Londres : une galerie d’art recouvre des peintures jugées blasphématoires par des musulmans

 

La célèbre galerie Saatchi à Londres a décidé de couvrir de draps deux œuvres d’art contenant la profession de foi islamique sur fond de nudité, après des plaintes de visiteurs musulmans qui les ont jugées blasphématoires.

Nouvel effet des pression exercées par le rigorisme religieux dans le milieu culturel ? A Londres, une des galeries d’art contemporain les plus célèbres au monde, la Saatchi a fini par couvrir d’un linge gris deux œuvres jugées blasphématoires par des visiteurs musulmans.

Les tableaux de l’artiste SKU juxtaposaient des images de nudité, tirées de la fameuse Odalisque d’Ingres, et le texte de la «shahada», l’attestation de foi de l’islam et l’un des cinq piliers de l’islam, dans une composition rappelant le drapeau américain. Il s’agissait là d’illustrer les tensions entre les extrémistes islamistes et les Etats-Unis.

Des photographies de ces œuvres cachées ont ensuite été mises en ligne sur les réseaux sociaux.

Quelques visiteurs musulmans choqués par l’œuvre ont appelé à retirer les peintures, mais la galerie avait d’abord refusé de s’exécuter, estimant que les visiteurs devaient plutôt s’interroger sur les fondements de l’art. Mais l’artiste SKU a décidé de lui-même de parvenir à un compromis, en maintenant les œuvres sur le mur, mais en les recouvrant d’un drap.

Cela semblait être une solution respectueuse qui permet un débat sur la liberté d’expression, à mettre en relation avec le droit de ne pas être offensé

«Cela semblait être une solution respectueuse qui permet un débat sur la liberté d’expression, à mettre en relation avec le droit de ne pas être offensé», a-t-il déclaré dans un communiqué adressé au Sunday Times. La Saatchi a elle-même décidé de «soutenir» l’initiative de l’artiste de «recouvrir les œuvres jusqu’à la fin de l’exposition» le 3 mai, reconnaissant la «sincérité des plaintes».

Des précédents de censure pour ménager la susceptibilité religieuse

Les interdits religieux compromettrait-il la liberté artistique ?

En janvier 2019, la municipalité de Haïfa, au nord d’Israël, a pris la décision de retirer d’une exposition une sculpture qui représente un Ronald McDonald crucifié. Cette représentation de la mascotte de la chaîne américaine de restauration rapide, avait indigné des chrétiens.

Ces dernières années, la censure d’autres œuvres d’art ont déclenché des polémiques dans divers pays. En 2015, en France, une exposition à Clichy-la-Garenne avait prévu de présenter une installation de l’artiste Zoulikha Bouabdellah, appelée Silence et figurant des escarpins dorés disposés sur des tapis de prière. La mairie avait alors reçu un message de la Fédération des associations musulmanes de la ville. Dans un contexte post-Charlie Hebdo, elle prévenait qu’elle serait impuissante si des incidents survenaient. L’artiste Zoulikha Bouabdellah avait décidé de retirer sa pièce face à «l’incompréhension» qu’elle suscitait.

Quelques mois plus tard, une vidéo de l’artiste Mounir Fatmi à la Villa Tamaris, figurant l’auteur des Versets sataniques Salman Rushdie en train de dormir, avait été retirée du programme par le directeur du centre d’art de La-Seyne-sur-Mer (Var). Ce dernier précisait : «Au lendemain des attentats du 7 janvier, nous nous sommes interrogés sur la manière dont l’œuvre pourrait être décryptée et devenir sujette à des manipulations, détournant ainsi le sens de l’expo.» Froissé, l’artiste Mounir Fatmi avait décidé de quitter l’exposition.

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