Syrie – L’ONU donne dans la propagande
Par B
Paru sur Moon of Alabama sous le titre Syria Sitrep – UN Refugee Numbers For Daraa Are Mere Propaganda – They Make No Sense At All
Des organisations des Nations Unies prétendent qu’il y a énormément de réfugiés dans le sud-ouest de la Syrie en raison des récents combats dans le gouvernorat de Daraa. Un examen attentif des données montre que leurs chiffres sont fantaisistes.
Au cours des deux dernières semaines, l’opération tant attendue de l’armée syrienne et de ses alliés pour libérer le sud-ouest de la Syrie de l’organisation terroriste et des « rebelles » s’est bien déroulée. La partie est (en rouge) de la zone occupée par les rebelles a été récupérée sans trop de difficulté. La plupart des villes de la région ont accepté l’offre russe de se réconcilier avec le gouvernement syrien. Les différents groupes « rebelles » locaux dans ces villes ont remis leurs armes lourdes à l’armée syrienne, se sont engagés dans l’armée ou ont déposé les armes. D’autres ont fui plus au sud. Quelques attaques éclair musclées de l’armée de l’air russe et de l’artillerie syrienne ont convaincu les groupes qui résistaient encore d’abandonner leurs armes ou de partir. Il y a eu peu de victimes. L’armée syrienne a récupéré plus de dix chars et une énorme quantité de munitions (vidéo) que les commanditaires des rebelles leur avaient données. Parmi les armes trouvées, il y avait au moins 7 systèmes de missiles antichars TOW livrés par les États-Unis. Un reportage d’un quart d’heure d’ANNA TV, en russe, documente la campagne (vidéo, sous-titres en anglais).
Les négociations de ces derniers jours avec les groupes qui contrôlent l’autoroute M5 et le passage frontalier de Nassib-Jaber vers la Jordanie ont échoué. Entre autres choses, les « rebelles » exigeaient de prélever une taxe sur les marchandises qui passeraient la frontière. Cette demande extravagante a été rejetée. Ce matin, l’armée syrienne a lancé une nouvelle opération vers le point de passage pour rétablir le contrôle du gouvernement sur la zone frontalière.
Le résultat ne fait pas de doute. Les « rebelles » ne peuvent pas rivaliser avec les capacités aériennes et l’artillerie de l’armée syrienne et de ses alliés. Les frontières avec la Jordanie et Israël sont fermées et ils ne peuvent plus recevoir d’approvisionnement. D’ici la fin de la semaine, l’armée syrienne contrôlera la zone et le passage frontalier.
Les combats se poursuivront ensuite vers l’ouest le long de la frontière pour encercler et assiéger la partie sud de la ville de Daraa qui est toujours sous le contrôle des « rebelles ». L’opération suivante prendra la zone occidentale à la frontière du plateau du Golan occupé par Israël. Cette phase de l’opération sera plus violente. Il y a plusieurs groupes très fanatiques dans cette région, y compris un groupe aligné avec l’État islamique et Hay’at Tahrir al-Sham et Ahrar al Sham, des rejetons d’Al-Qaïda. Les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils n’interviendraient pas dans les opérations syriennes du sud-ouest. Israël a retiré sa demande de créer une zone tampon supplémentaire. La ligne de démarcation de 1974 de l’ONU entre le Golan occupé par Israël et la Syrie sera rétablie. La bataille dans le sud-ouest touche à sa fin.
Les habituels fauteurs de trouble, les think tanks nécons américains tentent à nouveau d’impliquer les Etats-Unis dans les combats en prétendant que le croque-mitaine « iranien » est à la frontière israélienne (frontière non déclarée). Mais il n’y a pas d’unités iraniennes dans le sud-ouest de la Syrie et il est peu probable que l’administration Trump se laisse berner par ces fausses allégations.
D’autres organes de propagande parlent de l’exode considérable de réfugiés dans la région. Mais on ne voit pas bien d’où ces réfugiés seraient venus. La partie orientale du gouvernorat de Daraa, maintenant libérée, a été reprise grâce à des accords de réconciliation et sans beaucoup de combats. Les civils sont restés sur place ou sont revenus depuis. L’opération pour reprendre passage frontalier de Nassib-Jaber n’a commencé qu’aujourd’hui c’est pourquoi les chiffres de ce rapport publié par l’AFP le 2 juillet sont surprenants :
Plus de 270 000 personnes déplacées par les violences du sud de la Syrie, selon l’ONU :
Daraa (Syrie) (AFP) – Plus d’un quart de million de personnes ont fui une attaque du gouvernement soutenu par la Russie dans le sud de la Syrie, ont déclaré lundi les Nations Unies, à propos du dernier exode de civils de cette guerre de sept ans.
…
La violence a chassé des flots de civils terrifiés de leurs maisons à un rythme incroyable, a déclaré lundi l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés).
« Nous nous attendions à ce que le nombre de personnes déplacées dans le sud de la Syrie atteigne 200 000, mais il a déjà dépassé 270 000 personnes en un temps record », a déclaré Mohammad Hawari, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Amman.
Aucune autre source ne confirme le nombre de réfugiés donné par l’UNHCR. Sauf le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH), une autre agence de l’ONU, qui, dans un rapport publié hier, parle même de 325 000 personnes déplacées. D’où sont-elles censées venir ?
Le rapport (pdf) dit :
La violence persistante dans le sud-ouest de la Syrie a entraîné le déplacement de 285 000 à 325 000 personnes depuis le 17 juin. Au moins 189 000 personnes déplacées sont parties vers des zones situées près du plateau du Golan et au moins 59 000 personnes déplacées sont parties vers des zones proches du passage frontalier d’Al-Nasib avec la Jordanie.
Le rapport présente cette carte.
Les flèches sur la carte indiquent que 54 000 à 59 000 personnes ont fui la partie orientale de la zone, autrefois tenue par les rebelles, que l’armée syrienne a récupérée à travers des accords de réconciliation. Ce nombre est déjà inexplicablement élevé. Plus curieusement encore, la carte montre que la plupart des « 285 000-325 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays » se trouvent dans la partie nord-ouest de la zone occupée par les rebelles.
Un grand nombre de personnes déplacées, de 164 000 à 171 000, est noté dans le coin supérieur gauche de la carte. Pourquoi les gens fuiraient-ils cette région ?
On peut comparer la carte du BCAH avec la carte de la ligne de front et des nouveaux mouvements qui est constamment mise à jour sur Liveuamap. Voici les cartes de la zone du 17 juin, puis du 5 juillet suivant.
Il n’y a pas de changement visible dans les lignes de front de la région de Quneitra dans le coin supérieur gauche de ces cartes. Un examen des nouvelles en provenance de la région, dont les archives de l’Observatoire syrien, favorable à l’opposition, et le flux d’informations de Liveuamap, révèle qu’il n’y a pas eu d’attaques terrestres dans la région au cours des deux ou trois dernières semaines. Il n’y a pas non plus de rapports de bombardement aérien ou de frappes d’artillerie. Cette zone était tout à fait calme. Il n’y a pas non plus la moindre mention d’un grand mouvement de réfugiés dans cette région.
Ni la carte du BCAH ni le rapport de l’ONU n’expliquent comment, quand et pourquoi 164 000 à 171 000 personnes auraient été déplacées de quelques kilomètres vers le plateau du Golan occupé par Israël. Le mouvement de personnes déplacées dont parle le BCAH a peut-être eu lieu, mais en tout cas, il n’y a pas la moindre preuve qu’il se soit produit.
D’où viennent donc les allégations du BCAH ?
La ou les « Source(s) de données cartographiques » de la carte du BCAH sont indiquées en petits caractères difficilement lisibles :
Les chiffres de cette carte ont un nombre limité de sources, y compris en provenance de divers camps du conflit. Les chiffres n’ont pas fait l’objet d’une vérification indépendante et sont sujets à erreur ou omission, délibérée ou non, de la part des diverses sources.
Voilà l’explication de l’incroyable nombre de réfugiés que l’ONU diffuse. Ils sont fondés sur les revendications de l’État islamique, de la branche d’Al-Qaida Hay’at Tahrir al-Sham, de divers autres groupes sectaires « rebelles » et de leurs organes de propagande. Ces allégations n’ont pas du tout été vérifiées. Celui qui a fait cette carte ne s’est même pas demandé si les chiffres étaient vraisemblables ou crédibles. Alors qu’ils sont, de toute évidence, erronés.
C’est irresponsable de la part des porte-parole de l’ONU de prétendre qu’il y a un exode terrible de réfugiés en se basant sur des sources « rebelles » douteuses, et sans être capables de donner la moindre explication logique.
Jusqu’ici, il n’y a eu que des combats modérés au cours des deux semaines de la campagne de Daraa. La plupart des villes concernées se sont réconciliées avec l’armée syrienne sans se battre. Le flux réel récent de réfugiés dans l’ensemble du gouvernorat de Daraa est donc plus probablement de l’ordre de dix mille que de cent mille.
L’ONU doit cesser de diffuser des chiffres aussi alarmants qui, de toute évidence, ne sont appuyés sur rien de réel. Si elle continue, sa crédibilité et son efficacité à long terme en seront gravement compromises.
Traduction Dominique Muselet