Un poison de moins dans la bouche des européens ? Depuis le 1er juillet, l’Europe interdit l’utilisation des « plombages » ou amalgames dentaires contenant du mercure, mais uniquement pour les enfants de moins de 15 ans, les femmes enceintes et celles qui allaitent leur enfant [1]. Les amalgames utilisés pour soigner les caries contiennent en effet 50 % de mercure élémentaire associé à de l’argent ou de l’étain.
Or, lorsque ces amalgames sont retirés de la bouche des patients, ils sont classés comme déchets dangereux par la Commission européenne… et interdits de poubelle (notre enquête) ! Dans un communiqué, l’association Non Au Mercure Dentaire et l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi, appellent les États européens à mettre en œuvre cette décision sans délai, mais aussi à étendre au plus vite cette interdiction à tous.
L’Ordre des dentistes évalue à environ 15 tonnes la quantité de mercure mise en bouche chaque année via les amalgames. Ceux-ci libèrent du mercure en permanence sous forme de vapeurs, qui s’accumule dans le cerveau, les reins ou le foie. La liste des méfaits des amalgames est longue : neurotoxiques, génotoxiques, immunotoxiques, reprotoxiques, ou encore perturbateurs endocriniens [2]. Si les fœtus et les enfants se révèlent particulièrement vulnérables aux effets du mercure, les dentistes et leurs assistants sont aussi en première ligne dans l’exposition à l’utilisation des amalgames. « Cette interdiction met fin à des décennies de déni, se réjouit Geoffrey Begon, administrateur de Non Au Mercure Dentaire. Trop longtemps, les autorités sanitaires ont essayé de faire croire que le mercure était dangereux en toutes circonstances, sauf dans les amalgames. Désormais, la toxicité du mercure dentaire est clairement reconnue. »
Les États membres doivent désormais établir un plan national d’ici le 1er juillet 2019 pour réduire l’utilisation des amalgames dentaires. En outre, le règlement impose à la Commission européenne d’évaluer, d’ici à la mi-2020, la possibilité de supprimer complètement l’utilisation des amalgames dentaires. Des alternatives existent comme les « restaurations atraumatiques » (ART) à base de verre ionomère (un mélange d’acrylique et de verre), considérées comme une « approche de traitement alternatif parfaite » par l’Organisation mondiale de la santé [3]. Basta ! suivra de près la mise en œuvre de cette interdiction par la France dont l’Agence de sécurité sanitaire a longtemps défendu la non toxicité des amalgames dentaires (notre enquête).