Quand les présidents de séance LREM se transforment en perroquets au perchoir

Depuis le début de la nouvelle législature, les administrateurs de l’Assemblée sont devenus de véritables souffleurs dans le spectacle parlementaire. Les présidents de séance, novices en politique, ont comme un besoin d’accompagnement…

On avait l’habitude de les voir en retrait, vigilants quand il le fallait, mais généralement plus spectateurs qu’acteurs des séances à l’Assemblée nationale. Depuis le début de la nouvelle législature et l’arrivée d’une flopée de novices de la politique, les administrateurs de l’Assemblée nationale ne savent plus où donner de la tête. Les séances, souvent animées, sont l’occasion pour eux de faire régner l’ordre en soufflant des répliques aux présidents LREM qui tiennent le perchoir, mais aussi de leur rappeler comment doivent se dérouler les votes ou à qui la parole doit être donnée dans l’hémicycle. Bref, les administrateurs sont devenus les souffleurs indispensables des élus d’En Marche durant le spectacle législatif. La preuve en vidéo avec les administrateurs Rémi Schenberg et Jean-Luc Lala.

via VIDEO – Quand les présidents de séance LREM se transforment en perroquets au perchoir


Dépassée, la vice-présidente LREM de l’Assemblée s’en prend plein la figure

Lors d’une séance particulièrement maladroite et désordonnée, la vice-présidente de l’Assemblée, Carole Bureau-Bonnard, LREM, a été très chahutée par ses collègues députés. Retour en vidéo sur cette journée catastrophique.

Carole Bureau-Bonnard est la première vice-présidente à l’Assemblée Nationale (AN) et députée de la sixième circonscription de l’Oise LREM. Ce mardi 25 juillet, c’est elle qui menait la séance de cette deuxième journée de débat sur la loi de moralisation. Du moins, qui tentait de mener la séance. Le premier jour avait déjà vu naitre des tensions, notamment à l’encontre de Danielle Brulebois (LREM), autre vice-présidente de l’AN. Au second jour, les remontrances des députés à l’encontre de Carole Bureau-Bonnard ont été encore plus fortes, provoquant un chahut innommable et une grande difficulté à avancer dans l’étude du projet de loi. La vice-présidente n’y est pas pour rien : peu aguerrie, elle a multiplié les erreurs comme le vote d’amendements dans le désordre ou la distribution de la parole aux députés de manière discutable.

Pour tout comprendre, voici notre récit de la journée d’hier en 4 minutes :

Premier chahut : la sortie de Jean-Louis Bourlanges (député MoDem, élu LREM). Il tente de demander la parole à Carole Bureau-Bonnard, en vain. Alors que les voix montent dans l’hémicycle, il profite de son manque d’assurance pour élever la sienne : « Madame, je suis désolé, vous m’aviez fait signe que vous me donneriez la parole, pourquoi vous ne me la donnez pas ? » La présidente de séance se justifie timidement : « C’est parce qu’il y a déjà eu deux prises de parole ». Ça ne suffit pas à Jean-Louis Bourlanges, qui s’époumone : « Je demande la parole ! ». Trop tard, le vote démarre. Avec lui, le député quitte l’hémicycle, sous les applaudissements.

Outre les interventions des uns et des autres, c’est la méthode de vote qui va poser problème aux députés. Carole Bureau-Bonnard prend la fâcheuse habitude de faire revoter les amendements, comme pour rappeler à ses camarades LREM qu’il faudrait peut-être lever la main, ou de les faire voter dans le désordre. Son confrère vice-président LREM Stéphane Mazars avait déjà usé du subterfuge en commission des lois. Olivier Dussopt (Nouvelle Gauche) va alors procéder à un quatrième rappel au règlement de la séance : « Lorsque vous appelez les votes, les députés lèvent la main ou ne la lèvent pas. Ils peuvent faire le choix de ne pas participer au vote. Ils peuvent faire le choix de s’abstenir, mal à l’aise par une disposition ou par conviction. Vous avez appelé le vote deux fois. Presque trois. De deux choses l’une. Soit cette situation ne se reproduit pas, soit, au nom de mon groupe, je serai amené à demander un scrutin public sur chacun des amendements déposés ». Il demande ensuite une première suspension de séance.

« Ça devient pénible, vous menez ces débats de façon incompréhensible ! »

De retour en séance, André Chassaigne, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l’AN, est le premier à élever de nouveau la voix, constatant un grand désordre dans l’acheminement du vote des amendements : « Ça devient pénible, vous menez ces débats de façon incompréhensible ! Quand on a un amendement, il arrive au vote avant les amendements de repli ! Non seulement, on a affaire à un rouleau-compresseur où l’opposition ne peut pas s’exprimer correctement, aller jusqu’au vote de ce qu’il propose, mais en plus de cela il y a une confusion qui à mon avis est une confusion entretenue ».

Il faut dire que Carole Bureau-Bonnard avait pu présenter des amendements de repli avant les amendements principaux. Or, si l’amendement principal n’est pas accepté, les amendements de repli tombent automatiquement. Une perte de temps dans l’étude de la loi.

C’est ce que lui assène Philippe Gosselin, député (LR) de la première circonscription de la Manche. S’il cache (un poil) mieux son énervement qu’André Chassaigne, il dispense un cours à Carole Bureau-Bonnard, avec l’Assemblée comme auditoire : « Ecoutez on a déjà eu une suspension de séance, la phase d’apprentissage ça va bien ! Ici on fabrique la loi donc il va falloir peut-être appliquer le règlement. Le principe c’est que l’amendement principal est étudié d’abord, les amendements de repli ensuite ». L’hémicycle applaudit.

Si Sacha Houlié (LREM), le quatrième vice-président de l’Assemblée Nationale vole au secours de Carole Bureau-Bonnard, la félicitant car il sait « à quel point c’est difficile de mener des débats dans cet hémicycle », le répit est de courte durée. Alors qu’elle n’arrive pas à faire taire les députés, Jean-Luc Mélenchon met fin à son calvaire, en demandant une seconde suspension.

Dix minutes plus tard, c’est François de Rugy, le président de l’AN, qui reprend la séance en main. Qui les députés vont-ils chahuter aujourd’hui ?

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