Revue de la Défense Nationale (RDN) : Enquête sur une disparition inquiétante…

Source : Proche & Moyen-Orient, Roseline Letteron, 25-02-2019

Un article a disparu. Dans la Revue de la Défense nationale du février 2019, le colonel Legrier, commandant de la Task Force Wagram en Irak, a publié « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ». S’il figure toujours dans la revue diffusée sur papier, l’article ne figure plus dans sa version en ligne et même dans le sommaire également diffusé sur internet.

UN MAGNIFIQUE EFFET STREISAND

On pourrait évidemment se borner à constater un magnifique Effet Streisand. La disparition de l’article lui confère une notoriété exceptionnelle, alors que s’il n’avait pas fait l’objet d’une telle censure, le nombre de ses lecteurs n’aurait guère dépassé le cercle des abonnés de la RDN, militaires et spécialistes des questions de défense.

Aujourd’hui, il est repris sur de nombreux sites internet, et les lecteurs se précipitent. Ils cherchent quels propos effroyables ou scandaleux pouvaient justifier une telle mesure de censure, et ils sont déçus. Puisant son analyse dans son expérience de terrain, l’auteur observe qu’en acceptant la conception américaine de la guerre, la France s’est placée sous l’autorité des États Unis pour sa conduite. Le choix de bombardements massifs détruisant les infrastructures a certes permis une victoire tactique, mais a « donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale, laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire ». Les choix faits par les Etats Unis dans la conduite des opérations sont clairement mis en cause, et c’est sans doute l’origine de cet autodafé virtuel.

Le communiqué publié par le rédacteur en chef de la RDN ne fait que conforter cette impression. Il reconnait que la Revue ne « souhaite pas publier des articles relatifs à des opérations en cours sans avoir obtenu une approbation des autorités en charge de ces opérations ». En l’espèce, « le processus de validation du texte n’a pas respecté ce principe essentiel », et il assume donc la décision de retrait du texte, même s’il n’est pas exclu qu’il lui ait été demandé par de hautes autorités civiles ou militaires. On doit donc comprendre que les articles publiés sont soumis à un régime d’autorisation qui, en l’espèce, n’a pas été respecté. Ceci nous conduit à préciser les problèmes juridiques que pose cette étrange disparition.

UNE MESURE DISCIPLINAIRE ?

Le premier d’entre eux est la nature juridique de la mesure de retrait. De toute évidence, il ne s’agit pas d’une mesure disciplinaire. En effet, la disparition d’un article n’est pas une mesure figurant dans l’échelle des sanctions concernant les militaires. Prévues par l’article 41 du Statut des militaires, elles vont de l’avertissement à la radiation des cadres, sans passer par la censure des écrits.

Pour pouvoir condamner le colonel Legrier à une sanction disciplinaire, il faudrait démontrer l’existence d’une faute disciplinaire. Le seul fondement possible serait le manquement à l’obligation de réserve. Celle-ci est définie de manière extrêmement floue par les textes en vigueur. L’article L 4121-2 du code de la défense énonce que « les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres ». Toutefois, elles ne peuvent être exprimées « qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire ». L’article censuré ne révélait, à l’évidence, ni des opinions philosophiques ni des convictions religieuses.

Peut-on considérer que la position prise par l’auteur affirmait des « opinions politiques »? La réponse est loin d’être simple. Force est de constater que les contours de l’obligation de réserve sont suffisamment imprécis pour permettre au supérieur hiérarchique de considérer comme manquement à la réserve toute expression d’une conviction qui ne reflète pas la position officielle française. Autrement dit, tout ce qui n’entre pas dans la langue de bois en usage lorsque les membres des forces armées s’adressent au public extérieur à La Grande Muette peut être considéré comme un manquement à l’obligation de réserve.

Mais si l’autorité hiérarchique entend poursuivre sur ce fondement le colonel Legrier, elle doit engager une procédure disciplinaire, et garantir à l’intéressé l’exercice des droits de la défense qui lui sont attachés. Il pourra aussi bénéficier du droit au recours contre l’éventuelle sanction prise à son égard, et, sur ce point, il convient d’observer que le juge administratif exerce un contrôle maximum de l’adéquation entre la sanction et le manquement à la discipline. On se souvient que, dans un arrêt du 12 janvier 2011, le Conseil d’Etat a considéré que le chef d’escadron de Gendarmerie Jean-Hugues Matelly avait violé l’obligation de réserve en publiant différents articles contestant le passage de l’Arme sous l’autorité du ministre de l’intérieur. En revanche, la Haute Juridiction avait estimé disproportionnée par rapport aux faits qui l’ont motivée la sanction de radiation des cadres prononcée à son encontre.

On peut se demander quelle sanction serait jugée proportionnée dans le cas d’un officier supérieur publiant un article de « retour d’expérience » (RETEX) dans une revue spécialisée. Celui-ci pouvait d’ailleurs s’estimer autorisé à écrire, dès lors que François Lecointre, chef d’état-major des armées (CEMA) avait tout récemment, en janvier 2018, déploré le “mutisme militaire“, et invité les militaires d’active à écrire. Ces propos étaient tenus à l’occasion de la sortie d’un livre édité sous la direction du CEMA lui-même.

Le colonel pouvait donc sincèrement se croire autorisé à écrire, et le droit positif va dans ce sens. Contrairement à une idée reçue, le statut des militaires n’exige plus d’autorisation de publier donnée par le supérieur hiérarchique. L’article L 4122-2 du code de la défense énonce même que « la production des oeuvres de l’esprit s’exerce librement ». Ces dispositions ne signifient pas qu’un militaire qui publie ne peut être sanctionné pour manquement à la réserve, mais plus simplement que le contrôle ne sera exercé qu’a posteriori. En l’espèce, l’article est retiré alors même que son auteur n’a fait l’objet d’aucune poursuite disciplinaire pour manquement à la réserve. Il est retiré, nous dit-on, parce que la procédure de validation n’a pas été respectée, c’est-à-dire sur le fondement d’un régime d’autorisation préalable.

A réécouter : Sound of Silence de Simon and Garfunkel, concert de Central Park, 1982

UNE MESURE INTERIEURE A LA REDACTION ?

Le communiqué du rédacteur en chef de la Revue nous invite donc à considérer le retrait de l’article comme une mesure prise par la Rédaction, dans l’intérêt de la revue. Ce n’est pourtant pas si simple car cette mesure a été prise parce que l’article n’avait pas été soumis à autorisation, et cette fois il s’agit bien d’une autorisation délivrée par l’administration. Nous sommes donc dans le cas d’un acte de droit privé fondé sur le non-respect d’une procédure administrative.

La nature juridique de l’acte est donc peu claire, moins que les mesures d’ordre intérieur dont les militaires peuvent faire l’objet. A la suite d’une intervention marquée par sa franchise devant une commission d’enquête parlementaire, puis de la publication d’un livre « Tout ce qu’il ne faut pas dire. Insécurité, justice : un général de Gendarmerie ose la vérité », le général de gendarmerie Soubelet a ainsi été placé en position hors-cadre. Il s’agit là d’une situation, certes peu confortable, car l’intéressé s’est retrouvé “chargé de mission”… sans mission réellement définie, mais il n’était pas victime d’une sanction disciplinaire. Sa fonction, ou plutôt son absence de fonction, était officiellement justifiée par l’intérêt du service.

En l’espèce, le colonel Legrier n’a fait l’objet d’aucun changement d’affectation et la seule mesure qui le frappe, du moins on l’espère, est la censure de son article, censure réalisée par un acte de droit privé. On apprend ainsi que le régime de la liberté de presse à la RDN est totalement dérogatoire au droit commun. Alors que celui-ci permet à chacun de s’exprimer librement dans la presse, sauf à rendre des comptes a posteriori et devant le juge pénal en cas d’infraction, le régime en cours à la RDN est un régime d’autorisation qui soumet les publications à un contrôle a priori des autorités supérieures, sans que l’on sache s’il s’agit des autorités civiles et/ou militaires.

UNE INSECURITE JURIDIQUE

La conséquence de ce système est une double insécurité juridique. D’une part, les critères de l’autorisation sont loin d’être clairs. On apprend que l’article du colonel Legrier a été retiré car il évoquait une opération en cours. Certes, mais la lecture des sommaires de la Revue nous apprend que le général Cholley avait publié, dans la livraison d’octobre 2018, un article intitulé « la guerre contre Daesh au Levant, paradigme des opérations extérieures ». A l’époque, aucune censure préalable n’avait été exercée, alors même qu’il portait sur la même opération. Il est vrai qu’il se montre plus indulgent à l’égard de la conduite américaine du conflit.

D’autre part, et d’une manière plus générale, les auteurs militaires de la Revue se trouvent placés devant un conflit de normes bien difficile à gérer. D’un côté, le statut des militaires, et même le Chef d’État-Major, les incite à écrire, à participer au débat. De l’autre côté, un régime d’autorisation les replace dans une position de stricte soumission hiérarchique. La mesure prise par la RDN leur rappelle donc qu’ils ont le droit d’écrire, à la condition d’écrire ce qui est autorisé par leur supérieurs hiérarchiques. Autant dire qu’il ne s’agit plus de réfléchir mais tout simplement de communiquer. Considérée sous cet angle, l’affaire illustre parfaitement l’incertitude pesant sur la liberté d’expression des militaires. Ces derniers ont l’impression d’être incités à écrire, mais ils sont finalement rattrapés par la censure à l’issue de leur travail. Leur position est donc pour le moins inconfortable et incite à souhaiter une réflexion nouvelle sur la liberté d’expression des membres des forces armées.

Le débat pose évidemment la question de la place des revues académiques dans le système militaire. La RDN est un périodique traditionnellement dirigé par un officier général en 2e section, mais en principe indépendant. Elle affirme qu’elle « ne dépend d’aucun groupement économique, d’aucun pouvoir financier, ni d’aucun institution officielle (…) Elle vit de ses abonnements, de ses recettes de publicité et des ses ressources propres. Son indépendance est ainsi garantie ». Elle revendique dans sa mission “la diffusion d’idées nouvelles”, mission qui ne saurait être exercée efficacement sans indépendance. Jusqu’à tout récemment, l’idée générale était que les forces armées françaises sont suffisamment fortes pour supporter le débat, pour écouter un retour d’expérience un peu transgressif, même si, ensuite, les décideurs font d’autres choix.

Hélas, la diffusion d’idées nouvelles n’est plus à l’ordre du jour. Depuis la révocation très brutale de l’ancien CEMA, l’autorité politique ne veut voir qu’une seule tête et exige un silence absolu des membres des forces armées. L’article du colonel Legrier va à l’encontre de cette tendance, et il n’a pas tardé à disparaître. Cette mesure témoigne d’un risque de repli sur soi de la pensée militaire, d’un isolement nuisible à son rayonnement et conduisant à l’exclure des débats académiques. La RDN est ainsi la seconde victime de l’affaire car elle demeurait l’un des rares espaces de débat académique sur les questions défense, ouverte aux militaires mais aussi à tous ceux qui réfléchissent sur les questions de défense, en particulier au sein des Universités. En assumant la décision de retrait, elle accepte d’être considérée comme un simple outil de communication institutionnelle et de perdre la collaboration d’auteurs attachés à la liberté académique.

Roseline Letteron
25 février 2019
http://libertescheries.blogspot.com/

Sur la liberté de presse : Chapitre 9 section 2 du manuel de Libertés publiques sur internet , version e-book, ou version papier.

http://libertescheries.blogspot.com/2019/02/revue-de-la-defense-nationale-enquete.html

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Source : Proche & Moyen-Orient, Roseline Letteron, 25-02-2019

 


 

CENSURES FRANCAISES !

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 25-02-2019

L’émotion médiatico-politique – déclenchée par la publication dans la Revue de défense nationale (RDN) de l’article du colonel François-Régis Legrier sur les opérations occidentales en Syrie – est révélatrice de trois évolutions lourdes qui contraignent désormais l’état du débat public en France. Après une lecture aussi précise que symptômale, trois constats s’imposent :

Premier constat : cet article qui n’est – somme toute – qu’un « retour d’expérience » des plus classiques, affaiblit considérablement, sinon porte un coup peut être fatal à l’exercice indispensable lui-même du « retour d’expérience ».

Deuxième constat : ce genre de censure n’est pas nouveau et rappelle quelques fameux précédents, autant d’illustrations d’une vassalisation de la pensée, donc du pays.

Troisième constat : la jurisprudence Legrier correspond à la disparition languissante d’une recherche, sinon d’une pensée stratégique française ouverte, indépendante autant que nécessaire.

CHER ALAIN JUPPE

L’auteur de ces lignes se souvient avoir assisté au discours prononcé par Alain Juppé le 20 janvier 2011 à l’Ecole militaire à l’occasion du baptême de la promotion « Général de Gaulle » du Collège interarmées de Défense (CID). Son intervention officialisait aussi la transformation du CID, qui reprenait ainsi sa fonction d’« Ecole de guerre ». Se référant à la pensée et aux écrits stratégiques du général de Gaulle, Alain Juppé déclarait « droit dans ses bottes » : « cette capacité de réflexion intellectuelle doit commencer à s’exercer dès aujourd’hui. Je sais que votre encadrement vous encourage à écrire et à publier, dans l’esprit de responsabilité qui a toujours été celui de nos Armées. Je souhaite que vous poursuiviez ces efforts dans une démarche pragmatique et constructive et que vos articles soient le fruit de la pensée la plus innovante possible ». Sic et dont acte !

« Une pensée innovante » ne saurait s’en tenir à la répétition du manuel pour prendre le risque de contredire les doxas dominantes. Exercer le « doute hyperbolique » cartésien consiste d’abord à récuser les idées reçues qui s’imposent souvent comme « des évidences trompeuses », nous rappelle René Descartes dans son Discours de la méthode. Une quelconque « pensée critique » se met d’abord en situation de crise afin de rebattre les différences communément établies entre l’erreur et la vérité.

En l’occurrence que dit le colonel François Régis Legrier dans son article ? Quelques vérités revisitées : il a fallu plusieurs mois et des destructions considérables pour venir à bout des deux milles ultimes jihadistes de Dae’ch retranchés dans l’Est de la Syrie. Pourquoi ? Parce que la coalition américaine à laquelle participe la France – n’ayant pas voulu envoyer des soldats au sol – a confié le travail aux milices locales aléatoires du Front démocratique syrien (FDS), dominées par des factions kurdes éloignées de leurs bases. Pour vaincre, il a fallu bombarder massivement tout ce qui se trouvait au sol, au risque de s’aliéner les habitants. Conclusion : pour éviter une telle dépense d’énergie et tant de dégâts, mieux aurait valu envoyer des soldats aguerris sur le terrain. « La bataille d’Hajine a été gagnée (…), écrit le colonel, avec « un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions ».

Cette lecture ne dit pas autre chose que ce qu’écrivent – en interne – les experts des différentes instances opérationnelles de l’état-major des armées (EMA) et les analystes de la Direction du renseignement militaire (DRM). Tirer leçons et enseignements d’une bataille sur le point d’aboutir est un exercice des plus normaux dans le cadre habituel de ce que les militaires appellent « retour d’expérience » (RetEx). La question de savoir ce qui peut être rendu public ou pas ne relève pas d’une science exacte et doit être ramenée aux concepts fondateurs de La Formation de l’esprit scientifique de notre historien national des sciences Gaston Bachelard !

Après une lecture à la loupe du papier du colonel Legrier, force est d’admettre que ce dernier propose un RetEx des plus rigoureux, conforme à sa responsabilité d’officier supérieur. Il ne livre aucune information classifiée, ni de quelconques secrets d’Etat qui metteraient en péril la sécurité de la France comme a pu le faire François Hollande dans un livre étrange1 alors qu’il était encore président de la République !

A l’évidence, ce qui ne passe pas c’est le coup de griffe à l’encontre d’une stratégie américaine qui n’a pas variée depuis le Seconde guerre mondiale : bombarder massivement de très haut pour ne pas mettre en danger la vie des équipages et, surtout pour éviter un déploiement humain sur le terrain. Le papier ne met nullement en cause la chaîne de commandement de la Coalition occidentale, ni les décideurs militaires de notre pays. Il ne rappelle même pas que l’ingérence des forces occidentales en Syrie est parfaitement illégale au regard du droit international.

En effet, si les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais interviennent en Syrie, ils le font à la demande du gouvernement légal de ce pays. Pour sa part, la coalition occidentale se fonde abusivement sur la résolution 2249 du Conseil de sécurité des Nations unies (20 novembre 2015), qualifiée par les diplomates de « monument d’ambiguïté ». Bien qu’adopter sans recourir au chapitre VII de la Charte de l’ONU (qui autorise le recours à la force), cette résolution en utilise la rhétorique, engageant tous les Etats membres qui en ont les moyens à « prendre toutes les mesures nécessaires » sur les territoires syriens et irakiens contrôlés par Dae’ch pour faire cesser les actes de terrorisme.

Avec l’aval de Barack Obama et de l’OTAN, Nicolas Sarkozy et David Cameron n’avaient pas procédé autrement en s’autorisant de la résolution 1973 pour déclencher leur guerre de Libye au printemps 2013, dont l’objectif affiché était pourtant un « changement de régime » dans ce pays. Avec l’appui des pays européens et en l’absence totale du moindre appui des Nations unies, Donald Trump veut maintenant faire la même chose au Venezuela… Comment, notre pays – détenteur d’un siège permanent au Conseil de sécurité – peut-il cautionner à ce point le démantèlement du droit international et jouer ainsi contre ses propres intérêts ?

Toujours est-il que le colonel Legrier aurait pu rappeler aussi que les forces spéciales américaines – qui ont combattu Dae’ch à Hajine et Raqqa – sont intervenues à Deir ez-Zor (à l’Est de la Syrie) pour porter secours aux mêmes factions jihadistes engagées contre l’armée gouvernementale syrienne… En fait, la thèse du colonel Legrier insistant sur la nécessité d’un engagement au sol se trouve être la même que celle de nombre d’officiers du Pentagone et d’une centaine de diplomates ayant adressé une lettre ouverte au président Obama ! La grande différence avec notre pays, c’est que des officiers américains peuvent le penser, l’écrire et le publier tandis qu’en France cette liberté (en responsabilité citoyenne) est, désormais assimilée à un délit punissable…

LE DEMANTELEMENT DE LA REVUE DEFENSE

Deuxième constat : l’affaire Legrier s’inscrit dans une filiation chargée d’autres censures du même type, plus anciennes mais tout aussi scandaleuses. L’une des plus éclatantes censure de ce type remonte au printemps 2011. Dans son numéro 149, la revue Défense des auditeurs de l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense nationale)2 s’était permise de publier un entretien avec le général Vincent Desportes critiquant de manière modérée les règles d’engagement de troupes françaises en Afghanistan. Ce dernier osait souligner que « les orientations stratégiques américaines se sont imposées en France » et que « beaucoup de choix militaires ne nous appartiennent plus », en s’inquiétant d’une réduction des moyens humains et matériels de nos armées : « nous sommes aujourd’hui dans une situation de baisse préoccupante de nos capacités opérationnelles ».

Un triste sire nommé Jean-Raphaël Notton (à l’époque président de l’Union-IHEDN et à ce titre faisant office de directeur de la publication) réagit vertement, engueulant copieusement le comité de rédaction ordonnant de lui soumettre les sommaires et articles des prochaines livraisons de la revue. Réponse du berger à la bergère : le 14 mars 2011, le comité de rédaction (bénévole, pluridisciplinaire et politiquement pluriel) lui adressait une lettre de démission en bloc. Sans même s’être fait remonter les bretelles par qui que ce soit – ni à Matignon dont dépend l’IHEDN, ni dans la hiérarchie militaire – ce monsieur Notton en attente fébrile de La Rouge (Légion d’honneur) se mit alors à invoquer fallacieusement quelques irrégularités de gestion de la revue pour ne pas perdre la face. Bien que menacé de poursuites judiciaires, l’imprudent accusateur s’adressa à Jean Guisnel du Point, faisant lui-aussi feu de tout bois pour se faire bien voir de ses sources de la hiérarchie militaire3.

Mettant en égale balance les deux parties, le servile Guisnel, s’abstint de toute enquête sérieuse, préférant donner largement la parole au triste Notton qui n’a pas abandonné, aujourd’hui encore, ses rêves de Légion d’honneur.

Plus récemment en novembre dernier, la présidente du conseil d’administration de l’IHEDN – Nicole Gnesotto – a fait interdire un colloque qui devait se tenir à l’Ecole militaire. Thème : nouvelles menaces terroristes et contre-terrorisme. Intervenants : les anciens juges anti-terroristes Jean-Louis Bruguières et Michel Debacq, Bernard Squarcini ancien patron de la DCRI (Direction centrale du Renseignement Intérieur) et Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, ainsi qu’Alain Juillet, notamment ancien responsable de l’Intelligence économique auprès du Premier ministre ! Autant de dangereux délinquants, il faut bien en convenir ! Encouragée par l’ambassadeur de France à… Washington et quelques plumitifs néo-cons, l’interdiction non motivée tomba comme un couperet de.. Matignon !

Ces deux dernières années, plusieurs colloques concernant la guerre en Syrie et la diplomatie française ont été successivement censurés au Mémorial de Caen, à la Sorbonne, au Sénat et à l’Assemblée nationale. Autre insolence : ces réunions ouvertes et pluridisciplinaires ambitionnaient de donner la parole à d’autres grands connaisseurs de la Syrie et des coulisses du Quai d’Orsay que ceux qui ont leur rond de serviette sur les plateaux de C-dans l’Air, de BFM ou de C-niouze et propagandes… Une fois et à répétition, la peur de la contradiction, l’aplaventrisme et l’ignorance avaient gain de cause.

Aujourd’hui, de nombreuses enquêtes savantes concluent à la perte de confiance des Français envers leurs médias. On se demande bien pourquoi ! Paraissant toujours, la revue Défense de l’IHEDN est redevenue le bulletin paroissial des anciens auditeurs et des industries de défense. Ses rédacteurs soumettent leurs papiers aux successeurs du triste Notton qui s’est incrusté dans le monde merveilleux des associations d’anciens auditeurs. Après le malheureux épisode Legrier, la prestigieuse RDN va certainement connaître le même destin. Mais on attend une réaction forte de Conseil constitutionnel… Celle-ci ne devrait pas tarder pour endiguer les vents mauvais afin de redonner confiance aux officiers qui souhaitent toujours écrire et se faire publier !

Plus sérieusement, redisons (et la rédaction de prochetmoyen-orient.ch le fait régulièrement) – que cette évolution consacrant le retour de la censure dans notre pays – n’est pas une bonne chose, non seulement pour nos indépendance et souveraineté nationales, mais aussi pour nos intérêts économiques, scientifiques et de rayonnement culturel qui ne sauraient se passer de la contradiction et d’une pensée critique libre et responsable à la manière de René Descartes et de tant d’autres penseurs qui ont fait s’exporter nos Lumières.

VIVE 2084 !

Troisième constat : la haine de l’intelligence. En écrivant son célèbre 1984, le grand écrivain George Orwell nous prédisait l’avènement d’un monde décervelé ou règnerait la novlangue et toutes les ruses de la propagande. L’avertissement de ces sombres prédilections est – aujourd’hui – pulvérisé par de bien pires menaces : une banalisation générale de la médiocrité normative et courtisane.

A force de prendre ses lecteurs, téléspectateurs et auditeurs pour des veaux, la presse « mainstream » se met elle-même en position de disparaître. Le nombre de ses usagers réguliers diminue d’année en année, de mois en mois, de jours en jours. Rivalisant d’ignorance, ses segments courent derrières les mal nommés « réseaux sociaux » et autres monstres liquides de la révolution numérique : « j’aime/j’aime pas », je partage les « opinions » de millions d’amis. La belle affaire ! Entre la mode des « Fake News », contre-Fake-News, autres fariboles et fantasmes complotistes, l’information sourcée, recoupée et vérifiée est devenue chose rare et trop importante pour être confiée aux médias classiques, qu’ils soient gratuits ou plus onéreux.

Aujourd’hui, qui produit encore de l’information ? Quelques agences dinausoriques ainsi que les services de renseignements régaliens et privés. Il existe – bien-sûr – quelques niches d’excellence dont ne fait surtout pas partie « Médiapart-ial » et les amuseurs publics Plenel, Bourdin, Apathie, Calvi et consort. Ces quelques perles relèvent, le plus souvent, d’une clandestinité qu’on pourrait associer à celle du Conseil national de la résistance (CNR), dernièrement encore vertement décrié par Emmanuel Macron.

L’édition est, à-peu-près dans le même état, délaissant les enquêtes de fond au profit des frasques de nos dirigeants anciens et plus actuels qui « ne devraient pas dire ça… Une censure attentive y règne aussi, la liste des ouvrages critiques passés à la trappe après avoir été lancés en fabrication est aussi longue qu’éloquente.

Restait la recherche, ses laboratoires inventifs et rutilants aux Lumières des vieux lustres de notre CNRS national. Là aussi on a fermé à-peu-près tout ce qui pourrait fâcher au profit d’Instituts et de Think-tanks aux ordres ! Ces derniers inféodent leurs priorités de recherche et leur ligne éditoriale aux desiderata de leurs bailleurs de fonds du Maroc, du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unies… Dans ces officines aussi, les esprits critiques sont devenus denrée extrêmement rare. « Obnubilés » par les fins de mois et fidèles au sacré principe selon lequel « le client est roi », « chercheuses » et « chercheurs » produisent « utiles », c’est-à-dire dans les seules perspectives pouvant garantir l’avenir de la carrière ! Ecce homo certes, mais notre pays mérite mieux en guise d’intelligence, de recherche et de prospective.

2024 ? Nous y sommes et l’affaire Legrier n’en est qu’une nouvelle confirmation. Ce courageux colonel a eu le tort de prendre à la lettre le conseil d’Alain Juppé lancée à l’Ecole de guerre en 2011. Nous suivrons la suite de sa carrière avec la plus grande attention, parce qu’en définitive son papier ne faisait que décrire une réalité de terrain que nous (et plus autres collaborateurs de prochetmoyen-orient.ch) pratiquons depuis plus de vingt ans. Osons l’affirmer très modestement, même au risque d’être aussitôt accusé de barboter dans les Fake News et le complotisme…

Quelques-uns de nos maîtres du Vieux monde – Claude julien, Eric Rouleau et Paul Balta – nous ont enseigné « le devoir d’irrespect », le croisement et la vérification des sources. Les gourous du nouveau « nouveau monde » préfèrent les places, les passeports diplomatiques, le fric et les voitures de fonction… en s’essuyant les pieds sur la France et ses citoyens. Triste époque vraiment…

Néanmoins bonne lecture et à la semaine prochaine.

Richard Labévière
25 février 2019
Sur le même dossier, lire aussi les papiers de Roseline Letteron (Humeurs) et de Jean Daspry (Orient-ations).


1 François hollande : « Un Président ne devrait pas dire ça… » Les secrets d’un quinquennat. Editions Stock, octobre 2016.
2 L’auteur de ces lignes a été rédacteur en chef de Défense de 2003 à 2011.
3 Jean Guisnel : « Crise ouverte à la revue Défense : la rédaction a démissionné » – Le Point, 28 mars 2011.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 25-02-2019

 


 

ORIENT-ATIONS 219

Source : Proche & Moyen-Orient, Jean Daspry, 25-02-2019

LE COLONEL A DIT LA VÉRITÉ, IL DOIT ÊTRE EXÉCUTÉ – Jean Daspry. « Il n’est pas de tyran au monde qui aime la vérité ; la vérité n’obéit pas » nous rappelle fort à propos le philosophe Alain. La recherche de la vérité n’est pas toujours un long fleuve tranquille, y compris dans le pays qui s’autoproclame « patrie des droits de l’homme ». France dont la Constitution du 4 octobre 1958 déclare, dès son article premier, que la « France respecte toutes les croyances ». France, partie à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales de 1950 qui reconnait à son article 10 la « liberté d’expression » à tout citoyen même si elle la tempère à son alinéa 2 par certaines conditions tenant aux « mesures nécessaires… à la sécurité nationale ». La Macronie est en quête permanente de sanction des bobards, des « fake news » pour employer le terme consacré. Mais où s’arrête la vérité et où commence le bobard. Vaste programme aurait dit le général de Gaulle, surtout dans ces temps de propagande et de bourrage de crâne. La question est d’autant plus importante lorsqu’elle concerne des fonctionnaires soumis au fameux « devoir de réserve », concept à géométrie variable en fonction des agents publics concernés, du lieu et du temps1. On l’aura compris, nous sommes dans l’arbitraire le plus complet. Quid de la liberté, de la clause de conscience qualifiée pour certains de désobéissance civile ? Quid de la latitude laissée à un fonctionnaire, y compris à un militaire d’active d’émettre des critiques fondées sur son retour d’expérience ? Après la sinistre affaire Matelly du début des années 2010, c’est au tour du colonel François-Régis Legrier d’avoir les honneurs des gazettes. Tout cela pour avoir dit tout haut ce qui se dit tout bas entre gens raisonnables.

LE SOUVENIR DE L’AFFAIRE MATELLY

Manifestement, le pouvoir est toujours très chatouilleux lorsque ses militaires s’expriment, y compris dans des revues scientifiques pour faire part de leurs interrogations, de leurs doutes sur des situations précises. On se souvient qu’un officier de la Gendarmerie a connu la notoriété en décembre 2008, lorsqu’il a cosigné un article critiquant fermement le projet visant à placer les forces de Gendarmerie sous l’autorité du ministre de l’intérieur, réforme qui a eu lieu par la loi du 3 août 2009. On se souvient de la sanction (heureusement annulée par le Conseil d’État en 2011) infâmante (révocation) infligée au lieutenant-colonel de gendarmerie, Jean-Hugues Matelly, (politologue, sociologue, auteur d’essais et de romans) pour manquement à l’obligation de réserve, par un décret de Nicolas Sarkozy pour avoir eu l’outrecuidance de critiquer le rapprochement de la gendarmerie et de la police sous la houlette du ministère de l’Intérieur. Ce qui lui était reproché était en définitive de réfléchir à son métier2. L’intéressé s’en expliquera dans un ouvrage bien documenté3. Rappelons au passage que la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France en 2014 dans cette même affaire au titre de la liberté d’association4. Manifestement, la France a subi les foudres de la plus haute juridiction administrative française et de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du Conseil de l’Europe.

Pm. : rappelons que le mandat d’Emmanuel Macron a débuté par un coup d’éclat à la veille du 14 juillet 2017 lors de sa présentation des vœux aux Armées. Il y prenait à partie le chef d’état-major des armées (CEMA), Pierre de Villiers pour avoir critiqué les restrictions budgétaires devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Ceci conduira à la démission fracassante du général de Villiers5. Une fois encore était posée la question du périmètre du devoir de réserve d’un officier. Quelques mois après, dans un entretien au Monde, son successeur au poste de CEMA reprenait ces critiques mais ne fut pas tancé pour son crime de lèse-Jupiter.

LA DÉCOUVERTE DE L’AFFAIRE LEGRIER

Les faits objectifs. Dans sa livraison des 17 et 18 février 2019, le quotidien Le Monde sous la plume de son experte des questions de défense, Nathalie Guibert nous apprend que la ministre des Armées, la sympathique Florence Parly envisagerait de sanctionner le colonel d’artillerie, François-Régis Legrier pour avoir publié dans la Revue défense nationale un article critique intitulé : « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? ». Fort de son expérience de commandant de la « Task Force Wagram », l’auteur y stigmatise une approche de la bataille d’Hajin à l’américaine aboutissant à des destructions importantes de cibles civiles qui donnent à la population « une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale, laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire ». Ce colonel regrette l’absence d’une tactique de terrain et critique la vision globale américaine. À ses yeux, la guerre n’est pas gagnée « faute d’une politique réaliste et d’une stratégie adéquate ». Notons que le rédacteur en chef de la Revue défense nationale – dont nous tairons le nom – indique « avoir manqué de discernement » et a retiré le texte du site internet de la publication6.

Leurs implications futures. Cette censure en règle d’un article destiné à alimenter la réflexion sur la sale guerre de la coalition en Syrie, une guerre américaine pour laquelle nous nous sommes contentés de jouer les idiots utiles et cela dans une revue censée être scientifique, est tout simplement intolérable au nom de la liberté d’expression, de la liberté de penser « out of the box » comme disent les anglo-saxons. Nous nous limiterons à trois réflexions.

Tout d’abord, cette affaire en dit long sur les pratiques de nos instituts de recherche financés par l’État. Ils apparaissent aujourd’hui sous leur vrai jour, à savoir de vulgaires officines de propagande de la doctrine officielle au sein desquelles toute forme de critique, fut-elle constructive de la doxa, est interdite, bannie7. Elle vaut à son auteur l’excommunication des temps modernes qui a pour nom sanction disciplinaire. Ni plus, ni moins. Rares sont nos médias aux ordres qui osent soulever le tapis sur cette réalité incontournable. L’on s’étonnera ensuite des erreurs de nos prévisionnistes nichés dans les instituts de recherche qui ne prévoient que ce que veut le Prince. La guerre en Syrie en fournit un exemple frappant. Bachar Al-Assad est toujours là en dépit des prévisions Du très clairvoyant Laurent Fabius en août 2012.

Ensuite, cette affaire en dit long sur les pratiques détestables de la Fonction publique où l’on promeut les courtisans et l’on sanctionne les indépendants. L’esprit de Cour n’a jamais été aussi prégnant que sous le règne de Jupiter-Macron 1er. La servitude volontaire y est la règle pour tous ceux qui veulent faire carrière, veulent des promotions rapides, veulent des affectations prestigieuses, veulent des décorations en bleu et en rouge… Il est vrai qu’entre le verbe « veulent » et le mot « veule », il n’y a pas une énorme différence. On se souviendra du courage légendaire de la Haute fonction publique française sous le régime de Vichy. Rien n’a changé. Et cela n’est pas près de changer. Notre ambassadeur à Washington, Gérard Araud, ambassadeur dignitaire de France n’a jamais été sanctionné pour des fautes autrement plus graves que celles du colonel Legrier. Pourquoi ?

Enfin, cette affaire en dit long sur l’alignement systématique de la France sur les Diktats américains dans le domaine militaire. Tels de petits caniches nous accourons au premier coup de sifflet de notre maître à Washington8. Donald Trump exige que nous rapatrions nos djihadistes de Syrie et nous nous exécutons tels des laquais… Et, nous avons le toupet de parler de défense européenne, d’armée européenne alors que nous vivons sous la dictature de l’OTAN9. De qui se moque-t-on ? Lisons et relisons ce qu’écrit récemment sur le sujet Régis Debray à propos de cette fausse défense européenne !10 Toute opinion contraire à la doctrine officielle est considérée comme hérétique et vaut excommunication à son auteur. Le colonel Legrier l’apprend à son corps défendant.

Attendons avec intérêt la suite ! Voilà à quel petit jeu la Macronie s’amuse alors qu’elle est incapable de résoudre la crise des « gilets jaunes » qui n’est que le résultat de sa politique sans cap ni boussole. Lamentable affaire que cette affaire Legrier, ce militaire qui n’a qu’un seul tort, celui de livrer sa vérité sur la guerre conduite par la coalition internationale dirigée par les États-Unis en Syrie. De tout temps, le combat le plus noble est celui pour la vérité. Mais quelle vérité au juste ? La « vérité des faits » chère à Hannah Arendt. « Cette vérité si fragile parce qu’elle s’expose aux manœuvres du pouvoir, mais si puissante parce qu’elle dit ce qui est » comme le proclamait une certaine Lucie Dreyfus, l’épouse d’un certain capitaine ! Une fois encore, la morale de cette histoire nous est fournie par un chanteur, aujourd’hui décédé, Guy Béart dont la chanson intitulée La vérité nous éclaire fort utilement. En la plagiant, nous pourrions tous reprendre en chœur : le colonel a dit la vérité, il doit être exécuté.

1 Roseline Letteron, Revue de la défense nationale : enquête sur une disparition inquiétante, www.libertescheries.blogspot.com , 17 février 2019.
2 Jean Guisnel, L’affaire Matelly, ou le côté obscur de la « force humaine », www.lepoint.fr , 5 octobre 2010.
3 Jean-Hugues Matelly, L’affaire Matelli, Jean-Claude Gawsevitch, 2010.
4 Roseline Letteron, Vers la liberté syndicale dans les forces armées ?, www.libertescheries.blogspot.com , 3 octobre 2014.
5 Pierre de Villiers, Servir, Fayard, 2017.
6 Nathalie Guibert, Un officier français critique la stratégie de la coalition occidentale en Syrie, Le Monde, 17-18 février 2019, p. 4.
7 Guillaume Berlat, Influencer la recherche : vaste programme !, www.prochetmoyen-orient.ch , 24 avril 2017.
8 Guillaume Berlat, L’atlantisme, une passion française, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 décembre 2017.
9 Guillaume Berlat, Défendre l’Europe ou défendre l’OTAN ?, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 décembre 2017.
10 Régis Debray, L’Europe fantôme, 9 La défense européenne, Gallimard, « Tracts », février 2019, pp. 37 à 41.

Source : Proche & Moyen-Orient, Jean Daspry, 25-02-2019

 

via » Revue de la Défense Nationale (RDN) : Enquête sur une disparition inquiétante… Par Roseline Letteron

Voir aussi : La France sanctionne le débat sur la réalité de la lutte contre Daesh

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