 2023). Effectivement, si un homme de confession musulmane d’origine pakistanaise peut devenir le patron de l’Écosse, on voit mal un Écossais devenir le président de la République islamique du Pakistan. Impensable. « Jamais mes grands-parents n’auraient imaginé ce destin, un de mes grands-parents travaillait à la compagnie des bus de Glasgow  l’autre à l’usine Singer » a réagi, ému, M. Yousaf, barbe courte et cravate tartan » (Le Monde, mercredi 29 mars 2023).

Comme c’est un bon bonhomme, il a promis de gouverner « pour tous les Écossais » – les Celtes n’ont donc pas de raison de s’inquiéter. Mais il a tout de même des préférences. Ainsi, dans son discours de victoire, il déclare : « Nous devrions toujours célébrer les immigrés qui font tellement pour notre pays » (Le Monde, mercredi 29 mars 2023). Faut-il en déduire que les Écossais de souche sont des gros fainéants qui ne font rien, passant leur temps à boire du whisky et à chanter ? Mais tout va bien puisque l’Écosse est un pays moderne, ouvert, bien sous tous rapports, prompt à accueillir le monde entier. Question : va-t-on inviter Yousaf au prochain Fil (festival interceltique de Lorient) ? Il pourrait défiler en tête de la délégation écossaise avec un kilt et le traditionnel collier de barbe.

Humza Yousaf n’est pas un nouveau venu dans la vie politique écossaise. Lorsque Nicola Sturgeon était Premier ministre, il occupait le poste de ministre de la Santé ; son bilan « est jugé médiocre ». Car « le nombre de morts par overdose reste le plus élevé d’Europe, les listes d’attente à l’hôpital public sont aussi longues qu’en Angleterre» (Le Monde, samedi 1^er avril 2023). Quant au projet d’indépendance, il se présente mal puisque, dans les sondages, seuls 45 % des Écossais le défendent. Dans ces conditions, envisager un deuxième référendum paraît mal venu.

Un exemple pour la Bretagne  ?

Ce qui se passe en Ecosse constitue une leçon pour la Bretagne. Nous sommes des retardataires, refusant la modernité et la diversité. En effet, il n’y a aucune raison pour que des Bretons continuent à diriger la Bretagne. On a eu Yvon Bourges, Josselin de Rohan, Jean-Yves Le Drian, maintenant Loïg Chesnais-Girard – tous des « mâles blancs ». Humza Yousaf  pourrait nous refiler un cousin pour prendre la direction du conseil régional de Bretagne ; cela aurait de la gueule et enchanterait les dirigeants de l’UDB. Sans oublier un jumelage fructueux entre l’Ecosse et la Bretagne.

Heureusement que Le Peuple breton est là pour mettre les idées à l’endroit. Dans le numéro d’avril, une certaine Valérie Coussinet-Ndiaye – une parente du ministre de l’Education nationale ? – nous explique que « la présence et l’intégration de personnes étrangères en France depuis plus de deux siècles sont à nos yeux une richesse ». Elle a raison. C’est ce que montre une somme d’études démographiques intitulée « Immigrés et descendants d’immigrés en France » publiée par L’Insee (jeudi  30 mars 2023). Le chiffre central : la population en France s’établissait en 2021 à 67,6 millions d’habitants. Au sein de cet ensemble, la part des immigrés (personnes nées à l’étranger et résidant sur le territoire) représentait  10,3 %, soit 6,9 millions d’individus. Et sur trois générations, l’immigration représente plus de 19 millions de personnes. Évidemment on peut et on doit faire mieux. Que la Bretagne prenne ses responsabilités et apporte sa contribution à l’amélioration de cette « richesse ». Trois maires s’y emploient : Olivier Allain (Corlay), Yannick Morez (Saint-Brévin-les-Pins) et Jean-Yves Rolland (Callac). Heureusement qu’on peut compter sur eux, car l’apport des « quartiers » de Brest, de Nantes et de Rennes apparaît  totalement insuffisant.

Bertrand Molène

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