«Scandaleuse et choquante» : Moscou réagit à la perquisition des bureaux de RIA Novosti à Kiev
Le Kremlin réclame « la condamnation la plus sévère de la part des organisations internationales» après la perquisition d’une agence de presse russe menée à Kiev par les services de sécurité ukrainiens. Moscou pourrait prendre des mesures de riposte.
Réagissant à la perquisition réalisée ce 15 mai à Kiev dans les bureaux de l’agence de presse russe RIA Novosti, ainsi qu’à l’arrestation de son directeur par les services de sécurité ukrainiens, la Russie a affirmé attendre «avec impatience» «la condamnation la plus sévère » de la part des organisations internationales.
S’interrogeant sur les raisons d’une telle opération, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a déclaré : «Si [cette perquisition] menée par les forces de l’ordre ukrainiennes est liée à l’activité de [l’agence de presse RIA Novosti], elle est absolument scandaleuse et choquante [et] viole toutes les normes et règles.»
Le porte-parole des services de sécurité ukrainiens a pour sa part justifié la perquisition des locaux de RIA Novosti par «une enquête sur un réseau de structures médiatiques utilisées par Moscou pour mener une guerre hybride» affirmant par ailleurs avoir arrêté Kyrylo Vychynsky, le directeur de l’agence de presse pour des «activités anti-ukrainiennes».
Le Parquet ukrainien a par la suite accusé Kyrylo Vychynsky de «haute trahison», un crime passible de 15 ans de prison.
Si Dimitri Peskov a annoncé de potentielles «mesures de riposte» de la part de Moscou pour répondre à cette perquisition, il a toutefois précisé qu’il souhaitait recueillir plus de détails sur cette affaire, affirmant ainsi : «Jusqu’à présent, nous savons seulement que [les autorités ukrainiennes] ont utilisé la force contre les médias russes [et] ont pris des mesures restreignant la liberté de nos journalistes.»
Assurant que la Russie faisait son possible pour clarifier la situation, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé une pratique de «deux poids, deux mesures», déclarant : «Nous attendons des déclarations du représentant de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] pour la liberté des médias.»
Ce n’est pas la première fois que Kiev procède à l’arrestation de journalistes russes sur son territoire. A titre d’exemple, la journaliste Anna Kourbatova avait été «interpellée en pleine rue par des assaillants inconnus qui [l’avaient] forcée à monter dans une voiture» en août 2017.
Dans un climat diplomatique tendu entre Moscou et Kiev, des mesures de censure culturelle ciblent par ailleurs spécifiquement la Russie, comme l’interdiction sur le territoire ukrainien de tous les films russes sortis depuis 2014.