Pédocriminalité: l’enquête qui accuse, Serge Garde coauteur du ‘Livre de la honte’ témoigne
Des menaces de mort pèsent sur des journalistes.
Des réseaux pédocriminels se sentent à l’abri de la Justice.
Dans le même temps, des démarches visent à interdire un livre.
Un livre qui relate une enquête minutieuse sur « Le dossier de la honte ».
Le 24 février 2000, Serge Garde publie un dossier de trois pages dans le quotidien L’Humanité. Il y révèle l’existence d’un CD-Rom informatique contenant 8.500 documents de pédocriminalité. On y voit des scènes de viols d’enfants, et même des viols de nourrissons. Quelque mois plus tard Laurence Beneux publie un article dans le Figaro et participe à un reportage sur Canal+. Logiquement, la Justice et la police auraient dû prendre le relais, averties par les révélations des journalistes qui montrent sans conteste qu’il existe en Europe des véritables réseaux pédocriminels. Des enfants sont en danger. Des réseaux obscurs s’adonnent au trafic de jeunes vies. Ce marché immonde rapporte davantage que la drogue. Il ne nécessite pas d’investissements. Il suffit de se « procurer » un enfant puis d’un appareil photo pour promouvoir la marchandise… Et, surtout, c’est une activité dont les risques vis-à-vis de la Justice sont bien limités. Tellement limités que les journalistes qui ont mené l’enquête dénoncent: « Du côté des institutions, police et Justice, c’est la gêne, le dénigrement et parfois la désinformation pour masquer une dépénalisation de fait de la pédosexualité dans de nombreux dossiers ». Ils posent la question: Pourquoi la police et la Justice n’ont-elles pas poussé l’enquête?
Serge Garde nous raconte l’histoire du « dossier de la honte »
Serge Garde, vous venez de publier, avec Laurence Beneux, un livre qui a pour titre Le Livre de la honte. Pourquoi ce titre?
Parce que ce que nous racontons est honteux. Parce que la façon dont la Justice française a traité cette affaire de pédocriminalité ne mérite pas d’autres qualifications. C’est honteux car, au départ, nous avons publié dans L’Humanité et dans Le Figaro des révélations concernant un CD-Rom contenant 8.500 documents de pédocriminalité et de viols d’enfants, de nourrissons, et nous avions rapporté qu’à partir de ce CD-Rom la police hollandaise avait établi un fichier contenant 472 portraits d’enfants. D’enfants en danger car on les voit sur le CD-Rom dans des situations absolument sans équivoques. Pour beaucoup d’entre eux, on est témoin des scènes de leur viol. Ce qui nous a donc particulièrement choqués, c’est qu’à la suite de nos révélations concernant ce document, rien n’a été fait pour rechercher ces enfants en danger. Or ce document existe bien, il est en possession de la police hollandaise, il a été transmis à Interpol et donc aussi aux autorités françaises. Rien, absolument rien n’avait été entrepris de la part de la Justice, ni de la police et, il y avait même un certain embarras sur l’existence de ce fichier. Quand nous avons questionné les autorités, afin de savoir si elles avaient connaissance de ce fichier… il y a eu un refus de nous répondre.
D’où provient ce document informatique que vous vous étes procuré?
Le CD-Rom a été retrouvé chez un pédotrafiquant néerlandais domicilié a Zandvoort qui s’appelait Gerrit Ulrich. C’était une sorte d’activiste informatique, dans le sens qu’il intervenait beaucoup sur Internet. Il était évident qu’on se trouvait en face d’un élément important d’un réseau. Sur le fichier tiré de ce CD-Rom, les visages des enfants sont identifiables, tout comme les visages de certains violeurs. Donc, pour nous il était évident que la police française, tout comme la Justice des autres pays européens se trouvait devant une urgence. Rechercher les enfants afin de les sauver et mettre hors d’état de nuire les adultes violeurs. Nous nous étions dits qu’à partir du moment où nous publiions les révélations sur l’existence de ce document, notre travail de journalistes etait terminé et que le travail de la Justice devait commencer. Sauf… que c’est tout le contraire qui s’est produit. Nous avons été contraints de constater que la seule activité de la Justice française dans cette affaire a été celle d’essayer de minimiser, voire d’enterrer l’affaire… et le pire, c’est qu’ils sont sur le point de réussir.
Comment avez-vous trouvé ces documents?
Je me trouvais en Belgique avec Laurence Beneux, et nous étions en train d’enquêter sur ceux qu’on appelait en Belgique les « témoins X », c’est-à-dire des témoins qui apportaient des éléments sur l’existence de réseaux de prostitution d’enfants impliquant des personnalités belges dans le cadre de l’affaire Dutroux. On les appelle « témoins X » pour protéger leur sécurité. L’unité d’élite de la gendarmerie belge qui travaillait sur les « témoins X » a été stoppée net. Ces gendarmes ont commencé à avoir de très sérieux ennuis à partir du moment où plusieurs « témoins X » ont mis en cause des personnalités politiques importantes, voire des membres de la famille royale belge. C’est en travaillant sur ce phénomène qu’une personne m’a dit que je devrais contacter l’association Morkhoven, en Belgique. Ça m’a intrigué, et c’est comme ça que j’ai contacté l’association Morkhoven. C’est cette association qui avait découvert le CD-Rom, et qui avait « négocié » la remise à la police néerlandaise.
Des enfants ont été identifiés?
En conduisant l’enquête, nous avons été littéralement assaillis par les demandes des parents qui éprouvaient des inquiétudes très vives concernant des enfants qui ont disparu ou qui déclarent avoir été abusés devant des caméras ou les objectifs d’appareils photos. Alors que la Justice restait inactive, c’est nous, les journalistes qui avons accepté de recevoir des parents pour qu’ils puissent consulter ce fichier à la recherche d’un enfant.
Un jour, une maman, habitant la région parisienne a dit « c’est mon fils ». Puis il y en a eu une deuxième. Ce deuxième enfant a été reconnu par sa mère, par deux pédopsychiatres qui l’ont eu comme patient ainsi que par une travailleuse sociale. Nous avons reçu la visite de dizaines et de dizaines de parents, grands-parents, je pense que nous avons reçu environ deux cents personnes qui sont venues visionner ce fichier, qu’ils ne pouvaient pas voir ailleurs. Il y a même eu des personnes qui sont venues de Floride, et au total nous sommes arrivés à l’identification d’une vingtaine d’enfants français et belges. Donc, plusieurs mois après nos révélations nous pouvons dresser le bilan suivant: travail de la justice, aucune identification; travail des journalistes et des associations, une vingtaine d’enfants identifiés.
Mais quelle a été la position des autorités judiciaires?
Du côté de la Justice la seule activité évidente ça a été de dire: les mamans qui ont reconnu leurs enfants se trompent. Nous avons même pu constater que des mensonges ont été distillés à la presse. Il y a eu une véritable pratique de désinformation. Je sais que ce que je dis est grave, mais j’affirme que le parquet de Paris a pratiqué la désinformation en lançant, via les agences de presse, des informations fausses en accréditant l’idée que les parents qui avaient identifié un enfant sur le fichier s’étaient trompés. Et puis, nous avons même vu une intervention du substitut du procureur des mineurs à Paris, Yvon Tallec, qui devant les caméras de France 2, au cours d’un journal télévisé, a eu une déclaration incroyable. Il affirmait qu’il fallait minimiser cette affaire du CD-Rom pédocriminel. Et, pour motiver ses propos, il a avancé trois raisons: la première raison c’est que, selon ce magistrat, les documents contenus sur le CD-Rom seraient des documents anciens. Or, comment peut-on juger à partir d’une photo d’un visage d’enfant s’il s’agit d’une image ancienne ou récente? Et, même s’il s’agissait d’images anciennes… on est dans le domaine du crime sexuel et la prescription du crime n’intervient que 10 ans après la majorité légale de la victime! C’est-à-dire que les nourrissons qui sont violés, comme c’est le cas de ceux que nous voyons sur le CD-Rom, pourront porter plainte jusqu’à leur vingt-huitième anniversaire.
La seconde raison évoquée par ce magistrat est, elle aussi, aussi incroyable que la première. Il affirme qu’il n’y aurait quasiment pas d’enfants français sur ce fichier. Or, moi je souhaite qu’un magistrat puisse me dire, sur la base de ces photos, quel enfant est ou n’est pas français… c’est complètement aberrant!
La troisième raison invoquée par ce magistrat, sidère tout le monde. Il affirme que les images d’enfants photographiés sur le CD-Rom proviennent en réalité de certaines revues, et que les enfants étaient consentants, ou que leurs parents l’étaient. Nous sommes donc confrontés à un magistrat, qui sur Paris a le pouvoir de procéder a un classement sans suite, et qui nous dit en substance que, dans ce cas de proxénétisme, il n’y aurait aucun problème dès lors que les parents seraient consentants! Si nous le comprenons bien, ce magistrat nous explique que si un enfant dit « oui » il n’y a pas de viol. Effectivement, si l’on adopte ce point de vue, on comprend pourquoi Paris est une des régions de France où les classements sans suite et les non-lieux dans ce type de crime sont les plus fréquents. Quand nous avons compris comment la Justice parisienne commençait ses investigations sur l’affaire du CD-Rom, nous nous sommes rendus compte qu’on allait vers l’étouffement de l’affaire. C’est pour ça que nous avons poursuivi notre travail d’investigation et que nous avons écrit ce livre.
Combien d’enfants disparaissent chaque année en France?
Je n’ai pas de réponse précise. En France, on peut avoir des statistiques sur tout, même sur le nombre de saumons contrôlés dans le bassin de la Loire en l’an 2000, mais sur les enfants disparus, il n’y a pas de chiffre, ou s’il existe, il est caché. Le seul chiffre que j’ai pu retrouver, remonte à 1982: il fait état de la disparition de plus de soixante-dix enfants de moins de 12 ans. Il ne s’agit pas de fugues, mais bien de disparitions corps et biens. Mais je n’ai pas souvenance d’enquêtes concernant ces disparitions. Récemment le député du Val d’Oise Robert Hue a posé la question à la Garde des Sceaux: il serait bien qu’on ait des chiffres sur le nombre d’enfants qui disparaissent en France, et cela depuis dix ans. J’attends avec impatience la réponse de la ministre.
Dans le CD-ROM que vous avez retrouvé, y a-t-il des photos d’enfants français?
Il y a des enfants de la région parisienne, beaucoup de la région Chambéry-Annemasse, ensuite c’est diversifié. Pour l’Yonne, c’est terrible. Dans le cadre de l’affaire des « disparues de l’Yonne », des parents ont demandé à visionner le fichier. Après énormément de résistances, la juge d’instruction parisienne qui bloque tout à Paris sur cette affaire a été amenée à transmettre un exemplaire du fichier dans les différents commissariats et gendarmeries. Malgré qu’elle l’ait fait pendant les mois d’été, des parents ont consulté le fichier, notamment à Auxerre. Deux jeunes filles ont été reconnues et identifiées par des familles de disparues de l’Yonne. Je ne sais pas encore jusqu’à quel point cette identification est valable, mais si c’est le cas, alors toute la version officielle de l’affaire des « disparues de l’Yonne » tombe. Actuellement on est dans l’hypothèse d’un serial killer de campagne, solitaire, Emile Louis. Dans le cas d’une vérification positive, comment pourrait-ton expliquer qu’on retrouve les photos de ces disparues dans le cadre d’un réseau informatisé en Hollande?
Comment pouvez-vous être sûr de l’existence de véritables réseaux?
Lorsque j’ai eu entre les mains le CD-Rom et le fichier, j’ai également pu disposer de 200-250 feuilles, des photocopies des agendas, des carnets d’adresses de Gerrit Ulrich et de certaines personnes qui gravitaient dans la même sphère. Sur le carnet d’adresses d’Ulrich, on relève des contacts en Hollande, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Suède, aux USA, en Bulgarie, en Pologne en Lettonie et… en France! Il y a aussi des références bancaires: l’Europabank for reconstruction and Development, la Banque nationale d’Ukraine, mais aussi, le Crédit agricole et le Crédit Lyonnais…
Pour quelle raison la justice éprouve des difficultés à admettre l’existence des réseaux pédocriminels?
Je reste convaincu que la pédocriminalité est niée parce qu’elle est invisible. La justice française est habituée à traiter d’abord la criminalité visible, celle qui crée un trouble à l’ordre public. Dans le cas de viols d’enfants, c’est invisible, et le scandale ne va apparaître que lorsqu’il y a le dépôt de la plainte, et que le juge va faire son travail. C’est-à-dire que c’est le juge qui va devenir le vecteur du scandale. Et ceci, les juges ne le supportent pas; ils sont là pour rétablir l’ordre lorsque l’ordre public est troublé par un scandale. La tendance générale de la Justice en France c’est de minimiser ce qui n’est pas visible. C’est valable pour les viols d’enfants, comme pour la délinquance économique. Il y a en plus d’autres phénomènes qui vont jouer, et qui vont conduire à l’étouffement de ces plaintes.
Prenons un autre exemple, dans l’Yonne, l’affaire du pavillon d’Appoigny. Dans ce village, un individu, Claude D., avait ouvert, avec sa femme, un véritable bordel spécialisé dans le sadomaso très hard. Moyennant un tarif affiché dans la cave, on pouvait torturer des jeunes filles -qui avaient été kidnappées, et qui appartenaient à la DDASS. Elles étaient sous le même contrôle social – théorique – que les disparues de l’Yonne. Les « clients » pouvaient écraser une cigarette allumée sur un sein pour 600 francs, ou apposer une croix gammée au fer rouge – il y avait une idéologie nazie dans ces activités – sur la peau d’une jeune fille pour beaucoup plus cher. Il est clair, quand on voit l’addition que cela pouvait représenter, qu’il y avait beaucoup de notables parmi les clients. Les voisins n’arrêtaient pas de voir arriver de grosses cylindrées qui venaient s’arrêter devant le pavillon. Et le tenancier tortionnaire avait un carnet, dans lequel il notait les noms de ses clients. On retrouve là le réflexe de certains nazis qui étaient très fonctionnaires, et qui avaient le souci du détail et qui tenaient des registres sur leurs crimes comme si c’était une activité industrielle ou commerciale.
Claude D. a été arrêté parce qu’une jeune fille a réussi à s’échapper et qu’elle a pu prévenir les gendarmes. Deux prisonnières ont été sauvées à ce moment-là, mais on ne sait pas depuis combien d’années ça durait et combien de jeunes filles sont passées entre les mains de ces tortionnaires et ce qu’elles sont devenues. Pendant l’enquête, le carnet d’adresses a disparu. Le plus beau, c’est qu’il s’est volatilisé dans le bureau du juge d’instruction. Et donc, lorsque Claude D. a été jugé, il n’y avait pas de clients dans le box des accusés. Une affaire de proxénétisme sans clients. Il a été condamné à perpétuité en 1991, et il a été remis en liberté dès l’an 2000. Certains pourront dire que le carnet avec tous les clients n’a pas été perdu pour tout le monde.
Retrouve-t-on souvent des personnalités influentes, des notables à l’intérieur de ces réseaux?
Je pense à ce qu’a dit le juge Connerotte qui était en charge du dossier Dutroux, au moment où il a été dessaisi: « On a touché au jouet des riches »… Il s’agit là d’un tabou, et donc ça coûte cher. Ce magistrat travaillait à la recherche d’un réseau, il a été dessaisi, et l’on a réécrit l’affaire Dutroux. Officiellement, c’est l’affaire d’un pervers isolé.
Moi, j’essaie d’en rester aux faits. Je pense que la pédocriminalité, la pédosexualité est sans doute l’une des dernières pratiques sexuelles qui permettent de « tenir » ceux qui se font piéger ou qui s’y adonnent. En France, au moins, le fait qu’un responsable vive sa vie dans des circonstances que certaines morales reprouvent, tout le monde s’en fiche, pourvu que ce soit entre adultes consentants. La pédosexualité est sans doute l’un des derniers domaines où l’on peut être l’objet de chantage. Je crois qu’il y a en France une longue tradition dans ce domaine. Je repense aux activités du SAC, un organisme para-policier, où l’on retrouvait des flics, des truands, tous avec la même carte tricolore. Le SAC avait certaines activités financières, et notamment il avait dans son giron une société dirigée par un certain Charlie Lascorz dont le travail consistait à organiser des parties fines, à inviter des personnalités et à les piéger en les filmant, en les photographiant. Ensuite les gens se trouvaient confrontés à des chantages, qui n’étaient pas seulement financiers, mais qui pouvaient s’apparenter à un trafic d’influence.
Je peux penser qu’actuellement, organiser une partie fine et introduire au cours de la soirée des mineurs avec prise de photos, ça piège tous les participants. Et je vois mal comment certains groupes se priveraient de cette arme qui peut leur procurer des parcelles de pouvoir et de l’argent.
Comment est appliqué le droit en France pôur les affaires de pédocriminalité?
Globalement, la Justice fonctionne normalement, même si les juges ne sont pas formés, ou n’ont pas de moyens, mais il y a en France un certain nombre de secteurs où le droit n’est pas appliqué. La région de Nice jusqu’à une période récente, les régions alpines, des poches dans la vallée du Rhône, Paris… Le droit prescrit que tout acte sexuel commis par un adulte sur un mineur de moins de 15 ans est un crime. C’est ça les textes. Et ces textes ne sont pas appliqués dans ces zones de non-droit. Lorsque 60 à 80% des plaintes exprimées par les enfants sont classées sans suite, ça veut dire que l’on considère ces enfants comme des présumés menteurs alors qu’ils sont à priori victimes. On leur dit « non, vous êtes coupables de mensonge ». Il y a une inversion des valeurs. Lorsqu’on a été victime de ce genre de crimes sexuels, il y a une étape qui est indispensable pour pouvoir se reconstruire, c’est le fait qu’on vous reconnaisse le statut de victime. Pour tous ces enfants, c’est un déni de justice. On leur dit, « vous êtes des menteurs et pas des victimes ». Ça ne peut s’appeler autrement que du non-droit.
Combien de documents pédocriminels avez-vous découverts?
Au début de l’enquête, nous avions un CD-ROM, qui contient 8.500 documents. Et puis, au cours de cette enquête, Laurence Beneux a trouvé un deuxième CD-Rom.
Lorsque l’enquête a été publiée au printemps 2000 dans L’Humanité puis dans Le Figaro, la Garde des Sceaux s’est déclarée troublée. Elle intervient alors dans le journal de France 3, où elle va tenir un langage étonnant… « Nous avons le fichier [qui était en possession d’Interpol], mais nous ne pourrons rien faire tant que nous n’avons pas le CD-Rom ». Et ça, c’est étonnant, car déjà dans le fichier il y a des documents assez précis pour pouvoir commencer à travailler. Le lendemain de cette intervention, je remets donc le CD-Rom au procureur général auprès de la Cour d’appel de Paris, Alexandre Benmaklouf. Ce que je ne savais pas, quand je remettais le CD-Rom au procureur général, c’est qu’il l’avait déjà. Depuis un an. Et l’affaire avait été classée au bout de quelques semaines, au motif qu’il n’y avait pas matière pour une incrimination pénale. Je rappelle que dans ce CD-Rom il y a des viols de nourrissons…
Ensuite, Laurence Beneux, qui travaillait à l’époque pour Canal+, a eu accès au deuxième CD-Rom, qui contient des scènes de torture de petites fillettes insoutenables, et elle le remet à la Justice. Depuis, rien. C’est-à-dire que la Justice possède deux CD-Rom, et… strictement rien.
Au moment où nous parlons, nous avons vingt CD-Rom. C’est-à-dire entre 80.000 et 100.000 documents pédosexuels et pédocriminels. Ce sont des documents qui doivent servir pour identifier les enfants, pour les sauver. Derrière chaque photo, il y a un enfant réel, qui a été violé, qui souffre. Qu’est-ce qu’on va faire de ces CD-Rom? Pour moi, il n’est pas question de les remettre à la Justice française, quand on voit ce qu’elle a fait des deux premiers que nous lui avons confiés, je ne peux pas être complice de ça.
Vous avez déjà été menacé?
Oui. Des menaces de mort. Au moment de la sortie du livre. J’interprète ça comme des pressions, des tentatives de vouloir m’empêcher de faire mon travail, on veut me faire peur, me déstabiliser. Je pars du principe que si un jour on voulait m’abattre, on ne me préviendrait pas à l’avance. Je travaille en réseau avec d’autres journalistes. C’est ça la meilleure protection
http://www.amnistia.net/news/articles/pedcrim/sgarde.htm
via Pédocriminalité: l’enquête qui accuse, Serge Garde coauteur du ‘Livre de la honte’ témoigne