Syrie : Moscou dénonce l’enquête de l’OIAC et expose le matériel récupéré aux rebelles à Douma
Les experts de l’OIAC ne se sont pas intéressés à un laboratoire rempli d’explosifs ainsi qu’à un entrepôt de produits chimique à Douma, accuse Moscou qui a présenté ces éléments dans une conférence de presse.
Le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères russes ont tenu une conférence de presse conjointe le 22 juin pour exposer une partie du matériel trouvé à Douma aux mains des rebelles syriens et faire le point sur l’enquête menée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), sur la présumée attaque chimique du 7 avril.
A cette occasion, le général Igor Kirillov a révélé qu’un laboratoire rempli d’explosifs ainsi qu’un entrepôt de produits chimiques avaient été découverts à Douma, et qu’ils étaient équipés en matériel provenant d’Europe et des Etats-Unis. Selon Igor Kirillov, les rebelles syriens utilisaient ces installations pour fabriquer des explosifs PETN et peut-être du gaz moutarde, des substances permettant d’en fabriquer ayant également été trouvées. Pourtant, ni le laboratoire, ni l’entrepôt que les Russes ont souhaité montrer aux enquêteurs de l’OIAC à leur arrivée n’ont «éveillé leur intérêt», selon Igor Kirillov.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova a précisé que la Russie était prête à présenter les preuves dont elle dispose à d’autres pays qui souhaiteraient y avoir accès. Au total, les militaires russes ont trouvé plus de 40 tonnes de substances chimiques dans les territoires repris aux terroristes.
Les Casques blancs responsables d’une «imitation» d’attaque à Khan Cheikhoun, selon Moscou
Le général a poursuivi son intervention en accusant les controversés Casques blancs d’être responsables d’une «imitation» d’attaque chimique à Khan Cheikhoun en avril 2017. Il a expliqué que le trou d’obus sur le site de l’attaque avait les caractéristiques d’une petite explosion au sol, et non d’une bombe lâchée par avion.
Igor Kirillov a précisé que du béton avait été coulé dans le trou avant que l’OIAC ne puisse enquêter et il a, en outre, fait référence aux images filmées dans les heures qui ont suivi l’incident, et qui montraient des gens sur le site de la présumée attaque ne portant pas d’équipement de protection. Ce qui aurait été impossible selon lui, si du gaz sarin avait été utilisé.
Moscou dénonce «l’approche non-professionnelle» de l’OIAC
Au delà de ces éléments, c’est «l’approche non-professionnelle» de l’OIAC dans ses enquêtes sur les incidents de Khan Cheikhoun, Sarabeq et al-Latiminah qu’a critiqué le général Igor Kirillov, rappelant que l’organisation avait produit ses rapports sans envoyer d’experts sur le terrain. Si Damas et Moscou ont demandé à de nombreuses reprises à l’OIAC d’envoyer ses experts sur le terrain, cette dernière a toujours refusé invoquant des raisons de sécurité.
Dès lors, il n’est pas surprenant que ses rapports soient criblés de mots tels que «prétendument» ou «apparemment», a noté le général pour qui un tel lexique est «inacceptable dans un document sérieux, censé reposer sur des preuves irréfutables».«La nature même d’une enquête à longue distance, ainsi que la collecte, l’analyse et l’utilisation de documents obtenus sans que les experts ne se rendent sur le site des prétendues attaques chimiques constituent une violation directe de la Convention [sur les armes chimiques]», a conclu le général Igor Kirillov.