L’élection de Bolsonaro vue par la dissidence brésilienne

Note de la rédaction

La Nova Resistência (La Nouvelle résistance) se présente comme : « Un réseau international d’activistes, composé de nationaux-révolutionnaires, eurasistes, nationaux-bolchéviques, nationalistes de gauche, anticapitalistes de droite et adeptes de la quatrième théorie politique, qui défend une résistance large et à plusieurs niveaux contre les politiques économiques néo-libérales, à l’impérialisme atlantiste, à l’agenda mondialiste, et au lobby sioniste dans les médias et dans les gouvernements. Nous sommes un jeune mouvement, un noyau d’activisme et d’action révolutionnaire. »

Ce sera la concurrence du Diable contre le démon, et le vainqueur sera l’enfer. (Leonel Brizola)

 

Le véritable Jair Bolsonaro

Les dramatiques élections de 2018 ont eu finalement une issue : la prévisible et annoncée victoire de Jair Bolsonaro, qui a conquis la majorité des voix, l’emportant sur l’adversaire pétiste [1] au second tour. Des millions de Brésiliens, y compris la classe des travailleurs, ont confié le destin de la patrie à l’ex-capitaine, dans un mouvement clair de rejet de l’héritage de presque une décennie et demi de pétisme.

Aujourd’hui, l’héritage du pétisme est perçu de manière majoritairement négative par le peuple. Il est possible même d’affirmer que l’antipétisme est le principal sentiment politique des masses au Brésil. Il y a bien sûr des exagérations car on constate l’existence de manipulations psychologiques de la part des services secrets américains, ainsi qu’une mythologie construite par le philosophe néoconservateur Olavo de Carvalho derrière tout ça.

Tout cela est vrai, mais il existe des vérités matérielles, palpables, et inégalables, motivant le sentiment antipétiste. Le sentiment d’insécurité n’a jamais été aussi important, la population sent l’omniprésence de la corruption, le projet économique du pétisme, qui s’appuie sur l’exportation de produits à faible valeur ajoutée, a échoué, et a entraîné l’économie vers un abysse, ce qui s’est traduit par des millions de demandeurs d’emplois supplémentaires et d’innombrables faillites. Mais malgré ça, la promotion fanatique et virulente des influences morales et culturelles de la gauche libérale post-moderne ne s’arrête pas.

C’est pour toutes ces raisons que Bolsonaro sera le prochain président du Brésil. Les apparences, cependant, nous induisent souvent en erreur : le Bolsonaro qui a été élu aujourd’hui ne doit pas être confondu avec le Bolsonaro d’il y a deux décennies (le militaire mimétiquement patriote qui défendait le fusillement du cosmopolite Fernando Henrique Cardoso) tout comme le pétisme, représenté dans le paysage électoral également, ne doit pas être confondu avec le parti populaire, de matrice syndicaliste catholique, qui est apparu au début du nouveau millénaire comme une alternative au néolibéralisme prédateur.

Non, Bolsonaro n’est pas patriote, ni nationaliste. Le PT et la gauche progressiste, de leur côté, ne sont pas une alternative et n’ont pas les ressources morales ou l’énergie populaire pour être une opposition de fait.

Pourquoi affirmons-nous que Bolsonaro n’est pas patriote ? C’est simple : Bolsonaro a déclaré que l’Amazonie n’est pas à nous, que le Brésil ne doit pas avoir de programme nucléaire propre, et il a salué le drapeau des États-Unis. Il a voté en faveur de l’amendement du plafond des dépenses, qui empêche tout investissement pour le futur.

Paulo Guedes, futur ministre des Finances dans le gouvernement Jair, a déclaré que la réforme de l’épargne retraite est le premier grand sujet du modèle économique que lui et Bolsonaro veulent implanter. Temer a déjà annoncé qu’il donnerait son appui pour que Bolsonaro approuve une telle réforme. Nous connaissons bien ce modèle anti-peuple des réformistes. Il est inutile de faire des discours en faveur de la famille et de défendre, dans le même temps, une réforme qui laissera nos grands-mères et grands-pères mourir de faim. Guedes est un banquier, fondateur du BTG Pactual, la banque qui s’occupe de tous les investissements de Georges Soros au Brésil. Son équipe économique, technocratique, est remplie de banquiers qui travaillent ou ont déjà travaillé pour les principales banques internationales liées aux Rothschild et à d’autres familles de l’élite parasitaire internationale.

En plus d’être contre la bombe atomique brésilienne, principale garantie de la souveraineté nationale, Bolsonaro est un mondialiste de biais atlantiste. Dans son alignement à l’Atlantisme, il a déjà promis d’appuyer strictement l’État d’Israël, de fermer l’ambassade palestinienne, et d’établir l’ambassade brésilienne à Jérusalem. Son vice-président a déjà promis la participation brésilienne dans une éventuelle intervention militaire américaine au Vénézuela. Il s’oppose à Assad et a déjà signé pour classer le Hezbollah comme groupe terroriste.

Dans le programme de Bolsonaro, dans la page 32, il propose de « retirer de la constitution toute relativisation de la propriété privée, comme exemple des restrictions de l’amendement constitutionnel 81 ». Or, quel est cet amendement constitutionnel 81, qu’il veut retirer ? C’est l’amendement qui a modifié l’article 243 de la constitution fédérale, établissant que « les propriétés rurales et urbaines où seraient détectées des cultures illégales de plantes psychotropes ou l’exploitation de travail esclave au sens de la loi verront leurs propriétaires expropriés et les biens destinés à la réforme agraire et à des programmes d’habitations populaires, sans aucune indemnisation du propriétaire et sans préjudice d’autres sanctions prévues dans la loi ».

En d’autres mots, en défense de la « propriété privée », Bolsonaro rendra plus facile la vie des criminels esclavagistes et narcotrafiquants.

En 2003, Bolsonaro a fait l’éloge de groupes d’extermination qui agissaient à Bahia. En 2007, son fils, Flavio Bolsonaro, a présenté un projet de légalisation des milices de Rio de Janeiro.

C’est pour cela qu’en octobre, la famille mafieuse d’Abraham David, liée à la mafia russe et israélienne et au « jeu de l’animal » [2], a manifesté son soutien à Bolsonaro. Le même Flavio Bolsonaro a fait campagne avec ces mêmes contrebandiers marginaux et a participé à une marche à Nilópolis aux côtés de Farid Abraham Davis, frère de Farid Abraham Davis et Simão Sessim, cousin de ce dernier.

Ce sont ces liens qui amènent Jair Bolsonaro à défendre la légalisation des casinos et des jeux. Soyons clair : les milices actuelles et groupes d’exterminations font partie du crime organisé et sont une tentative de la mafia de discipliner les opérations criminelles et de pacifier le voisinage pour que le trafic puisse se faire de manière « civilisée ».

À quoi cela sert-il de défendre la loi et l’ordre sans combattre les grands barons du crime, le haut échelon de la fraude et du banditisme ? Mais ces barons sont du côté de Bolsonaro, comme ils sont aussi du côté des banquiers et des représentants du mondialisme et de la pègre financière, comme Paul Guedes.

Il existe de nombreux autres exemples (nous reviendrons sur le « mythe », cette fausse idole aux pieds d’argile, afin de remettre les pendules à l’heure).

 

La mort du PT

Que dire du PT ? Laissons les morts enterrer leurs morts.

La gauche pétiste nous a amenés à Bolsonaro. Tous ses efforts politiques post-redémocratisation nous ont amenés à ce moment. Nous pouvons dire, sans avoir peur de nous tromper, que les conditions pour la victoire de Bolsonaro ont été construites par la consolidation du PT comme centre hégémonique des luttes populaires et pour ses victoires électorales aux quatre dernières élections.

La gauche libérale a mis en œuvre et a intensifié la politique macroéconomique du PSDB (Parti social-démocrate brésilien), se liant à un cartel de banques et à un projet qui a désindustrialisé le pays et accentué sa dépendance dans le système de production mondial. Le Brésil est devenu otage du négoce agroalimentaire et des exportations de produits de base, alors que ses forces productives étaient parasitées et épuisées jusqu’à leur quasi complète destruction.

Pour la population, le PT a vendu l’illusion d’une consommation non désirée et insoutenable face aux limites de nos possibilités de production, amenant le peuple à la fantaisie d’appartenir à une « nouvelle classe moyenne » parce qu’elle pouvait acheter à crédit, en payant les intérêts les plus indécents du monde.

L’éducation a été privatisée, la santé est devenue un objet de commerce, les investissements publics ont été étranglés et le gouvernement a parié dans l’expansion de l’emploi peu qualifié, générant une bulle économique qui, en explosant, a fait couler le pays.

Avec le PT, le peuple brésilien est devenu encore plus pauvre, encore plus exploité, encore plus éloigné de son indépendance finale. Pour maintenir son hégémonie dans le camp populaire, le PT a démobilisé les syndicats et a équipé avec des bouts de bois tous les instruments de lutte des travailleurs.

En plus de cela, la crise de la sécurité publique, ajoutée à l’indifférence de l’État, au niveau municipal, étatique et fédéral, a généré une immense indignation populaire. Le travailleur, finalement, attaqué par des assaillants et des trafiquants, est la principale victime des violences urbaines, surtout dans les banlieues. Finalement, le PT s’est rattaché à un système de corruption qui alimentait des hommes d’affaires et qui permettait le blanchiment d’argent sale par le crime organisé et par des entreprises religieuses.

Sans rien à offrir au Brésil, si ce n’est des instruments plus efficaces d’exploitation de nos ressources et de notre force de travail par le système financier national et international, le PT s’est maintenu politiquement en tentant d’imposer à l’ensemble de nos populations les dogmes d’une religion cosmopolite qui se reflétaient dans des pratiques étrangères et offensait la religiosité populaire, finançait les mouvements pro-avortement et le militantisme féministe et LGBT radical dont l’idéal de société est complètement étranger à notre formation culturelle.

L’exploitation économique du peuple, le PT et la gauche libérale qu’elle représentait ont augmenté l’oppression éthico-comportementale, imposant aux Brésiliens un agenda identitaire post-moderne qui offensait les coutumes populaires.

D’une façon générale, la gauche progressiste dit défendre le peuple, mais déteste tout ce qui vient de lui : sa foi, sa culture, ses valeurs. Comment prendre au sérieux une gauche libérale qui défend que les consommateurs de cracks dans le « Cracolândia » [3] ne soient pas des esclaves du vice, lui-même exploité par des trafiquants, mais plutôt des personnes exerçant leur liberté de choix ? Comment prendre au sérieux une gauche libérale qui défend la légalisation de la prostitution, la légalisation des drogues ?

La gauche libérale s’est effondrée parce qu’elle ne représente personne si ce n’est les banquiers et une classe moyenne qui se prétend occidentale, et non brésilienne. Les gouvernements PT, avec toutes leurs trahisons, toutes leurs contradictions, toutes ses concessions, et éventuellement avec ses prétendus succès, ont préparé le pays à ce qui se passe en ce moment. En tentant de nous transformer en une caricature de la Californie, le PT a construit un ennemi qui nous offrait Miami et le Texas.

Pourtant, nous avons averti. En effet, nous écrivons depuis des années que la gauche progressiste serait main dans la main avec la droite néoconservatrice la plus libérale et réactionnaire possible. Nous avons tenté sans répit, depuis notre fondation, d’amener la gauche vers l’appui des valeurs morales traditionnelles de la population brésilienne. Nous avons fait cela parce que nous savions que le Brésil ne pourrait seulement être sauvé par cette alliance entre justice sociale et conservatisme moral. Nous avons été critiqués et attaqués en permanence pour cela, notamment par la petite parcelle de gauche qui critique les « exagérations » de la gauche libérale.

 

Chemins de la reconstruction

Que faire alors ? Il est urgent de construire et consolider un camp patriotique et populaire, qui représente le Brésil profond et ses valeurs : la sécurité publique et le droit à la légitime défense, la défense de la famille contre le progressisme cosmopolite, tout comme la défense des travailleurs et des plus pauvres contre le capitalisme mondialisé et l’usure. Une voie patriotique, conservatrice, et travailleuse, qui s’appuie sur la pensée sociale et chrétienne, dans la doctrine sociale de l’église, dans le distributisme, dans le nationalisme comme le Dr Eneas Carneiro et Leonel Brizola. Une quatrième voie, autre que le libéralisme, le communisme, et le fascisme.

Qui aime réellement la nation aime aussi son peuple. Un nationalisme sans défense du peuple est vide de sens, tout comme l’est un « travaillisme » sans souveraineté nationale.

Nova Resistência travaille pour construire cette voie et appelle nationalistes de gauche et de droite, conservateurs sérieux, patriotes, travailleurs et traditionalistes pour former un camp patriotique. Nos divergences importent peu. L’essentiel est de nous maintenir debout !

LIBERTÉ ! JUSTICE ! RÉVOLUTION !

Comité central,
Nova Resistência.

Notes

[1] Du nom du PT, Parti des Travailleurs, le parti de Lula et Dilma Roussef

[2] Jeu de hasard interdit au Brésil

[3] Surnom d’un quartier du centre-ville de São Paulo réputé pour être depuis le début des années 1990 un lieu de trafic de drogue et de prostitution

via L’élection de Bolsonaro vue par la dissidence brésilienne – Egalite et Réconciliation

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