Les effets du confinement au Royaume-Uni ont-ils causé finalement plus de décès que le Covid-19 ? Posée ainsi, la question a de quoi surprendre, voire choquer. Certaines données des autorités sanitaires retiennent toutefois l’attention…
Une surmortalité supérieure de 14,4 % à la moyenne sur cinq ans
Les données publiées le 16 août dernier par l‘ONS (Office for National Statistics, « Bureau de la statistique nationale » en français) britannique concernant la surmortalité au Royaume-Uni ont révélé qu’environ 1 000 personnes de plus que d’habitude meurent chaque semaine de maladies et d’infections autres que le Covid-19. Ces chiffres montrent que la surmortalité est actuellement supérieure de 14,4 % à la moyenne sur cinq ans. À titre d’exemple, cela équivalait à 1 350 décès de plus que d’habitude au cours de la semaine se terminant le 5 août. Sur ces 1350 décès, 469 d’entre eux seraient liés au Covid-19, mais les 881 autres n’ont pas été expliqués.
Ainsi, selon des informations révélées par le quotidien anglais The Telegraph le 18 août, l’ONS aurait enregistré, en raison de cette surmortalité, près de 10 000 décès de plus que la moyenne quinquennale depuis le début du mois de juin 2022. Il s’avère que ce chiffre est plus de trois fois supérieur au nombre de personnes décédées suite à une infection au Covid-19 sur la même période, qui s’élève à 2 811.
Si l’analyse de l’ONS prend en compte les changements liés au vieillissement de la population, elle a tout de même révélé un « excès continu substantiel » de la mortalité. Face à ce constat, le titre de presse a en outre rapporté que le ministère britannique de la Santé pourrait avoir ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces chiffres inquiétants, car il est possible qu’ils soient liés aux retards dans les traitements médicaux en raison de la pression continue sur le NHS (service de santé publique britannique) lors de la crise du Covid-19.
Effets du confinement : les traitements des autres maladies retardés
Tandis que le coronavirus aura monopolisé l’attention des médias mais aussi des services hospitaliers pendant deux ans, le traitement de maladies telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiaques serait ainsi passé au second plan. Pour sa part, la British Heart Foundation, une organisation caritative de recherche cardiovasculaire, s’est dite « profondément préoccupée » par ces données de l’ONS.
Fondateur de Doctorcall, le premier service du Royaume-Uni à proposer des consultations médicales 24 heures sur 24, le Dr Charles Levinson a lui aussi noté nombre « inquiétant » de problèmes de santé mentale, de cancers non détectés et de problèmes cardiaques. « Des centaines et des centaines de personnes meurent chaque semaine, que se passe-t-il ? », a-t-il déclaré.
Avant de confier son point de vue sur la question au Telegraph : « Les retards dans la recherche et l’obtention de soins de santé en sont sans aucun doute la cause, à mon avis. Les statistiques quotidiennes du Covid-19 ont exigé l’attention de la nation, mais ces chiffres terrifiants sont à peine évoqués. Une enquête gouvernementale complète et urgente est nécessaire immédiatement ». À ce titre, il est à relever que de nombreux rendez-vous et traitements ont été annulés alors que le NHS luttait contre la pandémie tout au long de l’année 2020 et de l’année 2021, entraînant un énorme arriéré que les services de santé s’efforcent toujours de résorber actuellement.
Enfin, lors de l’une des premières semaines de ce mois d’août, des statistiques à l’échelle de l’Angleterre ont montré que le délai de prise en charge concernant des soins d’urgence avait jamais été aussi longs dans les hôpitaux, plus de 20 000 patients devant attendre plus de 12 heures avant d’être soignés.
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