Nouvelles images d’horreur de l’élevage moderne
Les militants de l’organisation contre l’élevage intensif se sont introduits dans une exploitation où vivent 35.000 poussins.
L’Association pour le bien-être animal et le véganisme L214 diffuser ce mercredi soir une nouvelle vidéo choc dénonçant les conditions dans lesquelles sont élevés des poulets dans une exploitation industrielle de Vendée sous contrat avec le groupe Doux. Les images dont Le Figaro s’est procuré une copie ont été tournées à cinq reprises entre fin avril et fin mai 2017. On y voit évoluer 35.000 poussins jaunes bien propres sur de la paille fraîche très au large dans un bâtiment de 1200 m2 éclairé par de la lumière artificielle. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les conditions se dégradent jusqu’à leur départ, au bout de 32 jours, pour l’abattoir vendéen de Chantonnay appartenant au même groupe Doux. Ces poulets sont destinés à la filière export du groupe, numéro un de volailles en Europe et troisième exportateur mondial. «Nous avons voulu montrer de près ce que signifiait la croissance rapide des poulets en élevage intensif, indique Brigitte Gothière, cofondatrice de L214. En 32 jours, les poussins grossissent assez pour être envoyés à l’abattoir à 1,4 kg. Sur les images, on peut constater les conséquences désastreuses de cette croissance forcée et accélérée».
Croissance quatre fois plus rapide qu’en 1950
En effet, on voit des poulets difformes avec une tête de poussin et un corps d’adulte, évoluant sur leurs excréments dans un espace devenu trop exigu, partiellement déplumés dans cette ambiance ammoniaquée. Tous ne survivent pas jusqu’à l’étape finale. Certains, n’arrivant plus à porter le poids de leur corps pour se déplacer vers les mangeoires, meurent de faim et de soif. Quand les cadavres ne sont pas ramassés, ils sont rongés par la vermine. «Sélection génétique, nourriture hyperprotéinée, accélérateur de croissance et conditions d’élevage font qu’aujourd’hui, les poulets grossissent quatre fois plus vite qu’en 1950», souligne L214.
Enfin, les images d’abattage ont été tournées, quant à elle, entre janvier et février 2017, à l’abattoir de Chantonnay où sont abattus 185.000 poulets par jour. Un militant de l’association y a travaillé quelques jours au poste d’accrochage en début de chaîne. Nous n’avons pas d’images de la saignée par exemple. La cadence d’accrochage est de 120 poulets à la minute et il y a deux chaînes qui tournent en parallèle (donc 240 poulets à la minute). Les poulets sont étourdis par électro narcose. L214 recommande qu’ils soient endormis par gaz dès leur arrivée dans les caissettes de transport avant d’être suspendus la tête en bas.
Campagne de dénigrement
«Cette vidéo fait manifestement partie d’une campagne de grande ampleur intitulée «35 jours». Elle utilise des images destinées à provoquer des amalgames», assure Jean-Michel Schaeffer, président de la confédération française de l’aviculture (CFA). «Ce faisant, L214, qui poursuit en réalité l’objectif de destruction des filières d’élevage, cherche à instiller le doute dans l’esprit des consommateurs et à déstabiliser l’ensemble de la filière volaille de ce pays avec le risque terrible de mettre en difficulté les éleveurs et leurs familles».
«Même si des pratiques isolées peuvent exister, reconnaît le numéro un de la CFA, elles ne doivent en aucun cas masquer le fait que l’immense majorité des éleveurs fait son travail en respectant la réglementation et est engagée depuis des années dans une amélioration continue de ses pratiques d’élevage».
Par ailleurs, il fait remarquer qu’à «un moment où toutes les parties prenantes de l’agriculture discutent de l’avenir de l’alimentation en France dans le cadre des États Généraux de l’Alimentation, les représentants de la filière déplorent que l’association L214 caricature le débat. Elles regrettent qu’elle ait fait le choix du sensationnel plutôt que de les alerter de façon constructive sur la problématique rencontrée par cet élevage».
Hier soir, le groupe Doux a publié un communiqué sur son site internet, prenant acte des images tournées par l’association et annonçant l’ouverture d’une enquête en interne afin de «prendre les mesures nécessaires le cas échéant».
Pour éviter que ce genre de pratique ne se reproduise, l’Association L214 vient pour sa part de lancer une pétition en ligne qu’elle remettra au ministre de l’Agriculture Stéphane Travert.