Petit quizz « complotiste » pour rédacteurs en chef romands

La presse romande va mal. C’est une triste évidence et elle-même le dit. Au point de demander une aide financière aux autorités.

L’idée en elle-même est recevable, et même sans doute bonne. Elle le serait encore plus si nos différents organes de presse écrite et audiovisuelle s’étaient montrés un tant soit peu capables de jouer leur rôle de contre-pouvoir depuis le début de la crise du Covid. Ce qui -sacré euphémisme- n’a pas été le cas.

Mes articles de blog (qui s’essayaient dans ce registre déserté par les médias) ont fait un boucan qui m’a même valu d’être traité de « complotiste » par le rédac’ en chef de 24h !

Pourtant je l’ai écrit à maintes reprises, je ne fais que diligemment mon travail de me documenter auprès des meilleurs infectiologues et épidémiologistes des maladies infectieuses (dont je ne suis pas).

Et quand on prend la peine d’écouter ce qu’ils disent, ô surprise, on entend des perspectives et des analyses qui n’ont rien à voir avec ce que les autorités et les médias nous servent en boucle depuis deux mois.

On me traite donc de mauvais esprit (bâillement) mais sans pousser la contradiction jusqu’à aller consulter les sources que je mentionne diligemment au long de mes articles. Un clic de plus doit parfois être celui de trop pour certains journalistes, terrassés par un grand état de fatigue j’imagine… l’effet du confinement peut-être ?!

 

Malsain

Tout ceci nous laisse avec un bizarre sentiment. Même Le Temps, journal prestigieux et longtemps crédible, vient de méchamment rater une marche avec son numéro spécial « anti-complot » de samedi dernier. Contrairement à M. Claude Ansermoz, les journalistes du Temps semblent savoir lire puisqu’ils ne m’ont pas inclus dans la liste des complotistes à dénoncer. Mais je me demande si je suis vraiment le seul à être ressorti de la lecture de ce numéro avec un sentiment de nausée.

Jeter en pâture à son lectorat des personnes, citées nommément, stigmatisées sous cette étiquette fait penser à des moments tragiques et ignobles de notre passé. C’est le point de départ de toutes les stigmatisations, celles du racisme, de l’homophobie, de l’antisémitisme, du sexisme, celle à l’origine de toutes les discriminations -et de toutes les violences.

Une jeune femme en particulier figurait dans le lot (la charrette ?), Mme Ema Krusi. Je ne connais pas cette personne hors du fait qu’elle soit connue sur la place de Genève, et d’avoir découvert récemment que nous avions une amie commune. Je ne connais pas ses opinions sur la Covid, la santé ou quoi que ce soit d’autre.

Mais quand je vois la manière dont Le Temps la désigne à l’opprobre général, j’ai envie de rappeler qu’il existe une chose qui s’appelle la liberté d’opinion. Et que montrer du doigt une personne pour ses convictions ou ses idées (dès lors qu’elles ne relèvent pas d’une norme pénale comme l’incitation à la haine) est gravement indigne de la profession. Point.

Ce n’est assurément pas ainsi que la presse locale peut retrouver un semblant de lustre.

 

Petite pédagogie pratique

Ces messieurs-dames ayant l’air passablement perdus dans leurs repères pour certains, et franchement ignorants pour d’autres, j’ai eu envie de leur proposer un petit « quizz « complotiste » maison. La pédagogie contemporaine insiste sur l’importance de mettre du jeu et du plaisir dans les apprentissages, aussi ce format se prêtera-t-il fort heureusement je l’espère à l’exercice -et même à un véritable petit cours de rattrapage pour les mauvais élèves et les distraits.

 

Quizz « QUI A DIT ?… » (une seule réponse par question) :

 

1. « La plupart des études scientifiques sont erronées, et elles le sont parce que les scientifiques s’intéressent au financement et à leurs carrières plutôt qu’à la vérité. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Dr Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal

 

2. « L’endémicité apparente des mauvais comportements en matière de recherche est alarmante. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Dr Richard Horton, ancien rédacteur en chef de The Lancet

 

3. « Nous pensons que l’acceptation aveugle par l’EBM des « preuves » produites par l’industrie revient à laisser les politiciens compter leurs propres votes. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Article de référence dans le Journal of Evaluation in Clinical Practice

 

4. « Pourquoi la plupart des résultats de recherche scientifique publiés sont faux. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Pr John Ioannidis, article publié dans PLoS (Public Library of Sciences) Medicine

 

5. « Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie des recherches cliniques qui sont publiées, ni de se fier au jugement de médecins de confiance ou à des directives médicales faisant autorité. Je ne prends aucun plaisir à cette conclusion, à laquelle je suis parvenu lentement et à contrecœur au cours de mes deux décennies de travail de rédactrice en chef. »

a) Pr Didier Raoult

b) Dr Marcia Angeli, ancienne rédactrice en chef du New England Journal of Medicine

c) Jean-Dominique Michel

 

6. « L’industrie pharmaceutique trahit systématiquement ses responsabilités à l’égard de la population et des institutions. Les grandes firmes se sont de plus en plus focalisées sur le marketing, bien plus que sur la recherche, et elles exercent une influence omniprésente et persistante, non seulement sur la médecine et la recherche, mais sur les patients, les médias, les administrations, les agences de régulation et les politiques. (…) Elle s’est infiltrée dans tout le système, à tous les niveaux. C’est elle qui définit les programmes et la pratique médicale. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Rapport de la Chambre des Communes du Royaume-Uni

 

7. « Au cours des 35 dernières années, les patients ont souffert d’une épidémie largement cachée d’effets secondaires de médicaments qui ont généralement peu de bénéfices compensatoires. L’industrie pharmaceutique a corrompu la pratique de la médecine par son influence sur le développement des médicaments, la manière dont ils sont testés et la création de connaissances médicales »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Centre d’éthique de l’Université de Harvard

 

8. « La satisfaction des besoins des entreprises pharmaceutiques a pris le pas sur la satisfaction des besoins des patients. Si cette corruption des intentions réglementaires n’est pas inversée, la situation continuera à se détériorer. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Centre d’éthique de l’Université de Harvard

 

9. « Aujourd’hui, les objectifs de la politique pharmaceutique et de la pratique médicale sont souvent sapés par la corruption institutionnelle – c’est-à-dire des pratiques répandues ou systémiques, généralement légales, qui sapent les objectifs ou l’intégrité d’une institution.  Nous verrons que les objectifs propres de l’industrie pharmaceutique sont souvent pervertis.  En outre, le financement des campagnes électorales et du lobbying par l’industrie pharmaceutique fausse le processus législatif qui définit la politique pharmaceutique. »

a) Journal of Law, Medicine and Ethics, Vol. 41, p, 544, 2013 & Suffolk University Law School Research Paper No. 13-25

b) Pr Didier Raoult

c) Jean-Dominique Michel

 

10. « Il est en effet effrayant de voir combien de similitudes il y a entre cette industrie et la mafia. La mafia gagne des sommes d’argent obscènes, tout comme cette industrie. Les effets secondaires du crime organisé sont des meurtres et des morts, et les effets secondaires sont les mêmes dans cette industrie. La mafia corrompt les politiciens et autres, tout comme l’industrie du médicament… »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Dr Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal

 

  1. « Il est clair (…) que l’industrie pharmaceutique fait un travail biaisé de diffusion des données probantes – être surpris par cela serait absurde – que ce soit par le biais de la publicité, des représentants de médicaments, de l’écriture fantôme, de la dissimulation de données, de la corruption des gens ou de la mise en place de programmes éducatifs pour les médecins. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Pr Ben Goldacre, Nuttfield College, Oxford et auteur de Bad Pharma: How Drug Companies Mislead Doctors and Harm Patients

 

  1. « La conclusion de l’enquête de ce jour amène, elle, à une conclusion on ne peut plus claire : dire que l’hydroxychloroquine constitue un médicament dangereux et que cela justifie sa mise à l’écart dans le traitement du Covid constitue une exagération tellement importante de la réalité qu’elle s’apparente à un mensonge d’État que le professeur Raoult est parfaitement fondé à dénoncer comme tel. »

a) Pr Didier Raoult

b) Jean-Dominique Michel

c) Laurent Mucchielli, Sociologue, directeur de recherches au CNRS (Laboratoire Méditerranéen de Sociologie)

 

(Réponses en bas de blog).

Devoir supplémentaire pour celles et ceux ayant plus de trois mauvaises réponses : trouver où ces citations figurent dans les innombrables, interminables et indigestes articles de ce blog (pouah !)

 

Et on se réjouit par avance de voir Le Temps et 24h filer ventre à terre pour dénoncer ces très vilains « complotistes », maintenant qu’il savent où trouver les pires d’entre eux…

via Petit quizz « complotiste » pour rédacteurs en chef romands – Anthropo-logiques

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