Les présidents français et américain Emmanuel Macron et Donald Trump, qui se sont entretenus au téléphone mardi, ont souligné «la nécessité de travailler à une réponse commune en cas d’attaque chimique en Syrie», dont le chef de l’Etat français a fait une ligne rouge, a annoncé l’Elysée. Cette déclaration intervient alors que la tension va croissant entre les États-Unis et la Syrie. Dans la nuit de lundi à mardi, Washington a accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique similaire à celle attribuée au régime qui avait fait 88 morts le 4 avril dernier à Khan Sheikoun, dans la province d’Idleb. «Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d’une autre attaque chimique par le régime syrien d’Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris des enfants innocents», écrit le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, dans un communiqué.
L’avertissement américain a été motivé par une activité suspecte sur la base aérienne syrienne d’où était partie la précédente attaque, selon le Pentagone. Interrogé mardi midi sur le fait de savoir si la France disposait d’informations similaires, le quai d’Orsay n’a pas répondu. La France, qui mène des frappes aériennes en Syrie contre l’Etat islamique dans le cadre de la coalition internationale, avait déjà prévenu fin mai que toute utilisation d’armes chimiques «par qui que ce soit» en Syrie ferait l’objet de «représailles et d’une riposte immédiate». L’utilisation «d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule», a réaffirmé Emmanuel Macron la semaine dernière dans une interview à huit journaux européens, dont Le Figaro. «La France sera d’ailleurs à cet égard parfaitement alignée avec les États-Unis», a-t-il ajouté.
L’attaque de Khan Sheikoun avait provoqué une riposte militaire des États-Unis, qui avaient tiré 59 missiles contre une base aérienne en Syrie, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas. Si le président syrien lançait une autre attaque à l’arme chimique «lui et son armée paieraient le prix fort», a prévenu Sean Spicer.
«Toute nouvelle attaque lancée à l’encontre de la population syrienne sera attribuée à Assad, mais également à la Russie et à l’Iran qui l’ont aidé à tuer son propre peuple», a pour sa part prévenu, lundi soir, dans un tweet, Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU.
L’attaque chimique présumée du 4 avril à Khan Cheikhoun, dans la province rebelle d’Idleb (au nord-ouest du pays) avait fait 88 morts, dont 31 enfants, provoquant l’indignation de nombreuses capitales qui avaient mis en cause le régime de Bachar el-Assad. Ce raid était, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la deuxième «attaque chimique» la plus meurtrière depuis le début du conflit en 2011 après celle au gaz sarin qui avait fait plus de 1.400 morts dans la banlieue de Damas en 2013.
Damas et Moscou réfutent les accusations occidentales. Le président américain Donald Trump avait fait part de son émotion après l’attaque du 4 avril notamment en raison du nombre élevé d’enfants tués. Les États-Unis avaient riposté dans la nuit du 6 au 7 avril, en tirant 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d’Al-Chaayrate, près de Homs.
Un Sukhoï-22 abattu par l’US Navy
Sean Spicer a tenu a rappeler dans son communiqué lundi que l’objectif des États-Unis en Syrie est uniquement de lutter contre le groupe Etat islamique et pas de lancer une guerre contre le régime d’Assad. Les États-Unis sont officiellement présents en Syrie pour conseiller et pour armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre le groupe EI.
Mais cette mise en garde a lieu dans un contexte de poussée de fièvre entre le régime syrien et les forces soutenues par les États-Unis dans le pays, qui fait planer le spectre d’une confrontation militaire avec le régime de Damas. Les États-Unis ont ainsi abattu le 18 juin un avion syrien dans l’est de la Syrie, expliquant que l’appareil menaçait des FDS alliées de la coalition.
Et à trois reprises au moins depuis le début mai dans la région d’Al-Tanaf, près de la frontière avec l’Irak et la Jordanie, les forces américaines ont bombardé des forces pro-régime qui menaçaient des soldats de la coalition. Ces tensions ont par ricochet détérioré les relations avec la Russie, alliée du régime syrien, qui avait dénoncé comme un «acte d’agression» la destruction de l’avion syrien, reprochant à Washington de ne pas l’avoir prévenue.