Les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 4,5 millions d’euros en 2016

Selon une enquête du journal La Tribune rendue publique hier, Georges Plassat, PDG de Carrefour, se situe en tête du palmarès des dirigeants du CAC 40 les mieux rémunérés en 2016, avec un total de 9,730 millions d’euros. Les rémunérations ont connu une hausse modérée de 0,8%.

Alors que la saison des assemblées générales débute, une enquête réalisée par le journal La Tribune en partenariat avec Stacian donne en avant-première le détail complet des rémunérations des dirigeants du CAC 40 en 2016. Selon leurs chiffres rendus publics hier, Georges Plassat, PDG de Carrefour, a ainsi été le dirigeant le mieux payé l’an dernier, avec un total de 9,730 millions d’euros. Il est suivi de près par Olivier Brandicourt, DG de Sanofi depuis le 2 avril 2015, dont les appointements s’élèvent à 9,66 millions d’euros, et par Jean-Paul Agon, PDG du groupe L’Oréal (9,13 millions d’euros). En moyenne, les dirigeants des quarante entreprises cotées en bourse ont gagné 4,5 millions d’euros en 2016. Un chiffre en hausse modérée, de 0,8% sur ces mêmes 40 sociétés par rapport à 2015. L’hétérogénéité des rémunérations reste, comme en 2015, très importante: l’écart est ainsi de 1 à 6,3 pour le package total (rémunération fixe, variables, jetons de présence , options et actions cumulés) entre Stéphane Richard, le PDG d’Orange, le PDG le moins rémunéré en 2016, et Georges Plassat, le mieux payé sur cet exercice.

Le vote des actionnaires est désormais contraignant

La grosse surprise de ce classement est le peu d’effet à court terme de la loi Macron, entrée en vigueur à l’été 2015, qui abaissait pourtant fortement la fiscalité sur les actions gratuites. Cette mesure n’aura finalement que peu influé sur la hausse de l’enveloppe globale d’attributions d’options et d’actions, qui progresse seulement de 1,6% par rapport à 2015. Autre enseignement de ce palmarès: la mise en application du principe «say on pay» – vote consultatif obligatoire des actionnaires sur le montant de la rémunération des grands patrons – n’a eu aucune incidence à la baisse des salaires des dirigeants. Sur l’exercice 2016, on note au contraire une tendance à la hausse de leurs rémunérations fixes: +11,2% pour l’ensemble du CAC 40. La mesure, mise en place en 2014, devait pourtant permettre de lutter contre les rémunérations jugées excessives des patrons de plusieurs grands groupes dont l’État français est actionnaire, dont Renault, Safran et Thales.

LIRE AUSSI: Avec la loi Sapin 2, la pression monte sur les salaires des patrons

L’an dernier, le doublement de la rémunération de Carlos Ghosn, patron de Renault, avait ainsi été rejeté par les actionnaires de Renault lors d’un scrutin consultatif dû pour moitié à la position de l’État (26% des votes exprimés). Immédiatement après l’assemblée générale, le comité des rémunérations puis le conseil d’administration du constructeur s’étaient réunis et avaient validé le «package» de 7,2 millions d’euros (dont 1,7 million en numéraire), passant outre l’avis exprimé par les actionnaires. Face à l’inefficacité manifeste de la mesure, la loi Sapin 2, promulguée le 10 décembre 2016, et son décret d’application, publié le 17 mars dernier, ont donc rendu ce vote contraignant.

«Il s’agit de donner un caractère contraignant à l’assemblée générale des actionnaires d’une entreprise, qui devra être consultée à titre préalable au sujet des propositions de rémunération de dirigeants formulées par le conseil d’administration ou le conseil de rémunération. Il s’agit ouvertement d’éviter de voir se répéter des situations comme celles des dirigeants de PSA et Renault», avait détaillé au Scan Sébastien Denaja, porteur de l’amendement adopté en mai dernier par les députés PS. L’effet de ce durcissement législatif ne pourra être évalué qu’au terme de la saison des assemblées générales d’entreprises, qui s’achève le 30 juin prochain.

Avec cette mesure, la France devient le premier pays à imposer un vote contraignant sur les rémunérations de l’année écoulée. L’UE semble cependant vouloir suivre son exemple. Le 14 mars dernier, les eurodéputés ont adopté en plénière à Strasbourg un texte donnant aux actionnaires un droit de regard sur «la politique de rémunération des dirigeants d’entreprises» cotées en bourse dans l’Union européenne. Ce projet législatif doit encore être formellement approuvé par le Conseil des ministres de l’UE. Les États membres auront ensuite deux ans pour l’appliquer.

via Les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 4,5 millions d’euros en 2016

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire